De qui se moque-t-on?

Comment un organisme censé défendre les intérêts des réalisateurs et réalisatrices et celui du cinéma documentaire peut-il donner le titre de membre honoraire à Paul Lapointe ?

Raison du refus:

De qui se moque-t-on? À la veille de l'ouverture des RIDM, je ne peux m'empêcher de crier ma stupéfaction et mon indignation. Depuis 1998, les RIDM assument avec succès leur mandat qui est d'offrir au cinéma documentaire une tribune. Des œuvres en provenance du monde entier y sont projetées et des conférences et ateliers de haute qualité s’y tiennent. Professionnels, publics et créateurs de toutes nationalités s'y rencontrent et échangent. Leur mission est de promouvoir la production québécoise en servant de vitrine à la production documentaire québécoise. Les RIDM sont connus à l’étranger et représentent notre cinéma documentaire. Tâche dont ils s'acquittent avec brio. Au Québec, le cinéma documentaire traverse une phase difficile. Le financement est de plus en plus limité et les exigences des nombreux intervenants (producteurs, institutions, entre autres) ont souvent force de dissuasion pour certains créateurs. De nombreux projets sont tués dans l'oeuf pour des raisons de goût par les détenteurs du « pouvoir » : analystes et producteurs. Cela est également vrai pour le cinéma de fiction. À titre d’exemple, dans son rapport sur J'ai tué ma mère de Xavier Dolan, l’analyste de Téléfilm écrivait « la minceur des personnages (ne laissait pas) espérer avoir des dialogues transcendants » et ajoutait « Malheureusement, la structure, les personnages, les dialogues et le traitement ne permettent pas de penser qu'on a entre les mains un scénario prêt à tourner ». Mais revenons à ce qui blesse : le pouvoir. La production d'un film est une énorme machine (trop) coûteuse. Qui dit argent dit pouvoir, qui dit pouvoir dit ego. Et c'est dans ce triangle que tout se joue et que les forces s'opposent. Heureusement, cela se passe souvent bien ou plus ou moins bien, mais parfois cela dérape. Le cinéma est un art et il est normal que des personnalités se démarquent par leur talent (des créateurs et des techniciens), leur soutien (certains représentants des institutions financières et certains producteurs). Ces personnes deviennent alors des figures phares, des modèles et il est juste de les récompenser par des prix ou des titres honorifiques. En parcourant la liste des membres honoraires des RDIM, j’aurais pu m’attendre à découvrir le nom de Jean Dansereau à côté de celui de Jean-Pierre Lefebvre ou de Richard Brouillette. Mais pas celui de Paul Lapointe. Mon indignation est d’abord celle d’une citoyenne, mais aussi celle d’une scénariste, assistante-réalisatrice et réalisatrice. J'ai eu la malchance de travailler à un projet documentaire dont Paul Lapointe est (fort heureusement) l'ex-producteur. La production de ce film Lynne Stewart - Une Histoire américaine, réalisé par Francis van den Heuvel se résume en deux mots « histoire d’horreur ». Il a fallu aller en cour pour que M. Lapointe abandonne le projet et que Jean-Pierre Lefebvre (réalisateur, producteur - Cinak) prenne la relève, il y a de cela quelques semaines, afin de le terminer. Comment est-il possible avec tous les aspects litigieux du dossier de Paul Lapointe dans ce projet, aujourd’hui connus de Radio-Canada, Téléfilm, la Sodec, le FMC, l'ARRQ, la Sartec, les RIDM, À Tout Prendre, l’AQTIS, etc. que Paul Lapointe occupe encore un poste de responsabilité à l’Observatoire du documentaire et soit nommé membre honoraire des RIDM ? Si je ne m’abuse membre honoraire est un titre honorifique en reconnaissance de la contribution d’une personne à une cause, une profession ou un domaine. Les RIDM tiennent-ils à récompenser Paul Lapointe qui, en tant que producteur : n’a pas versé une partie du salaire qu’il doit au réalisateur et refuse d’obtempérer au jugement de la Cour des petites créances, rendu le 3 septembre 2010, le sommant de verser ledit salaire plus les frais et intérêts; n’a pas payé les cotisations du producteur à la Sartec pour moi-même et le réalisateur (coscénariste), la Sartec a déposé des griefs à cet effet; a déclaré au réalisateur, avant l’audience à la Cour des petites créances le 18 août dernier, que jamais il lui remettrait les originaux. Sans compter que récemment, le réalisateur a découvert par hasard que des images inédites (65 sec.) de son film Lynne Stewart - Une Histoire américaine (tournées à New York) avaient été intégrées dans le film de Michel Noll (ICTV-Solferino - Paris) - Malcolm X et la naissance de l'Afro-Américanisme (2008). Téléfilm a été informée de cette situation. Je souligne également qu’aucun crédit mentionnant l’origine de ces images, n’est mentionné dans le générique de fin du film de Michel Noll… Toute cette histoire a déjà coûté 18 000 dollars à Francis van den Heuvel en frais d'avocat. Une autre affaire Robinson… Peut-être devrait-on envisager créer un fonds qui serait accessible aux réalisatrices et réalisateurs pris dans de telles situations et obligés de faire appel au système judiciaire pour simplement recevoir ce qui leur est dû. Comment un organisme censé défendre les intérêts des réalisateurs et réalisatrices et celui du cinéma documentaire peut-il donner le titre de membre honoraire à Paul Lapointe? Monsieur Lapointe est indigne éthiquement d'occuper la fonction qui est la sienne. Pour avoir été témoin et victime directement et indirectement du comportement et des nombreux dérapages de Paul Lapointe (abus de pouvoir, abus de confiance, autoritarisme, sabotage, violence psychologique), je ne peux que m’insurger haut et fort et demander : la démission de Paul Lapointe de l’Observatoire du documentaire et qu’on le supprime de la liste des membres honoraires des RIDM. Claude Jacqueline Herdhuin

Auteure, réalisatrice, scénariste



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1 commentaire

  • L'engagé Répondre

    5 novembre 2010

    C'est ce que j'appelle une magnifique leçon de vigilance.
    Merci ;)