L’identité québécoise est-elle soluble?

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«Une régression majeure du discours des libéraux sur la question nationale»






L’identité québécoise est-elle soluble dans l’identité canadienne? Selon la nouvelle politique d’«affirmation du Québec» de Philippe Couillard, la réponse est oui. Jamais cette politique n’affirme ouvertement une telle chose. C’est pourtant la vision réelle sur laquelle repose ce long document de 180 pages.




Québécois. Notre façon d’être Canadiens. À lui seul, son titre traduit une régression majeure du discours des libéraux sur la question nationale. La vision qui le sous-tend réduit l’identité québécoise à un sous-produit de l’identité canadienne.




Elle fait de cette dernière une condition essentielle à l’existence même d’une identité québécoise. Ce faisant, elle la dilue dans la grande marmite canadienne au point de la dissoudre. L’identité québécoise ne peut plus se penser que si elle est canadienne. Amorcé au PLQ sous Jean Charest, le reniement du nationalisme autonomiste des Robert Bourassa et Jean Lesage est aujourd’hui complété.




Nation déconstruite




En réduisant le Québec à une somme de Québécois dont l’identité profonde serait d’être «Canadiens», on déconstruit aussi le principe même d’une nation politique québécoise moderne et distincte. Cette vision privatise la communauté nationale québécoise et la sous-traite à son vrai patron: le Canada.




Le document a beau être truffé du mot «nation» avec un «N» majuscule, il n’en est pas moins vidé de toute signification concrète. Le mot «nation» y est un vocable de façade en forme de miroir aux alouettes. Alouette, je te plumerai...




On savait déjà que ce document ne propose qu’un vague «dialogue» à sens unique avec un Canada anglais qui ne veut rien savoir. On sait que, l’échec étant inévitable, il ne vise surtout pas à revendiquer la reconnaissance formelle du Québec dans la constitution canadienne de 1982.




On sait aussi que, face à la CAQ et au PQ, le premier objectif de cette politique de polarisation (wedge politics) est purement électoraliste. Voilà qu’on sait maintenant que, pour Philippe Couillard et son ministre Jean-Marc Fournier, la notion même d’une nation québécoise distincte, pleine et entière, y compris en tant que membre de la fédération, n’existe pas.




Reddition non dite




En cela, ces deux vrais «penseurs» du document Québécois. Notre façon d’être Canadiens, rejoignent Justin Trudeau. D’un point de vue fédéraliste-nationaliste québécois, c’est une reddition non dite.




Cohérente dans sa propre régression, la vision Couillard-Fournier propose également de remettre à la «société civile» l’évaluation même du besoin d’amender ou non la Constitution canadienne pour répondre aux demandes du Québec. En point de presse, Philippe Couillard en disait ceci: «ce ne sont pas les gouvernements qui mènent ces processus-là, ce sont les peuples qui disent on veut ça». Ah bon?




Dans ce cas-là, à quoi servent les élections? À quoi sert un gouvernement? À quoi sert un premier ministre du Québec s’il entend se placer à la remorque d’une «société civile» qu’il déifie soudainement pour mieux se délester de ses propres responsabilités? Cette position est non seulement navrante, elle est carrément antipolitique.



 




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