Devant les médias, le Premier ministre britannique s'est livré à une démonstration de patriotisme européen, assurant qu'un Brexit déboucherait sur une ère d'isolationnisme et pourrait conduire à une véritable guerre généralisée.
Dans un discours considéré par les médias britannique comme l'un des plus chargés en émotions de ces derniers mois, David Cameron s'est exprimé à la télévision en évoquant l'image très symbolique de «ces rangées de pierres tombales blanches entretenues avec amour dans les cimetières de guerre du Commonwealth» comme preuve du «prix qu'a payé ce pays» pour assurer la paix sur le continent européen.
«Pas d'UE, pas de paix»
«Chaque fois que nous tournons le dos à l'Europe, tôt ou tard, nous le regrettons», a martelé David Cameron, ajoutant que «le Royaume-Uni et l'UE s'influençent mutuellement».
«Lorsque les choses vont mal en Europe, nous ne pouvons pas juste fuir et penser que nous pourrons être à l'abri des conséquences», a-t-il dit.
En réponse aux partisans du Brexit, David Cameron a déclaré que, tout au long de l'histoire, les affaires britanniques avaient été mêlées à celles de l'Europe «pour le meilleur comme pour le pire».
«Blenheim, Trafalgar, Waterloo. Voilà ce qu'est l'héroïsme de notre pays dans les grandes guerres», a solennellement proclamé David Cameron.
Le chef du gouvernement britannique a poursuivi en clamant haut et fort que l'UE était un facteur de paix et qu'un Brexit contribuerait à un accroissement de l'instabilité sur le continent européen et dans le monde.
«Peut-on vraiment être sûr que nous pourrons vivre en paix ?» a-t-il demandé à l'auditoire, avant de répondre : «Pour ma part, j'en doute vraiment.»
«Durant des décennies, l'Union européenne a contribué à réconcilier les pays en conflit. Il en est de l'intérêt national du Royaume-Uni de rester au sein d'une Europe unie pour éviter tout conflit futur entre pays européens», a-t-il déclaré.
Des propos «dignes d'une parodie»
Selon The Independent, suite aux déclarations du Premier ministre britannique, de nombreuses voix se sont élevées au sein du gouvernement, affirmant que David Cameron avait délibérément choisi de s'écarter du discours purement économique pour privilégier l'aspect culturel, historique, jouant sur la peur d'une troisième guerre mondiale, dans une ultime tentative de contrer un Brexit.
Par ailleurs, les propos de David Cameron n'ont guère plu au colonel Richard Kemp, ancien chef de l'armée chargé de l'antiterrorisme, qui a riposté le 10 mai en rappelant que les politiques de l'Union européennes étaient à l'origine des tensions avec la Russie, avaient entraîné une grave crise migratoire, une intimidation de la part d'une Turquie en voie de ré-islamisation, une fuite des communautés juives et d'autres dangers.
«L'UE n'a pas su empêcher un afflux massif de migrants qu'elle a elle-même provoqué et qui menace aujourd'hui de submerger de nombreuses villes européennes. La politique du logement est désatreuse, le bien-être et le moral des citoyens sont au plus bas, la santé et les services d'éducation sont compromis, alors qu'ils sont payés par le travail acharné des citoyens qui doivent subir les politiques européennes sans rien dire», s'est offusqué Richard Kemp dans une interview diffusée sur le site Breitbart.
Pendant ce temps, le «Non» a toujours ses fervents défenseurs
Dans le même temps, l'ex-maire de Londres, Boris Johnson, devait tenter de contredire les arguments du Premier ministre en se lançant dans une tournée en bus à travers le pays pour convaincre les britanniques de choisir la sortie de l'UE.
En mars, Boris Johnson avait assimilé le Brexit à l'évasion d'une «prison [dont] le geôlier aurait accidentellement laissé la porte ouverte». Les détenus «peuvent entrevoir les terres ensoleillées au loin, mais ils ont peur des dangers du grand large. Alors qu'en fait, ce serait magnifique et un gros poids en moins pour nos entreprises», avait-t-il prophétisé.
Il avait par ailleurs fustigé les propos du président américain Barack Obama qui s'était prononcé en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'UE dans un discours non dénué d'une pointe de menace.
Lors d'une conférence de presse avec David Cameron le 22 avril dernier, Barack Obama avait clairement indiqué qu'en cas de Brexit, le Royaume-Uni serait mis au bout de la file d'attente pour tout accord commercial avec les Etats-Unis.
«De la part de l'oncle Sam, c'est de l'hypocrisie scandaleuse», avait alors retorqué Boris Johnson.
Le référendum concernant le maintien ou la sortie du pays du bloc européen se tiendra au Royaume-Uni le 23 juin. En mars dernier, les sondages montraient que les Britanniques hésitaient fortement sur cette question, les partisans du Brexit et ses opposants étant à parts égales dans leurs intentions de vote et au moins 20% des électeurs se déclarent toujours indécis.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé