SALVADOR | INTERPOL

Deux Québécois recherchés par Interpol

Les hommes d’affaires sont accusés au Salvador, mais affirment être les victimes d’un partenaire corrompu

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Le risque de mal choisir ses partenaires d'affaires

Deux hommes d’affaires québécois ont eu la mauvaise surprise de se retrouver parmi la liste mondiale des suspects recherchés d’Interpol, à la demande du Salvador. Ce pays veut leur faire subir un procès pour «détournement» et «rétention abusive» de propriété, en marge d’un conflit commercial rocambolesque dans l’industrie des déchets, a appris le Bureau d’enquête.
Les «notices rouges» du réseau international de coopération policière concernent Matteo Pasquale et Franco Pacetti, le frère du député fédéral libéral Massimo Pacetti. Le Journal les a rencontrés au cabinet de leur avocat, à Ottawa.
Éviter l’extradition
Leur procès, largement médiatisé au Salvador, se déroule en marge d’une guerre à finir avec un partenaire local au passé trouble. Une querelle où s’entremêlent dépotoirs, paradis fiscaux, menaces et accusations de fraude de part et d’autre. Avec règlements de comptes par journaux interposés.
La société d’investissement de Matteo Pasquale, Investissements Anton, a embauché un lobbyiste au Canada pour lui éviter l’extradition, à lui et Franco Pacetti.
Ils veulent leur argent
L’auteur de la plainte criminelle est leur partenaire au Salvador, Enrique Rais. Surnommé «le seigneur des ordures» en Amérique centrale, cet homme d’affaires a eu plusieurs démêlées avec les autorités pour des histoires de corruption.
En juin 2013, il a accusé les deux beaux-frères de lui avoir ravi la propriété de la société MIDES par «extorsion», «détournement» et «rétention abusive» de propriété, selon les chefs d’accusation. L’entreprise exploite un grand site d’enfouissement au Salvador.
«En première instance, une juge a rejeté les accusations, sans même juger nécessaire de prendre notre version des faits», souligne leur avocat, Me Guy Pinsonnault.
Mais un juge d’appel a ordonné l’arrestation de Matteo Pasquale et Franco Pacetti et l’émission de la notice rouge sur Interpol.
Les deux Québécois assurent qu’ils ne veulent qu’obtenir leur dû.
En 2004, Matteo Pasquale a vendu à Enrique Rais la compagnie Tradesal, de la Barbade, qui détient 90% des actions de MIDES.
Mais l’homme d’affaires n’a jamais fini de rembourser Matteo Pasquale, assure Franco Pacetti, son associé.
«En 2013, il devait encore 3,9 M$», dit-il, documents juricomptables en mains.
Or, une clause du contrat permet à Matteo Pasquale de reprendre les actions de Tradesal si Enrique Rais ne le rembourse pas à temps.
Menaces de mort
Les deux Québécois ont déclenché ces procédures en août 2013. Sur papier, une société de Matteo Pasquale enregistrée à la Barbade a donc repris unilatéralement le contrôle de Tradesal, également incorporée à la Barbade.
De son côté, Enrique Rais jure qu’il ne devait plus un cent à Matteo Pasquale, et que cette opération est illégale. Lui aussi a déposé en cour des documents juricomptables pour le prouver.
D’où sa plainte pour détournement et rétention abusive de propriété.
Le conflit a mené à une véritable guerre judiciaire et médiatique au Salvador.
Les premiers avocats de Matteo Pasquale et Franco Pacetti ont même invoqué des menaces de mort pour se retirer du dossier. Selon des documents judiciaires salvadoriens, ils n’ont cependant déposé aucune plainte criminelle à ce sujet.
L’an dernier, le clan Pasquale-Pacetti a porté plainte pour détournement de fonds contre Enrique Rais, mais le procureur n’y a pas donné suite.
Les deux camps se sont aussi payé de pleines pages dans les journaux salvadoriens pour s’accuser l’un l’autre de fraude, d’intimidation et de corruption.
Signée par Matteo Pasquale, une page achetée dans La Prensa Gráfica dénonce même «l’infiltration de quelques personnages qui achètent les volontés au bénéfice de ses intérêts» au sein du système judiciaire au Salvador.


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