Ils font du mieux qu'ils peuvent, tous autant qu'ils sont. Mais quelle accumulation de postures, de contradictions, de « mots valises » – souveraineté, protection, bouclier, croissance… – qui cachent en fait une réalité dont le peuple est de plus en plus conscient : on nous prive de démocratie, on nous vole la démocratie, on nous occupe avec une pseudo-bataille politique pour des enjeux qui ne sont en réalité que des miettes, et on évite surtout de nous parler des vraies questions. A chaque élection, c'est la même histoire : ils nous parlent de tout, ils proposent des référendums sur tous les sujets les plus ponctuels, mais jamais l'Europe n'est citée, autrement que comme un repoussoir abscons : structures technocratiques lointaines – Commission Européenne, BCE, Conseil Européen, Eurogroupe, Parlement européen – dont nous devons nous défendre, ou fatras de sigles soigneusement empilés – TFUE, FESF, MES, TSCG, et j'en passe – de sorte que personne n'y comprend rien. La vérité – comme souvent – est beaucoup plus simple : nous devons aujourd'hui choisir, et choisir c'est renoncer. L'alternative est implacable, mais elle s'impose à nous et nous devons l'affronter : Soit – c'est le premier choix et c'est mon vœu le plus cher – on décide de créer une fédération européenne avec un renoncement annoncé et assumé à la souveraineté des Etats (qui de fait est déjà largement le cas, mais de façon larvée), avec des responsables démocratiquement élus, un parlement qui vote des lois qui s'imposent sans des années de « transposition » en traînant des pieds, un gouvernement qui met en œuvre une politique européenne et qui parle d'une seule voix ; alors, nous pesons dans un monde, non plus « global » mais multipolaire ; alors, nous tenons notre place de première puissance économique avec notre premier PIB mondial et nos 500 millions d'habitants. Dans cette Europe, une monnaie unique a un sens. Dans cette Europe, rien n'interdit le respect de la diversité des cultures selon les zones, les régions, les pays. Dans ce schéma, l'Europe est en situation de promouvoir son modèle historique social-démocratique, qui pourrait être le fer de lance d'une économie de post-croissance, en remplacement du modèle néolibéral qui tue progressivement nos démocraties – cette « espèce de chienlit mondialiste laissez-fairiste » si bien dénoncée par le prix Nobel d'économie, Maurice Allais – après lequel elle s'épuise à courir en y perdant son âme et notre avenir. *** Soit – c'est le second choix, pour moi dans tous les sens du terme – on arrête de pleurer et de nous vendre tout et son contraire, et on retourne à des Etats-Nations, qui ont (du moins pour un temps) la démocratie et le système socio-économique qu'ils souhaitent, et leur propre monnaie : des petits pôles – à terme certainement pauvres et, là aussi, ce doit être annoncé et assumé – dans un monde multipolaire. La campagne actuelle ne prend pas le chemin de cette rigueur d'esprit, de cette longueur de vue. On nous dit que les solutions doivent être immédiates ; on nous affiche des candidats qui s'agitent au cul de ce qui nous reste de vaches, comme au chevet de ce qui nous reste d'usines, sans une vision pour après-demain, sans une vérité pour demain ; on s'agite le matin sur des solutions bancales au coup par coup, et on reçoit une nouvelle claque le soir qui nous ridiculise : une couche de FESF, une couche de spéculation, une couche de MES, une nouvelle couche de dégradation. Ce raisonnement est inacceptable. Jamais, jamais des pansements Urgo n'ont réduit des fractures ouvertes, la boîte n'y suffirait pas, ni même un container. On ne peut pas confier – surtout en cachette – à des technostructures jargonnesques l'avenir des démocraties, de notre démocratie. Le peuple peut très bien comprendre qu'à plusieurs, on est plus forts, c'est un long travail de pédagogie. Encore faut-il que nos hommes politiques ne le conservent pas volontairement, sciemment, dans l'incompréhension savamment orchestrée qui protège ce qui leur reste de pouvoir personnel. Et comme il faut en effet des décennies pour cette construction, raison de plus pour ne pas attendre et engager immédiatement cette démarche volontariste en cessant tous les faux-semblants. 3 WikiFinances : 2 Etudes , 1 Blog
Europe et démocratie, ou Nations et démocraties : l'heure est au choix
on nous prive de démocratie, on nous vole la démocratie
Géopolitique — Union européenne
Francis Rousseau2 articles
Francis Rousseau - Président d’Eurogroup Consulting
Francis Rousseau, diplômé de l’ESCP (1976) et ancien élève de l’IEP de Paris (1978), a débuté sa carrière chez Peat Marwick Mitchell & Co en 1979, comme auditeur, spécialisé dans le secteur bancaire. ...
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Francis Rousseau - Président d’Eurogroup Consulting
Francis Rousseau, diplômé de l’ESCP (1976) et ancien élève de l’IEP de Paris (1978), a débuté sa carrière chez Peat Marwick Mitchell & Co en 1979, comme auditeur, spécialisé dans le secteur bancaire. Président d’Eurogroup Consulting France et l’un des fondateurs du cabinet français en 1982, il est également président d’Eurogroup Consulting Holding, groupe de conseil européen indépendant en stratégie et organisation.
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