Le Parti québécois promet de bloquer l'étude du projet de loi 59 interdisant le discours haineux et demande au gouvernement de le retirer.
«La bataille que nous engageons est sérieuse. On est sur les fondements de la démocratie, c'est la liberté d'expression (...) nous faisons une obstruction intelligente», a assuré mardi la députée péquiste Agnès Maltais, à l'occasion d'un point de presse, à l'Assemblée nationale.
Selon Mme Maltais, le projet de loi 59 posera un frein à la liberté d'expression en plus de créer «un régime de police de la pensée (...) L'autocensure existe déjà», a soutenu Mme Maltais, donnant l'exemple du retrait d'un numéro d'humour au Gala Les Olivier le week-end dernier.
«Ce projet de loi (...) permet à toute personne ou organisme, même s'il n'est pas visé directement par le discours, de porter plainte à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPJ) pour qu'elle impose des amendes sévères», a soutenu la députée de Taschereau.
À son avis, le Code criminel offre déjà les protections nécessaires devant les discours haineux. «Le véritable danger actuellement au Québec, c'est la radicalisation de nos jeunes qui s'en vont combattre en Syrie.»
Déposé au printemps 2015, le projet de loi est paralysé à l'étape de l'étude article par article au Parlement. Les députés n'ont pas dépassé l'article 2 sur 43, a précisé la députée.
Une humoriste qui choisit de présenter un numéro «dérangeant» pourrait faire l'objet d'une plainte anonyme de même que le tenancier de la salle de spectacle où il se produit. Un climat d'autocensure s'imposera, craint la députée. «Le Parti libéral nous propose un régime de police de la pensée.»
La ministre de la Justice Stéphanie Vallée, porteuse du projet de loi 59, refuse de s'alarmer et se dit «très patiente». Mme Vallée a répété qu'elle n'entend pas forcer l'adoption du projet de loi 59 en ayant recours en bâillon. «Parce qu'on parle de la liberté d'expression», a-t-elle précisé.
Mme Vallée a indiqué qu'elle n'entend pas retirer le projet de loi dont l'objectif est de défendre les groupes vulnérables. «On a déposé une série d'amendements. Arrêtons de faire dire au projet de loi ce qu'il ne dit pas. Il n'interdit pas la satire ni la critique; rire d'une religion, ce n'est pas du discours haineux», a plaidé la ministre.
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