AGROPUR

Débat sur la langue chez Ultima

Des syndiqués se plaignent de l’unilinguisme d’un vice-président de la coentreprise

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Comme s'il avait été impossible de dénicher un francophone compétent pour occuper le poste. Le PDG prend le monde pour des valises

La direction d’Agropur a tenté mercredi de désamorcer le climat de travail tendu à l’usine de Granby de sa coentreprise Aliments Ultima, attribuable en partie à l’unilinguisme d’un cadre.

Embauché il y a un an et demi, le vice-président aux opérations, Dan Jewell, est incapable d’utiliser la langue de Molière lorsque vient le temps de s’adresser aux employés de l’usine qui produit le yogourt Iögo, déplore le syndicat. Cette question s’est invitée à la conférence de presse suivant la 77e assemblée d’Agropur — qui se déroulait à huis clos — mais elle n’a pas semblé déranger la direction de la coopérative. « Agropur ou Ultima sont des entreprises de taille internationale, a dit son chef de la direction, Robert Coallier. On n’engage pas sur la base de la langue, mais selon la compétence. Quand on regarde notre croissance, je pense que l’on a fait de très bons choix en ce qui a trait au recrutement des individus. » Agropur et Agrifoods détiennent à parts égales Aliments Ultima, qui exploite également une usine en Colombie-Britannique, où l’on produit surtout du yogourt biologique.

Cette réponse a déçu le président du syndicat de l’entreprise, Martin Delage, qui se demande comment un fleuron québécois comme Agropur n’a pas été capable de s’assurer qu’une personne bilingue soit embauchée. Il a expliqué que l’arrivée de M. Jewell, qui a participé à une dizaine de rencontres avec les employés, a choqué plusieurs des 291 syndiqués de l’usine. « Les dossiers concernés sont importants, a dit M. Delage. Quand M. Jewell vient, c’est toujours pour parler de compressions. Les présentations sont en anglais. Il est accompagné du directeur de l’usine qui doit traduire. »

Le climat de travail est également affecté par les quelque 30 mises à pied prévues d’ici le mois de mai, ce qui s’ajoute au fait que sept vice-présidents ont quitté le navire depuis environ un an et demi. Sur ces questions, le chef de la direction d’Agropur a affirmé que beaucoup de gens avaient pris leur retraite chez Ultima, ajoutant que la coentreprise devait faire sa part dans l’effort visant à réduire les coûts. « Nous sommes contents de la performance, a dit M. Coallier. Trois ans après le lancement de Iögo, nous avons 13 % de parts de marché au Canada, 19 % au Québec en plus d’avoir atteint la rentabilité. »

Autre baisse des ristournes

Par ailleurs, la croissance qu’a connue Agropur au cours des dernières années a eu un prix, puisque pour une deuxième année consécutive, les ristournes ont chuté de façon significative. Ainsi, quelque 41 millions ont été versés aux 3367 membres, une baisse de 56 % par rapport à l’exercice précédent. En 2014, le recul avait été de l’ordre de 20 %. La direction de la coopérative a attribué cela aux importantes acquisitions réalisées depuis 2014 ainsi qu’à la hausse des charges d’amortissement.

Il n’a pas été possible de savoir si cet autre recul avait suscité de la grogne au sein des membres lors de l’assemblée, mais le président d’Agropur, Serge Riendeau, a assuré que ce n’était pas le cas. « Nos producteurs sont des gens d’affaires, a-t-il dit. Ils comprennent la situation, qu’il peut y avoir des impacts à court terme afin d’assurer de la pérennité. » Si Agropur compte accroître son empreinte aux États-Unis pour asseoir sa croissance, cela ne veut pas dire pour autant que les ristournes continueront à diminuer, croit M. Coallier.
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