Ein Volk, ein Reich... ein «Flag»

Canada-Québec : "un dialogue de sourds"


Le camp fédéraliste se mobilise. Son maniement synchronisé des plans A et B vise un de ces trois objectifs: faire avorter un prochain référendum, le remporter ou - au pis-aller - faire mousser le militantisme croissant de nombreux anglophones en vue d'une éventuelle mobilisation post-OUI.
Facile, donc, d'user de ces derniers. Surtout qu'ils créent un peu partout au Québec des groupements fédéralistes et, pour la plupart, partitionnistes. En fait, leur rejet viscéral du nationalisme québécois - sous presque toutes ses formes - ne se contient plus depuis le 30 octobre.
La combativité que l'on sentait chez ces anglophones lors de leur Canada Day - et que les médias francophones n'ont pas rapportée - se voit aussi dans une nouvelle fétichisation du drapeau canadien.
De fait, l'unifolié s'impose de plus en plus dans certaines zones où réside une masse critique d'anglophones. Dans ce qu'Ottawa nomme la «région de la capitale nationale», cela atteint des proportions quasi psychotiques. Des quartiers entiers, de même que des villages anglos de l'Outaouais, sont noyés dans une mer de rouge et blanc. Où que porte le regard, maisons, commerces, édifices publics et privés arborent le drapeau canadien.
À Ottawa, c'est le délire. Tout y est submergé par un flot de feuilles d'érable sous forme de drapeau ou d'effigie: le Parlement, la Cour suprême, les balcons, le marché By, des panneaux indicateurs de noms de rue et de stationnement, voire des églises! Au sommet de cette folie propagandiste trônent de monumentaux méga-unifoliés au haut de tours à bureaux des centres-villes d'Ottawa et de Hull.
Comme dans tout autre endroit qui serait soumis à ce genre de patriotisme criard et primaire, on se sent vite agressé par tout ce rouge - couleur par excellence de... l'agression.
Tout au long du «boulevard de la Confédération», un anneau qui imbrique physiquement Ottawa et Hull - triste symbole de l'annexion géopolitique de cette dernière -, on se croirait presque à Munich en 1938. Même la ville de Washington D.C., foyer du patriotisme américain, n'aura jamais arboré autant de drapeaux.
Mis à part Hull où les élites locales libérales et fédéralistes voient depuis longtemps à son inféodation sous l'oeil endormi de Québec, on voit peu d'unifoliés dans les zones francophones et de rares drapeaux québécois. Voilà qui démontre un degré supérieur de santé et de maturité.
L'annexion politique de Hull par le fédéral - une ville québécoise à plus de 90 % francophone - s'incarne donc dans cette horreur baptisée le «boulevard de la Confédération». Croulant sous les unifoliés et banderoles à feuille d'érable, il devient ce que Trudeau voulait en faire avant l'élection du PQ en 1976.
En 1974, le fédéral - dans un document intitulé La Capitale de demain - proposait qu'Ottawa, Hull et ses zones périphériques deviennent «un symbole d'unité nationale» par l'entremise de l'«aménagement d'un noyau homogène» (sic) et d'une «injection importante de fonds fédéraux».
Déplorant le fait qu'Ottawa et Hull formaient «deux entités distinctes et séparées» (!), on y renforça la présence du fédéral et diminua celle du Québec. Pour en faire «le symbole et le foyer du pays», on proposa entre autres la création d'une voie de transport rapide entre Windsor et Québec. Tout comme Laurent Beaudoin de Bombardier - un fédéraliste de plus en plus influent à Québec - le souhaite aujourd'hui...
Deux référendums plus tard, la soumission géopolitique de Hull se voit en rouge et blanc. Et que fait Québec pour imposer sa présence sur son propre territoire et de sa propre population? Bien malin qui saura le dire.
Par exemple, le rutilant cégep anglophone Heritage semble nettement mieux nanti que son voisin francophone qui doit répondre aux besoins de tout l'Outaouais. Grâce aux largesses sélectives de Claude Ryan lorsqu'il était ministre de l'Éducation, ce cégep ultramoderne et onéreux pour seulement 800 étudiants anglophones, rappelle aux 95 000 francophones de la Gatineau qu'à l'instar de l'ouest de l'île de Montréal, ils n'ont toujours pas le leur. D'ailleurs, ces mêmes francophones du West Island doivent aussi subir la vue - en moins frénétique pour le moment - de la prolifération de drapeaux canadiens. De cette lubie foliée ressort l'impression de fédéralistes qui délimitent ainsi leur territoire à être «partitionné» le lendemain d'un OUI.
Fort bien soutenus par Ottawa et le PLQ - dont le député Russell Williams a eu l'idée de faire produire un kit composé d'un unifolié et d'un fleurdelisé -, ces patriotes Canadians occupent visuellement le terrain et surtout... le territoire.
Pendant ce temps, Québec enfouit la tête dans ses sables post-Centaur. On préfère ignorer le message envoyé par cette unique feuille du drapeau canadien devenue pour moult fédéralistes le symbole de la nation canadienne - unie, indivisible et éternelle.
N'est-ce pas la promesse d'une résistance tous azimuts avant et après un OUI - y compris par la menace de la partition - qui point derrière ce «bouquet» fortement subventionné d'unifoliés? Un «bouquet» auquel Québec ferait mieux de s'intéresser autrement qu'en l'arrosant de reculs sur les fronts les plus névralgiques.
À la suite de ma chronique du 3 juillet, l'ancien sénateur Claude Castonguay m'écrit que ses honoraires payés par le gouvernement du Québec dans le dossier de l'assurance-médicaments - rapportés par La Presse comme étant de 145 000 $ - auraient été de près de 82 000 $. Quant au régime de retraite, il dit n'avoir rien reçu, étant au début de ce mandat. Il est à souhaiter qu'une fois ses mandats terminés, il rende publique sa facture finale détaillée.


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