Elvis Gratton et les hipsters: le mariage inattendu

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!


Ils sont supposés ne pas s'aimer. Mais ils marchent main dans la main. Je parle d'Elvis Gratton et du hipster.
Traduisons politiquement : de la droite libertarienne et de la gauche multiculturelle. Ils représentent les deux branches d'un nouvel antinationalisme émergeant au Québec.
Petit portrait des hipsters. Ce sont des urbains branchés. Postmodernes. De gauche. Mais pas de la gauche ouvrière. Non. De la gauche politiquement correcte. Qui préfère le crudivorisme au syndicalisme. Et, bien évidemment, multiculturelle. Une gauche qui a sacrifié les travailleurs depuis longtemps. Car elle n'aime plus le peuple.
Sa vision du Québécois? Un mononcle des régions unilingue et xénophobe.
L'urbain branché joue au citoyen du monde. En fait, c'est un touriste qui s'attarde dans l'adolescence. Il magasine les causes qui lui plaisent partout sur la planète. Les ours polaires en Arctique. Les tortues géantes en Amazonie. Ce qui est mondial l'excite. Ce qui est québécois le fait bâiller. D'ailleurs, il se veut moins québécois d'abord que montréalais d'abord.
ÇA, C'EST LE HIPSTER
Surprise! Il s'est trouvé de nouveaux copains. Inattendus. Dans la nouvelle droite. Elle aussi s'exaspère contre le nationalisme. Car elle confond l'identité québécoise et la social-bureaucratie. Pour elle, le Québec n'est qu'un hospice pour gauchistes vieillissants et un ghetto linguistique.
Notre droitiste conserve un rapport affectif fort avec le Québec : il le déteste.
Individualiste radical, consommateur avant d'être citoyen, il ne reconnaît qu'une seule loi : celle du marché. Pour lui, le français est la langue des perdants. Et, bien franchement, il aurait préféré naître américain. Il se fait une fierté de vomir sur son peuple. Il y voit la confirmation de sa propre lucidité.
ÇA, C'EST ELVIS GRATTON
Finalement, la gauche comme la droite reprochent aux Québécois d'être... trop québécois! Ailleurs, c'est meilleur, ici, c'est pourri. Ce serait tellement plus simple si le Québec n'existait pas. Après Dany Laferrière, elles invitent «le Québec à sortir du Québec». Montréalais ou Américains? Tout pour ne pas assumer la condition québécoise.
La gauche ne jure que par les droits de l'homme, la droite, par l'économie. Mais elles se rejoignent dans la négation de l'histoire. Pour elles, le nationalisme pue la moisissure idéologique. Dès que les Québécois francophones s'affirment, elles hurlent alternativement contre la chasse à l'immigré et la chasse à l'anglais.
On nous casse les oreilles avec le débat gauche-droite. Plus ou moins d'État. Ou de taxes. Et ainsi de suite. Comme si la société n'était qu'une colonne de chiffres. Le vrai clivage est ailleurs.
Entre ceux qui croient qu'on accède au monde à partir de l'identité québécoise et ceux qui croient qu'on s'y ouvre en y renonçant. Entre ceux qui l'assument et ceux qui la rejettent.
Notre culture n'est pas qu'un folklore. Elle s'enrichit de l'étranger? Bien évidemment. Et heureusement. Encore doit-elle éviter la tentation de l'autodénigrement. Car c'est de cela dont il est question.
Il y a une étrange haine de soi qui traverse la culture québécoise. Se pourraitil qu'avec l'échec de l'indépendance, elle remonte à la surface, plus virulente que jamais? Je le crains. Il arrive que le pire soit probable. Espérons qu'il ne soit pas certain.


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