La nouvelle équipe ministérielle de François Legault compte quelques surprises, mais s’inscrit dans la continuité. Pour attaquer ce second mandat, la recrue Bernard Drainville tiendra les rênes de l’Éducation, alors que Jean-François Roberge hérite des dossiers identitaires.
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«La priorité des priorités, c’est l’éducation», a lancé le premier ministre jeudi, avant de dévoiler son Conseil des ministres, composé en grande partie de vétérans. Un cabinet de trente ministres, dans la zone paritaire pour le ratio hommes-femmes.
Malgré tout, c’est deux nouveaux venus dans l’équipe caquiste qui piloteront le dossier prioritaire. François Legault a choisi l’ex-péquiste et ancien chroniqueur politique comme ministre de l’Éducation.
Bernard Drainville reconnaît avoir été dur envers les syndicats durant la pandémie. Il assure toutefois pouvoir collaborer avec eux dans ses nouvelles fonctions. « On va travailler tout le monde ensemble », assure-t-il.
« Le ministre ne peut pas tout régler tout seul en éducation. Il va falloir que tout le monde mette l’épaule à la roue, y mette du sien, puis les syndicats font partie de la solution », a-t-il déclaré, pour sa première mêlée de presse dans ses nouvelles fonctions.
Une autre élue issue du monde des médias, Pascal Déry, complètera l’équipe à titre de ministre de l’Enseignement supérieur.
Jean-François Roberge, qui a dirigé le ministère de l’Éducation durant les quatre dernières années, se retrouve avec plusieurs dossiers litigieux. Il aura désormais la responsabilité de freiner le déclin du français et s’occupera de la Laïcité. Comme Simon Jolin-Barrette avant lui, le député de Chambly est dans le camp des fervents nationalistes de la CAQ.
Mais ce n’est pas tout. Il hérite de la responsabilité des Institutions démocratiques, alors que péquistes, solidaires et conservateurs réclament une réforme du mode de scrutin après une élection marquée par une importante distorsion du vote.
Guilbault et Marchand
Comme le Journal l’a révélé jeudi matin, la vice-première ministre Geneviève Guilbault deviendra la porteuse de ballon du troisième lien en tant que responsable des Transports.
De gros défis attendent la députée de Louis-Hébert, à Québec comme à Montréal. Si elle ne sera plus officiellement responsable de la Capitale nationale, Geneviève Guilbault devra tout de même vendre son projet de tunnel sous-fluvial à quatre voies au maire Bruno Marchand, encore sceptique. Les deux protagonistes ont eu une relation plutôt houleuse jusqu’ici.
C’est Jonatan Julien qui sera désormais le ministre responsable de la Capitale nationale et des Infrastructures.
Geneviève Guilbault et François Bonnardel s’échangent leurs responsabilités puisque l’ex-ministre des Transports chapeautera dorénavant la Sécurité publique.
Immigration
Disqualifié de l’Immigration pour des propos controversés sur les nouveaux arrivants durant la campagne électorale, Jean Boulet ne quitte pas pour autant le cabinet Legault. Mais il conserve uniquement le ministère du Travail, un mandat qui sied bien à cet avocat spécialisé en droit du travail.
C’est la recrue Christine Fréchette qui hérite du délicat dossier de l’Immigration. Elle occupait jusqu’aux élections la direction générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal.
Ancienne cheffe de cabinet adjointe de Jean-François Lisée, elle avait claqué la porte en 2014 pour marquer son désaccord avec la charte des valeurs québécoises du Parti Québécois.
Écrire l'histoire
La première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale, Kateri Champagne Jourdain, écrit l’histoire une seconde fois en accédant au Saint des Saints à titre de ministre de l’Emploi.
Maïté Blanchette-Vézina, qui a ravi la circonscription de Rimouski au Parti québécois, obtient les Ressources naturelles.
Sur les banquettes arrières du gouvernement au cours des quatre dernières années, le député de Sainte-Rose, Christopher Skeete fait lui aussi son entrée au Conseil des ministres. Il sera délégué à l’Économie et responsable de la Lutte contre le racisme. C’est le seul de la cuvée 2018 qui a été promu.
L’ancienne analyste politique Martine Biron obtient les Relations internationales et la Francophonie, tandis qu’une autre recrue, Sonia Bélanger, sera responsables des Aînés. Une nouvelle venue, France-Élaine Duranceau, sera responsable de l'Habitation.
Mathieu Lacombe passe de la Famille à la Culture et s’occupera des dossiers Jeunesses. C’est Suzanne Roy, l’ancienne présidente de l’Union des municipalités du Québec, qui lui succède à la tête du ministère de la Famille. Chantale Rouleau est nommée ministre de la Solidarité sociale.
Les piliers restent en place
Mais les piliers de la CAQ restent en place : Christian Dubé à la Santé, Sonia Lebel au Trésor et Eric Girard aux Finances. Le grand argentier du gouvernement aura également une nouvelle responsabilité, celle des relations avec les Québécois d’expression anglaise.
Pierre Fitzgibbon obtient le super ministère qu’il désirait, qui combine l’Économie et l’Énergie. Il sera également responsable de la Métropole. Mais pour ménager les appréhensions de la présidente d’Hydro-Québec, un comité sur la transition énergétique est mis sur pied. Sophie Brochu y siègera.
Benoît Charrette conserve l’Environnement, qui vient désormais avec la Faune et les Parcs.
Simon Jolin-Barrette demeure ministre de la Justice et continuera son boulot de leader parlementaire du gouvernement en Chambre. Même chose pour Andrée Laforest, qui reste ministre des Affaires municipales, Lionel Carmant aux Services sociaux, André Lamontagne à l’Agriculture et Ian Lafrenière aux Relations avec les Première nations.
Les déçus
Mais la formation d’un Conseil des ministres engendre inévitablement des mécontents, à la fois chez ceux qui avaient patiemment attendus sur les banquettes arrières du Parlement au cours du dernier mandat, et ceux qui ont perdu leur limousine.
C’est le cas de Lucie Lecours et Pierre Dufour, qui redeviennent simples députés. L’ex-ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs avait eu maille à partir avec le dossier des caribous forestiers, qui sont en grave déclin.
«Ce qu'on a fait, c'est de s'assurer du bien-être de l'animal. On peut critiquer les enclos, mais, j'ai beau déposer une stratégie, si je ne protège pas les bêtes et qu'on laisse le terrain comme il est là, la bête va être morte avant que la stratégie puisse avoir un effet positif», s’est-il défendu jeudi, assis cette fois-ci dans l’assistance.
-Avec la collaboration de Patrick Bellerose
LE CONSEIL DES MINISTRES DU GOUVERNEMENT LEGAULT
- François Legault, premier ministre
- Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre des Transports
- Eric Girard, ministre des Finances et ministre responsable des Relations avec les Québécois d'expression anglaise
- Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de l'Administration gouvernementale
- Christian Dubé, ministre de la Santé
- Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie ainsi que ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole
- Christine Fréchette, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
- Bernard Drainville, ministre de l'Éducation et ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches
- Pascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur
- Benoit Charette, ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région des Laurentides
- Kateri Champagne Jourdain, ministre de l'Emploi et ministre responsable de la Côte-Nord
- Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice et leader parlementaire
- Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et ministre responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean
- Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications, ministre de la Jeunesse et ministre responsable des régions de l'Outaouais et de l'Abitibi-Témiscamingue
- Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre de la Condition féminine
- Jean-François Roberge, ministre de la Langue française, ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, ministre responsable des Institutions démocratiques, ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Protection des renseignements personnels et ministre responsable de la Laïcité
- Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air
- Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux
- Caroline Proulx, ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de Lanaudière
- André Lamontagne, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et ministre responsable de la région du Centre-du-Québec
- Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé et aux Aînés
- Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits
- François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de l'Estrie
- Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire
- Suzanne Roy, ministre de la Famille et ministre responsable de la Montérégie
- Jean Boulet, ministre du Travail et ministre responsable des régions de la Mauricie et du Nord-du-Québec
- France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l'Habitation
- Jonatan Julien, ministre responsable des Infrastructures et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale
- Éric Caire, ministre de la Cybersécurité et du Numérique
- Maïté Blanchette Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts ainsi que ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et de la région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
- Christopher Skeete, ministre délégué à l'Économie, ministre responsable de la Lutte contre le racisme et ministre responsable de la région de Laval
- Éric Lefebvre, whip en chef du gouvernement
- Mario Laframboise, président du caucus du gouvernement
– Avec Gabriel Côté, Agence QMI