Drainville garde le cap sur la Charte en dépit des dissensions

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Surtout ne pas lâcher le bon bout

Invité par deux anciens premiers ministres à assouplir la Charte des valeurs québécoises, le ministre Bernard Drainville reste ferme : la neutralité religieuse de l’État n’est pas négociable, a-t-il affirmé en entrevue au Devoir.

Le gouvernement Marois « prend acte » des suggestions de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard, qui ont réclamé cette semaine un compromis sur le port de signes religieux par les employés de l’État. Le gouvernement « peut frapper un coup de circuit » en limitant l’interdiction des signes religieux aux seuls employés ayant un pouvoir de contrainte, comme les juges, les policiers, les gardiens de prison ou les procureurs, a fait valoir Lucien Bouchard en entrevue à La Presse.

En adoptant cette recommandation issue du rapport Bouchard-Taylor, qui fait l’objet d’un consensus, le gouvernement éviterait un psychodrame qui déchire le Québec, a souligné de son côté Jacques Parizeau.

« On prend acte de leurs suggestions. On a beaucoup de considération pour les propos de M. Parizeau et M. Bouchard, mais le moment n’est pas venu de retrancher quoi que ce soit au projet que nous avons déposé », a réagi le ministre Drainville en entrevue au téléphone.

Recherche de consensus

« Mon état d’esprit, c’est d’obtenir le plus large consensus possible, mais pas au prix de vider le projet de son contenu, a-t-il ajouté. La position du rapport Bouchard-Taylor n’est pas suffisante. On ne peut pas limiter le port de signes religieux au seul personnel qui a un pouvoir de contrainte. »

Le ministre responsable des Institutions démocratiques tient à l’interdiction des signes religieux pour les enseignants et les éducatrices en garderie, notamment. Pas question de céder sur ces employés de l’État qui sont en « position d’autorité auprès des enfants », dit-il.

M. Drainville a insisté sur le caractère temporaire du droit de retrait accordé à certains organismes, notamment les municipalités et les hôpitaux. « Le droit de retrait est une clause de transition. Ça vise à donner du temps aux institutions pour faire la transition vers la neutralité religieuse. Ce n’est pas conçu pour exclure automatiquement une institution de la Charte des valeurs. »

De son côté, la première ministre Pauline Marois n’est pas sourde à l’appel de ses prédécesseurs Jacques Parizeau et Lucien Bouchard de limiter l’interdiction de porter des signes religieux uniquement à ceux qui exercent des fonctions coercitives de l’État. « C’est intéressant ce que soulève M. Bouchard », a-t-elle fait valoir lors d’un point de presse.

La chef du gouvernement ne s’offusque pas de l’incursion de M. Parizeau et de M. Bouchard dans le débat suscité par la Charte des valeurs québécoises. « J’apprécie aussi le ton qu’ils ont pris pour donner leur point de vue. Je crois qu’il est très respectueux du débat qui se tient maintenant »,a-t-elle affirmé en marge d’une annonce dans les locaux de l’entreprise Jeux Warner Bros. Montréal.

Le projet de loi à venir reflétera les consensus se dessinant autour de la proposition de Charte de son équipe, a souligné Mme Marois. « Il y a évidemment ces prises de position [celles de M. Parizeau et de M. Bouchard]. Vous savez aussi qu’il y a de nombreux citoyens qui se sont exprimés par la voie d’Internet et du téléphone et tout le reste. Nous sommes à faire tout le cumul de ces avis. Et nous reviendrons dans quelque temps pour déposer le projet [de loi] et toutes ses composantes », a-t-elle indiqué.


Avec Marco Bélair-Cirino


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