(Québec) La controverse qui se déroule en France autour du port de la burqa dans l'espace public nous indique les pièges à éviter lorsque nos élus décideront d'aborder la délicate question de la laïcité au Québec. Méfions-nous des politiciens qui, pour séduire l'électorat, promettent de tout régler à coups de lois et d'interdits.
Plusieurs ont applaudi en juin lorsque le président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré que «la burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française». Enfin un politicien qui a du courage et qui ne craint pas d'afficher les valeurs de la majorité. Certains ont même cru que le brave président irait jusqu'à interdire le port de la burqa non pas seulement dans les services publics, mais dans les rues et les parcs.
Sept mois plus tard, force est d'admettre que le président s'est avancé beaucoup, mais que bien peu de choses risquent de changer dans les faits. Il y a eu bien sûr la mise sur pied de la Mission d'information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national français. Celle-ci a donné lieu à de vigoureux échanges et a abouti la semaine dernière à un volumineux rapport.
Or, dans ce rapport, l'interdiction absolue de la burqa et du niqab en public n'a pas été retenue. La majorité des membres de la mission ont dû se rendre à l'évidence et tenir compte de la mise en garde émise par la ministre de la Justice les prévenant qu'une loi qu'on n'est pas en mesure d'appliquer ne vaut rien.
Interdire par loi le voile intégral exposerait en effet la France à être désavouée par le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l'homme. La résolution solennelle prévue au Parlement risque donc d'apparaître bien diluée et bien inoffensive à ceux qui voulaient voir disparaître le voile intégral du paysage français. Elle enverra néanmoins un message sur les valeurs qui dominent en France. Ce qui n'est pas négligeable.
Précisons que nous éprouvons également un profond malaise devant ces femmes dont l'identité est altérée et niée par la burqa ou le niqab. Nous estimons cependant qu'interdire à ces femmes de circuler dans l'espace public équivaut à les isoler davantage et à les exposer encore plus au joug de leur religion et des hommes les traitant comme des êtres inférieurs.
Les politiciens sont souvent bien au fait des limites et des effets pervers d'une interdiction formelle. Ils jouent néanmoins cette carte pour plaire à des électeurs convaincus que les élus peuvent aisément imposer leurs vues à ceux qui ne partagent pas la même religion ou les mêmes valeurs qu'eux. Heureusement que ce n'est pas le cas.
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