Fin de session houleuse à Québec - Charest vante son bilan en éthique

Pauline Marois parle plutôt d'un bilan «sombre» et «noir»

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JJC - chronique d'une chute annoncée

Les débats à l'Assemblée nationale sont demeurés tendus et acrimonieux tout au long de la session qui s'est terminée hier. En faisant son bilan, Jean Charest a vanté les réalisations de son gouvernement, notamment à l'égard de l'éthique. Pauline Marois croit au contraire que le gouvernement libéral affiche un sombre bilan en matière d'éthique et de corruption.
Québec — Le premier ministre Jean Charest a associé hier son gouvernement à celui de René Lévesque en soutenant qu'il a été le plus actif sur les plans de l'éthique et des moeurs électorales depuis 1977.
«Je ne crois pas que nous avons vu autant d'activité législative sur ces enjeux depuis 1977», a affirmé Jean Charest en livrant son bilan de la session parlementaire qui s'est achevée hier. En 1977, le gouvernement Lévesque faisait adopter la Loi sur le financement des partis politiques. Au terme de la dernière session, le gouvernement Charest a fait adopter cinq projets de loi renforçant cette loi électorale ainsi que les projets de loi sur le code d'éthique des députés et sur le code d'éthique des élus municipaux.
Jean Charest a reconnu hier avoir traversé une session et une année difficiles. «Ça n'a pas été facile, mais le Québec se porte mieux», a-t-il avancé. «Il y a la bulle de la période de questions, puis il y a le vrai monde, puis les vraies affaires», a-t-il distingué. Son impopularité actuelle ne le tracasse pas outre mesure: les élections sont encore loin, «à quelques éternités» d'aujourd'hui, a-t-il dit.
Le premier ministre a promis que 2011 sera une «année formidable» remplie de «choses fantastiques». Une année qui sera marquée vraisemblablement par un discours inaugural. «On arrive à deux ans dans notre mandat, a-t-il rappelé. On regarde les scénarios.»
La session s'est terminée sur un ton acrimonieux. Ni le chef libéral ni la chef du Parti québécois n'ont fait part de leurs voeux des Fêtes à l'Assemblée nationale, comme le veut la tradition. Autre manifestation des tensions qui existent entre les deux partis au Parlement: les conférences des deux chefs se sont chevauchées, ce qui est inhabituel.
Devant la presse, Pauline Marois a parlé du «bilan sombre, noir» du gouvernement Charest «en matière d'éthique et de corruption».
«Les libéraux paralysent le Québec», a-t-elle accusé. «Jean Charest est un boulet qui freine les aspirations des Québécoises et des Québécois, estime la chef péquiste. C'est la confiance à l'égard de nos institutions qui est atteinte et c'est la confiance à l'égard de nos décideurs politiques.»
«Je ne déteste pas M. Charest, a nuancé Pauline Marois. Cependant, je n'aime pas ce qu'il fait. Je déteste ce qu'il fait.»
À la fin de la période de questions, le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, a affirmé que l'ambiance à l'Assemblée nationale sera «polluée» tant qu'il n'y aura pas de commission d'enquête sur l'industrie de la construction et le financement des partis politiques
Selon Jean Charest, c'est l'opposition officielle qui est responsable du ton acerbe des échanges à l'Assemblée nationale. «Je ne suis pas du tout aigri», a dit le premier ministre, ajoutant que «c'est l'opposition qui a choisi le ton aujourd'hui [hier]».
Problème d'intégrité
Stéphane Bédard n'a pas voulu jeter la pierre au leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier. Le «problème» en Chambre, ce sont «les questions d'intégrité», juge Stéphane Bédard. Jean Charest «a montré à ses ministres et à tout le monde que ne pas dire la vérité, ce n'est pas grave, ça fait partie du jeu politique. L'exemple vient d'en haut».
Lors de sa conférence de presse, le chef libéral a présenté 38 tableaux vantant les réalisations de son gouvernement en matière de lois électorales, d'éthique, d'économie, de finances publiques. «Le Québec est au bon endroit au bon moment», a-t-il scandé.
Pour le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire, le gouvernement traverse «une grave crise de légitimité démocratique», ce qui a engendré le cynisme. «Nos élites politiques ont négligé des principes au profit d'intérêts privés. Certaines élites économiques [...] se sont comportées de manière immorale en ayant recours à tous les moyens pour concentrer encore davantage le privilège entre leurs mains. Abus de confiance, trafic d'influence, collusion, évasion fiscale massive, salaires et bonus faramineux, indécents aux dirigeants, voici quelques-unes des raisons du cynisme, de cette absence de légitimité démocratique», a fait valoir Amir Khadir.


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