Soumettre l'art aux diktats moraux des extrémistes?

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« L’art soumis à l’approbation des censeurs. »

On le savait, les extrémistes qui ont forcé l’annulation de SLAV n’allaient pas s’arrêter là. Ils sont déjà à pied d’œuvre pour s’attaquer au prochain spectacle de Robert Lepage, Kanata.


D’ailleurs, en lisant le texte de Radio-Canada - ce haut-lieu de représentation médiatique des tenants des extrémistes de l’idéal diversitaire, cette doctrine à laquelle, il semble, toute production artistique devra se soumettre – on a tout de suite envie de corriger quelque chose :


« La controverse qui a forcé l'annulation du spectacle SLĀV pourrait prochainement toucher un autre projet du metteur en scène Robert Lepage. »


Ce n’est pas « la controverse » qui a forcé l’annulation du spectacle SLAV de Lepage mais bien le militantisme acharné d’un groupuscule minoritaire, extrémiste, qui entend imposer sa conception d’une idéologie très précise. Et cette annulation n’aurait été possible sans le concours d’une petite élite médiatique qui offre sa tribune à ces extrémistes pour légitimer cette posture idéologique qui ne trouve que très, très peu d’appui dans la population en général.


Imaginons que l’on fasse la même chose au nom d’une complaisance – tacite ou pas -  des revendications de groupes extrémistes identitaires... Heureusement, ici, il n’y a pas de complaisance possible.



Attaquer le fondement même de l’art...


Dans sa réponse aux groupuscules fanatisés, Robert Lepage a insisté sur un élément qui est à la base de ce qui devrait faire que l’art n’obéisse pas à la logique des extrémistes :


« À partir du moment où il ne nous est plus permis de nous glisser dans la peau de l’autre, où il nous est interdit de nous reconnaître dans l’autre, le théâtre s’en trouve dénaturé, empêché d’accomplir sa fonction première, et perd sa raison d’être. »


J’ajouterai ceci; si nous capitulons si facilement, si lâchement, devant les fanatiques qui ont réussi à faire annuler SLAV, c’est toute la production artistique qui se trouvera ensuite, d’office, soumise aux « interdits » imposés par les diktats moraux et idéologiques de quelques extrémistes.


Après SLAV, ce sera Kanata et ainsi de suite. L’art soumis à l’approbation des censeurs. De quelques censeurs qui imposent leur conception de la rectitude.


Vous avez peut-être entendu parler du rôle de transgenre que devait jouer l’actrice Scarlett Johanssen et de la « controverse » que cela a suscités, notamment, aux États-Unis auprès de certains militants LGBT. L’actrice a fini par se désister.


Ce à quoi certaines voix se sont élevées afin de dénoncer cette dictature des groupes extrémistes. Comme cette réaction de Claire Lehmann, la fondatrice du magazine Quillette :


« Tragédie des communs : le commun des mortels demeure silencieux, ou pire, s'excuse, face à aux revendications des extrémistes ... alors les revendications des extrémistes s'intensifient... »


Et ceci du philosophe australien Russell Blackford :


« Ce genre de « controverse » vient toujours d'un groupuscule de fanatiques qui se sont organisés afin de faire beaucoup de bruit. La bonne approche à leur égard est que vous ne devriez JAMAIS reculer. Tenez-leur tête, dites-leur d’aller se faire voir, et répondez-leur de façon véhémente en dénonçant leur fanatisme.»


Selon la logique de ces extrémistes d’ailleurs, un chef-d’œuvre comme Cry Freedom de Richard Attenborough n’aurait jamais vu le jour. Imaginez l’outrage, trois hommes blancs (le réalisateur Attenborough, le scénariste John Briley et le journaliste Donald Woods) qui proposent leur relecture artistique du combat contre l’apartheid de Stephen Bantu Biko en Afrique du Sud...


Et que dire de cet autre blanc, un certain Peter Gabriel, qui a osé en faire une chanson...


Je sais que j’entre ici en terrain glissant, mais je refuse de ne pas partager cette réflexion que je me fais au sujet de la relecture actuelle d’une icône de notre télévision québécoise, la série Passe-Partout.


Si la proposition des personnages reflète à peu de choses près la distribution originale, j’ai été étonné que l’on choisisse de changer complètement la représentation de Fardoche. Lequel sera joué par un noir.


Fardoche tenait le rôle de l’homme de la ferme, de la campagne, de l’habitant. Celui qui faisait entrer la réalité de l’habitant de la campagne dans la vie de ceux qui vivent en ville. Un des personnages phares de la série qui campe une figure emblématique de l’identité canadienne-française, « l’habitant ». Fardoche c’est la ceinture fléchée, c’est le conte de la ruralité, c’est la sensibilisation à la réalité de la campagne, c’est celui qui entonnera la chanson à répondre.


De tous les personnages que l’on a choisi de marquer par un changement de casting audacieux dans la distribution de la nouvelle série Passe-Partout, c’est celui de l’habitant. La nouvelle génération à qui l’on veut présenter l’iconique série aura donc une  représentation bien différente de ce personnage en particulier. Un choix de réalisation que personne n’a d’ailleurs remis en question.


Lancez-moi des roches tant que vous voulez, je revendique le droit de le faire remarquer (Widemir Normill est d’ailleurs un comédien exceptionnel). Et en passant, si cela vous dit, je vous invite à lire Gaston Miron et Pierre Vadeboncoeur, deux icônes de notre littérature qui ont réhabilité, en quelque sorte, le terme « fardoche », pourtant assez usuel dans la langue des habitants jadis...



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