Des débats houleux divisent les Québécois au sujet de l'énergie, tantôt sur les infrastructures de transport, tantôt sur l'opportunité de construire de nouveaux barrages ou encore sur l'exploitation des gaz de schiste dans le sud du Québec ou le pétrole dans le golfe du Saint-Laurent.
Des intérêts économiques, privés et collectifs, sont en jeu. Chaque projet a des impacts directs sur la vie de milliers de Québécois et sur l'environnement.
Mais on ne peut pas bâtir l'avenir sur des controverses qui se succèdent à propos de projets particuliers examinés à la pièce. Le Québec est mûr pour un débat bien plus fondamental.
Le Québec, comme toutes les sociétés occidentales, s'est développé sur la base d'un modèle tenant pour acquis que le pétrole est disponible, peu dispendieux et que ce sera toujours le cas.
C'est une fausse perception de la réalité. Les meilleurs experts disent que la disponibilité du pétrole est appelée à diminuer à plus ou moins long terme, et que cela aura de fortes incidences à la hausse sur les prix.
Le pétrole représente 40% de notre consommation d'énergie à égalité avec l'hydroélectricité et est dépendant des marchés externes pour son approvisionnement.
Le développement centré sur l'utilisation du pétrole entraîne aussi des impacts directs sur l'environnement, sur la société et l'économie. Le Québec dispose pourtant de ressources renouvelables en abondance et d'une expertise reconnue pour imaginer les choses autrement.
Nous avons annoncé la tenue d'une grande démarche d'information et de consultation sur la production et la consommation d'énergie au Québec, notamment sur les moyens de réduire notre dépendance au pétrole.
Le calendrier d'activités des «Rendez-vous de l'énergie», organisées par les 16 conseils régionaux de l'environnement et leurs quelque 150 partenaires (avec l'appui de l'Institut du Nouveau Monde), est disponible sur www.rdvenergie.qc.ca. À la fin du printemps, nous colligerons les fruits de la consultation et formulerons des recommandations.
Un sondage réalisé par la firme CROP révèle que l'immense majorité des Québécois reconnaît la nécessité de chercher des substituts au pétrole. Mais ils perçoivent des solutions et ils les approuvent. Ils appuient le transport en commun, le train, un nouvel aménagement urbain qui favoriserait la réduction des déplacements. Ils soutiennent massivement le recours aux énergies renouvelables. Ils sont divisés sur l'opportunité d'exploiter les hydrocarbures.
Ce n'est qu'en disposant d'une vue d'ensemble des options possibles qu'on peut vraiment savoir si on a besoin et si on veut exploiter les gaz de schiste, le pétrole du golfe du Saint-Laurent ou l'énergie éolienne.
C'est aussi avec une telle vision qu'on peut apprécier l'importance de miser sur l'efficacité énergétique, de développer des modes de transports durables et d'aménager nos quartiers urbains et nos villages pour créer de milieux de vie agréables qui limitent la consommation d'énergie.
Philippe Bourke

Directeur général

Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement
Michel Venne

Directeur général

Institut du Nouveau Monde