École privée et École publique!

Tribune libre - 2007


Alors que l’école privée lance, aujourd’hui 15 septembre, sa publicité par l’envoi d’une revue appelée, «Le Privé», École ....Logique», il nous apparaissait indispensable, sinon logique, que notre population puisse comparer cette école subventionnée, et réservée à une certaine clientèle, et l’école publique et son engagement social dans notre société.
Cette petite analyse se veut un outil de réflexion pour nos concitoyens, et ne veut en aucun cas souhaiter la disparition de l’école privée.
Au contraire, nous croyons à une saine concurrence entre les deux formes d’enseignement qui ne peut que «bénéficier» à l’ensemble de nos concitoyens, et au Québec, qui pourra ainsi profiter de citoyens répondant davantage aux besoins de notre société et du monde dans lequel ils seront appelés à évoluer!
Ceci dit, on conviendra que si nous voulons, et souhaitons comparer ces deux groupes scolaires, on devrait accorder à l’un, ce que nous accordons à l’autre, ce qui n’est pas précisément le cas aujourd’hui, puisque l’école publique doit répondre à un engagement social public par les objectifs qu’on lui a fixés,alors que l’école privée,jouissant de moyens pécuniaires supérieurs, n’a qu’à répondre aux besoins de sa clientèle choisie, par différents moyens faut-il le souligner, dont le choix des élèves n’est pas le moindre!
Il faudrait donc que notre gouvernement trouve le moyen de répondre aux besoins du secteur public, s’il veut répondre à l’ensemble des besoins de ses concitoyens.
Il ne peut demeurer insensible aux besoins de ceux qui ne peuvent se payer l’école privée, une clientèle qui devrait pourtant jouir des «mêmes chances» de réussite dans la vie que les plus riches de notre société.
S’il le faut, il devra modifier ses lois et ses règlements, afin qu’ils répondent à toutes les clientèles dont l’école publique doit assumer «les formations».
Lorsque ces gestes seront posés, on pourra se permettre de comparer les succès du système scolaire privé, avec le système scolaire public, le seul qui doit, par les objectifs qu’on lui a fixés, répondre à l’ensemble des besoins de notre société.
Je ne doute pas que le système public pourra, dès lors, se comparer «très» avantageusement avec le système public réservé à une seule clientèle.
Jacques Bergeron, le 15 septembre 2007
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«L’école publique et l’engagement social de notre société»?
Depuis plusieurs années, un certain magazine vient faire part à la population de son classement des écoles secondaires, privées et publiques.
Comme par hasard, ce classement des écoles secondaires ou ce bulletin décrivant l’excellence des écoles privées «arrive» toujours à une date/période où les parents doivent faire le choix entre le secteur public et les écoles privées.
Disons que le hasard fait bien les choses, mais surtout pour le monde des écoles privées, alors que l’on inonde les chaînes de radio et de télévision et les journaux de nouvelles qui n’en finissent plus de vanter les résultats des écoles privées, et par ricochet, ceux de ses élèves, ce qui est de bonne guerre dans un système capitaliste qui n’en n’a que pour le néo-libéralisme !
Où se trouve la vérité?
Lorsque nous analysons les résultats de ces écoles et de leurs élèves, force est de constater qu’on véhicule une forme de vérité que des gens avertis peuvent certainement apprécier à leur juste valeur.
Afin que nous soyons toutes et tous sur la même longueur d’onde, on doit savoir que l’école privée, que nous vante le bulletin d’excellence publié par celles et ceux qui ont intérêt à promouvoir ce secteur, n’est pas tenu par les mêmes obligations que le secteur public.
Alors que le secteur public doit recevoir, par sa vocation et par sa mission sociale, tous les élèves qui se présentent chez lui, les écoles privées peuvent se permettre de choisir les élèves qu’elles veulent recevoir et aucun autre, dans un modèle de formation générale, et peut-être, de formation globale de l’individu? Et on se permet de faire ce choix à partir d’un examen d’admission que les parents doivent payer afin que leurs rejetons puissent le passer ou le subir, alors que cet état de fait est interdit au secteur public.
Pendant que le secteur privé se gave des élèves qu’il veut bien recevoir, le secteur public est tenu d’accepter celles et ceux qui se présentent chez lui, comme : a) les enfants en difficulté d’apprentissage, b) ceux en difficulté d’adaptation, c) ceux qui se dirigent vers le secteur professionnel, d) sans oublier les enfants de parents immigrants fraîchement arrivés au Québec, enfants qui ne parlent pas ou peu notre langue.
Bien sûr, l’école publique peut aussi recevoir tous les enfants désireux de recevoir l’instruction gratuite!
Mais ce nombre diminue de plus en plus devant le dynamisme et «l’agressivité»de l’école privée qui n’a pas à répondre aux mêmes critères que l’école publique au point de vue social.
Son seul critère est de faire réussir ses élèves, ce qui est assez facile, lorsqu’on possède les outils nous permettant de choisir les meilleurs élèves qui veulent se joindre à notre école et que l’on peut exclure de l’école tout enfant qui ne convient pas à ses normes et à ses objectifs globaux.
Dans ce sens, l’école privée jouit d’une autre liberté dont l’école publique est privée. Peut-on, dès lors, affirmer que le système privé et le système public sont sur le même pied?
École publique et engagement social!
Nous devons donc retenir que l’école publique ne jouit pas des mêmes avantages que l’école privée. Alors que l’école privée n’a pas à se préoccuper de l’engagement social de l’école publique, cette dernière doit en tenir compte dans sa démarche en s’assurant que tous et toutes recevront une formation devant leur permettre d’évoluer harmonieusement dans le monde dans lequel ils et elles vivent. Ses coûts sont d’autant plus élevés, qu’elle doit se doter de professeurs et de spécialistes pouvant répondre aux besoins de ses différentes populations. Disons qu’à partir de ces données, et de nombreuses autres que les commissions scolaires peuvent fournir, les deux systèmes ne luttent pas à armes égales, le système privé ayant tous les moyens «pécuniaires» et «arbitraires» qui lui sont nécessaires et qui assurent son succès, alors que le système public peut difficilement respecter les budgets qui sont siens. Alors que le système privé peut se permettre d’encadrer ses élèves et de les accompagner dans leur démarche scolaire en imposant toutes les contraintes nécessaires au bon déroulement de son enseignement, le système public est tenu par des obligations de tous ordres, la gratuité scolaire n’étant pas la moindre de ses obligations.
Comment peut-on alors oser comparer ces deux systèmes, puisque le secteur privé jouit de moyens que ne peut que lui envier le secteur public?
Faux débat!
Peut-on parler du succès des écoles privées sans remords, comme le fait si facilement le magazine qui en fait l’éloge sous le couvert de son classement des écoles secondaires, que l’on devrait plutôt appelé, son «bulletin d’excellence» décerné à l‘école privée dont il a fait son choix? Si j’étais dirigeant de cet outil de communication, je voudrais avoir aussi l’honnêteté de donner l’heure juste à mes concitoyens et à mes concitoyennes. Disons que ce n’est pas ce que font ces gens, ce qui est ce qu’il y a de plus déplorable dans leur démarche. Pourtant il serait important qu’ils écrivent que l’école publique ne peut pas répondre aux attentes des adeptes de l’école privée dans la mesure où les deux systèmes ne jouissent pas des mêmes moyens de financement et des mêmes obligations, devons- nous le redire?
Comment réagir devant cet état de fait?
Devant ces faits on peut laisser aller les choses en se disant qu’on ne peut rien faire de plus que ne le fait l’école publique actuellement, avec les moyens qu’elle possède. On peut aussi se dire qu’on ne peut continuer à laisser nos meilleurs élèves, ou ceux qui désirent le plus s’instruire,(par parents interposés) enrichir le secteur privé et appauvrir les parents qui doivent payer des frais de scolarité pour leurs enfants. Dans ce cas, chez tous les intervenants de l’école publique, on doit vouloir répondre aux besoins d’une population recherchant pour ses enfants les moyens les meilleurs, leur permettant ultérieurement d’évoluer dans notre société avec toutes les chances de succès. Si pour cette clientèle, l’école privée est la réponse qu’elle recherche, il faut que l’école publique trouve les moyens de répondre à ses besoins et à ses aspirations, à partir de ceux que la loi lui accorde.
Dans ce sens, l’école publique a le «devoir d’agir» en tentant de trouver les moyens économiques, pédagogiques et organisationnels lui permettant de répondre aux besoins de cette clientèle qui lui échappe, tout en continuant à répondre aux besoins de ses différentes clientèles.
Tout en étant préoccupés par cette clientèle, les dirigeants de l’école publique se doivent d’agir rapidement afin d’éviter de perdre ses enseignantes et ses enseignants qui ne tarderont pas à joindre les rangs des écoles privées si leurs élèves les plus brillants les quittent pour le secteur privé.
L’intérêt de l’école publique est en jeu. Les dirigeants de la chose scolaire publique et ceux des syndicats des professeurs et des employés des commissions scolaires se doivent d’en saisir toute l’importance, puisqu’en plus de l’intérêt de leur clientèle étudiante, celui de leurs professeurs, l’avenir de leurs syndicats et celui de leurs membres sont en jeu!
Créer un système d’écoles privées, dans l’école publique!
Comment réagir afin que l’école publique «retrouve son lustre d’antan» dans l’esprit des Québécoises et des Québécois. Qu’elle soit le lieu où nous voulons voir nos enfants réussir, ce à quoi sait répondre l’école privée, devrait être le vrai objectif recherché par tous les intervenants de l’espace scolaire publique, parents, dirigeants scolaires et syndicats? Retenons pour notre démarche ce que les parents recherchent pour leurs enfants, ou ce que nous pouvons identifier comme étant les critères recherchés par eux; à savoir : 1) un encadrement pédagogique, 2) un encadrement psychologique, 3) un environnement physique sécuritaire, 4) des «maîtres» qui sont autant d’exemples pour leurs enfants, et non seulement des enseignants ayant une tâche à accomplir, des critères qui, selon ces parents, sont autant de motifs permettant à leurs enfants de réussir leurs études générales afin d’être mieux préparer à passer la prochaine étape, soit leur vie professionnelle, celle qui leur permettra une intégration à la société dans laquelle ses enfants évolueront.
Autres critères?
On pourrait peut-être, et probablement, identifier d’autres critères qui font que les parents inscrivent, ou veulent inscrire, leurs enfants à l’école privée. Il nous semble que ceux-ci sont fort suffisants pour nous permettre une analyse des motifs qui poussent les parents vers l’école privée, tout en retenant que l’école publique doit répondre aux objectifs qu’on lui a fixés.
L’école publique peut-elle modifier son organisation scolaire?
Bien sûr, l’école publique se doit de répondre aux clientèles identifiées au début de ce texte.
Doit-elle le faire à partir de l’organisation scolaire que nous connaissons, où peut-elle le faire à partir d’un nouvel organigramme qui tiendra compte de ses différentes clientèles, sans pour autant rester figée dans le présent système scolaire, rejeté par une grande partie de sa clientèle?
Reconnaissons, de nouveau, qu’elle doit assurer la formation d’étudiants en difficulté d’apprentissage, de ceux qui s’engagent dans une formation professionnelle, formation qu’elle est tenue d’offrir depuis le rapport Parent au milieu des années 70, et de la clientèle à qui elle offre une formation générale et globale. Nous ne devrions pas oublier qu’en plus de répondre aux besoins de ses clientèles, l’école publique répond à d’autres besoins, comme les formations en musique ou en arts, que l’école privée n’est pas tenue d’offrir, et qu’elle n’offre probablement pas? Retenons, pour les fins de cette analyse, que jusqu’à la remise du rapport Parent, existaient un système d’écoles d’Arts et métiers et un système d’écoles Techniques, deux systèmes autonomes que l’on retrouve dans les commissions scolaires pour ce qui touche les métiers, et dans les Collèges d’enseignement général et professionnel pour la plupart des techniques.
Depuis peu d’années, on a vu réapparaître des écoles spécialisées sous la direction des commissions scolaires,comme l’école des Faubourgs,l, l’École des métiers de l’Automobile, l’École des métiers de la construction , l’école du «24 Juin» à Sherbrooke,et d’autres au niveau secondaire, donc sous la direction des commissions scolaires. Plusieurs métiers, ou professions techniques ont retrouvé le chemin des Collèges spécialisés publics et privés, comme ceux que nous trouvons dans certaines écoles de mode.
Se donner des écoles répondant aux besoins de sa clientèle!
À partir de ces différents éléments, est-ce que l’école publique doit demeurer figée et attendre que l’école privée attire tous ses élèves chez elle, en lui laissant les obligations sociales qu’un système d’éducation devrait offrir?
Est-ce que l’école publique a le droit de prendre les moyens nécessaires à son développement et à celui de la société dans laquelle elle évolue?
A-t-elle le droit de se donner des structures qui font le succès de l’école privée, sans pour autant être tenue d’exiger les frais scolaires demandés aux parents de ce système?
Est-ce que cette école peut, et a le droit de créer un système séparé répondant aux besoins de la clientèle qui inscrit ses enfants à l’école privée?
Pour de nombreuses personnes, l’école publique a le droit de faire ce que le système privé fait. Dans ce sens, nous préconisons que nos commissions scolaires, en relation étroite avec les parents, leurs syndicats de Professeurs et de leurs autres employés, oeuvrent à la mise sur pied d’écoles de formation générale avec différentes options à l’intérieur de l’École publique à partir des mêmes critères que ceux de l’école privée sans être tenue d’exiger des frais de scolarité des parents.
Les dirigeants des commissions scolaires doivent agir!
Les dirigeants des commissions scolaires du Québec ont le devoir d’agir en fonction des exigences de la société dans laquelle elles oeuvrent. Ils n’ont pas le droit de laisser l’espace scolaire au secteur de l’enseignement privé. Ils ont les moyens de déterminer que l’école publique est, et «sera l’école de l’excellence» que les Québécoises et les Québécois recherchent pour leurs enfants! Pour peu que ses dirigeants fassent preuve d’audace, l’école publique sera celle dans laquelle on voudra voir ses enfants fréquenter et réussir»! Faut-il pour se faire, qu’elle jouisse des mêmes avantages que l’école privée! Les administrateurs de la chose scolaire doivent démontrer par leurs actions, qu’ils sont tout, sauf des gens qui ne font qu’administrer les deniers qu’on leur confie et les conventions collectives qu’on leur impose.
S’il faut pour ce faire, qu’on doive déroger aux règlements du Ministère de l’éducation du Québec, alors il faudra prendre les décisions qui s’imposent. L’excellence de l’école publique dépend de l’audace et de l’engagement de «ses dirigeant. Sauront-ils prendre le virage de l’excellence recherchée par leurs «différentes» clientèles, ou persisteront-ils à laisser cet espace scolaire et son engagement social , aux seuls «dirigeants de l’école privée» , qui continueront ainsi à prétendre que leurs écoles obtiennent les meilleurs résultats académiques parmi les écoles secondaires?
Pour nous, lorsque l’école publique jouira des mêmes avantages que ceux de l’école privée, on pourra comparer les résultats de leurs élèves avec ceux de l’école publique».
Jacques Bergeron

Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2015

    Je vous remercie d’avoir partagé ces informations concernant la différence entre l’école publique et privée. L’éducation pour les enfants est très importante parce que nous voulons qu’ils apprendre et développer des bonnes habitudes. Nous devons nous demander si l’école privée est une meilleure option pour nos enfants. Merci encore pour ce partage !
    -Chris | http://www.ecoleaujardinbleu.com/fr/

  • Raymond Poulin Répondre

    15 septembre 2007

    Comme le dirait le notaire Le Potiron: absolument d'accord, monsieur Bergeron. Je dirais plus, je dirais même... absolument d'accord!. Mye Mye!
    Raymond Poulin