Financement de Kairos: l'opposition réclame la tête de Bev Oda

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix



La Presse Canadienne Ottawa - Au lendemain de l'aveu par la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, qu'elle a modifié un document pour bloquer le financement au groupe d'aide humanitaire Kairos, l'opposition fait front commun pour réclamer son départ.
Libéraux, néo-démocrates et bloquistes attendront le premier ministre Stephen Harper et sa ministre de pied ferme, à la période des questions mardi après-midi, et demanderont la démission de Bev Oda.

Car maintenant que celle-ci a avoué être intervenue pour modifier une décision de son ministère -après l'avoir nié pendant des mois-, le libéral Bob Rae soutient que les députés fédéraux ne peuvent plus lui faire confiance.
«Il est clair pour moi que la parole de Mme Oda ne peut plus être digne de confiance pour le Parlement», a tranché le porte-parole en matière d'affaires étrangères.
Jusqu'à maintenant, la ministre Oda avait plaidé que le renouvellement du financement du groupe Kairos, qui fournit de l'aide en développement dans le monde, avait été refusé parce que la proposition de l'organisme «ne répondait pas aux standards du gouvernement».
Mais entre-temps, un document a été rendu public indiquant que les fonctionnaires de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), qui relève du ministère de Mme Oda, recommandait le renouvellement du financement.
Le mot «not» a cependant été ajouté à la main pour modifier cette recommandation. La ministre avait plaidé, en comité parlementaire, ne pas connaître l'identité de la personne qui a fait le changement.
Lundi, Mme Oda s'est levée aux Communes pour avouer que c'était elle qui en avait donné l'ordre.
«Les ministères font des recommandations aux ministres et les ministres, en donnant suite à leurs responsabilités, peuvent être d'accord avec ces recommandations ou, comme c'est le cas dans ce dossier, ils peuvent être en désaccord», a fait valoir la ministre en Chambre, en plaidant vouloir clarifier la situation.
«Mes directives étaient d'indiquer sur le document ma décision de ne pas fournir de financement», a-t-elle expliqué.
Face à ce changement de discours, l'opposition exige maintenant son départ et veut savoir si la ministre de la Coopération internationale a elle-même pris l'initiative de changer la décision de son ministère.
Le libéral Bob Rae en doute, se disant convaincu que l'ordre est venu du bureau du premier ministre, ou de M. Harper lui-même.
«Ce n'est pas pensable que Mme Oda ait pris une décision comme ça sans en parler et sans avoir des instructions très claires de la part du gouvernement du premier ministre», a scandé le député libéral, en accusant le gouvernement Harper d'être une organisation «complètement contrôlée par le centre».
D'autant plus que si la ministre Oda n'était pas d'accord avec la recommandation de l'ACDI, elle n'aurait simplement pas dû signer le document, a argué M. Rae.
Le libéral veut maintenant que la ministre et son gouvernement soient tenus responsables de leurs actions.
«C'est une façon complètement inacceptable, absurde, de diriger un gouvernement. C'est simplement mal. C'est mal du début à la fin», a-t-il dénoncé.
Outre la place de Mme Oda au sein du cabinet conservateur, le dossier sera également soumis, dans les prochains jours, au président de la Chambre, Peter Milliken, qui sera appelé à se prononcer sur les déclarations de la ministre devant le comité des affaires étrangères, en décembre dernier.
Les députés qui y siègent veulent remettre les déclarations de Mme Oda à M. Milliken, afin que celui-ci tranche à savoir si elle a enfreint les droits des parlementaires en leur mentant délibérément.
La semaine dernière, le président de la Chambre avait jugé, dans ce dossier, que «toute personne raisonnable mise au fait de ce qui semble s'être produit serait certes extrêmement préoccupée, voire outrée, et pourrait même se mettre à douter de l'intégrité de certains processus décisionnels».
Mais faute d'avoir tous les documents et toutes déclarations entre les mains, puisque les témoignages de la ministre Oda et des hauts fonctionnaires de l'ACDI ont été faits devant le comité, M. Milliken avait expliqué ne pouvoir rendre de décision sur cette affaire.
Le comité des affaires étrangères doit maintenant lui soumettre un rapport, répertoriant tous les faits, afin que le président puisse se prononcer.


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