Ottawa — Les organismes de réglementation des secteurs pétrolier et gazier de Terre-Neuve-et-Labrador ont fait exactement ce que le commissaire fédéral à l'environnement et au développement durable leur avait demandé de ne pas faire.
Ils ont lancé un appel d'offres pour l'exploration de certaines parties du golfe du Saint-Laurent plusieurs mois avant qu'une importante évaluation environnementale ne soit complétée. Un appel d'offres par ailleurs autorisé par le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, et son homologue terre-neuvien, Tom Marshall.
Le commissaire fédéral à l'environnement et au développement durable, qui surveille les activités et décisions d'Ottawa, avait demandé l'an dernier à l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers de s'assurer que l'évaluation environnementale stratégique soit bouclée avant de vendre des parcelles de fonds marins.
De cette façon, les entreprises énergétiques seraient pleinement conscientes des mesures qu'elles devraient mettre en oeuvre afin d'assurer la protection de l'environnement tout en poursuivant leurs activités d'exploration et de forage en milieu marin.
«Afin de maximiser les moyens de protéger l'environnement et de s'assurer que les éventuels promoteurs de projets disposent de l'information environnementale nécessaire à la prise de décisions appropriées, les offices devraient veiller à ce que les résultats des évaluations environnementales stratégiques à jour soient disponibles avant de lancer un appel d'offres», avait recommandé le commissaire fédéral à l'environnement dans un rapport publié à l'automne 2012.
Le commissaire de l'époque, Scott Vaughan, avait reproché aux offices de réglementation de Terre-Neuve-et-Labrador et de Nouvelle-Écosse d'avoir erré dans le passé en lançant des appels d'offres de façon prématurée, dans les quatre cas qui avaient fait l'objet d'un examen. Dans l'un de ces cas, des permis avaient été délivrés avant même que l'évaluation environnementale n'ait débuté.
«Bien que les offices aient effectué certaines démarches pour communiquer les résultats préliminaires, les soumissionnaires intéressés ne disposaient pas toujours d'une information complète sur les contraintes environnementales et sur les mesures de protection nécessaires avant la fin du processus de préparation des soumissions», poursuit-on dans le rapport.
Malgré tout, le 16 mai dernier, l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a lancé un appel d'offres pour l'exploration de plus d'un million d'hectares de fonds marins dans le golfe du Saint-Laurent, à l'ouest de l'île de Terre-Neuve. Les environnementalistes estiment que ce secteur est crucial pour l'industrie de la pêche au homard, au sébaste et à la morue.
Un porte-parole de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a défendu la décision de lancer l'appel d'offres, soutenant que la date butoir pour les soumissions était prévue quatre mois après la publication de l'évaluation environnementale. Cela laissera donc suffisamment de temps aux entreprises pour inclure dans leurs projets d'exploration des mesures visant à protéger la vie marine, a-t-il plaidé.
Des environnementalistes qui font campagne pour l'imposition d'un moratoire sur les forages dans le golfe du Saint-Laurent jugent que l'office a mal agi.
«Dans notre esprit, c'est un très mauvais message à envoyer au public», a déclaré Sylvain Archambault, porte-parole de la Coalition Saint-Laurent. «D'un côté, on tente de déterminer s'il existe des endroits qui sont trop sensibles pour l'exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent, et de l'autre, on va de l'avant avec les appels d'offres. Cela devrait être l'inverse.»
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