AFGHANISTAN

Des documents confidentiels qui laissent apparaître horreur et confusion

Le site WikiLeaks a transmis à trois grands journaux des milliers de rapports militaires classés secret défense sur la guerre en Afghanistan. Ils révèlent une série de bavures des forces de l'OTAN et de vraisemblables collusions entre les talibans et les services secrets pakistanais.

Géopolitique — État-nation c. oligarchie mondialiste


Le site WikiLeaks a transmis à trois grands journaux des milliers de rapports militaires classés secret défense sur la guerre en Afghanistan. Ils révèlent une série de bavures des forces de l'OTAN et de vraisemblables collusions entre les talibans et les services secrets pakistanais.
Un étrange brouillard recouvre la guerre en Afghanistan. Quand le brouillard se lève, comme c'est le cas aujourd'hui avec la publication de documents militaires secrets, le paysage apparaît bien différent de celui qu'on nous présente habituellement. Ces rapports militaires - rédigés sur place - nous montrent un conflit brutal, brouillon, confus et sans concession. Le contraste est saisissant avec cette guerre dite "publique", soigneusement ordonnée et aseptisée, qu'on nous laisse entrevoir par le biais de communiqués officiels ou de reportages aux moyens forcément limités.
Entre janvier 2004 et décembre 2009, 92 000 rapports de mission ont été rédigés en Afghanistan. Ces documents ont été transmis à Wikileaks, un site américain qui publie en ligne des documents officiels non autorisés au public. En collaboration avec The New York Times et Der Spiegel, The Guardian a passé des semaines à éplucher cette montagne de données, faisant progressivement apparaître la trame secrète et terrible de cette tragédie humaine au cœur d'une guerre souvent menée en dépit du bon sens. Il faut prendre ce matériel pour ce qu'il est : l'inventaire d'un conflit moderne. L'origine de certains des plus épouvantables rapports des services secrets est parfois douteuse, tout comme certains rapports de la coalition sur le nombre de civils tués. La somme de ces carnets de guerre - classés secret défense - a beau être phénoménale, elle n'en demeure pas moins incomplète. Nous avons supprimé toute information susceptible de menacer la sécurité des soldats, des informateurs locaux et des collaborateurs extérieurs.
Cet avertissement pris en compte, la vue d'ensemble de ce conflit a de quoi mettre mal à l'aise. On y apprend l'existence de près de 150 incidents impliquant des forces de la coalition, y compris des soldats britanniques, ayant fait des morts ou des blessés parmi les civils, dont nous n'avions jamais entendu parler ou presque ; de centaines d'accrochages frontaliers entre soldats afghans et pakistanais, deux armées censées pourtant être alliées ; d'unités de forces spéciales chargées de tuer des talibans et des membres d'Al-Qaida ; du massacre des populations soumises à l'amateurisme des engins explosifs talibans ; et aussi d'un grand nombre d'accidents où des soldats de la coalition ont tiré par mégarde sur d'autres soldats de la coalition ou sur des soldats afghans.
En lisant ces carnets, on a l'impression que la vie humaine ne vaut pas bien cher, surtout celle des innocents. Un bus qui ne ralentit pas au passage d'une patrouille à pied est criblé de balles, quatre passagers sont tués et onze blessés. Une unité des forces spéciales lancée à la poursuite d'un combattant étranger se retrouve avec sept enfants morts sur les bras sans en être vraiment émue. Un rapport classé NOFORN (pour "not for foreign elements", interdit aux éléments étrangers à la coalition) précise que leur priorité était surtout de dissimuler leur armement.


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