Finances publiques - Années de misère!

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Un honnête exposé de la situation, et elle n'est pas rose

Comme prévu, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, vient d’annoncer que Québec aura besoin de plus de temps pour revenir à l’équilibre budgétaire. Par-delà les chiffres, il y a cette réalité brutale des centaines de millions en compressions qui seront nécessaires pour atteindre l’objectif, même reporté de deux ans.

Toutes les raisons sont bonnes pour accuser le gouvernement Marois de déroger à sa promesse d’équilibrer les comptes cette année. C’est à cause de sa mauvaise gestion de l’économie, disent les uns, ou parce qu’il n’a pas été capable de faire le ménage dans la fonction publique, ajoutent les autres, et qu’il n’a pas eu le courage d’augmenter les impôts des riches et des compagnies !

Dieu sait pourtant que le Québec en a connu des compressions depuis trois ans, et que les taxes, les impôts et les tarifs ont augmenté : électricité, taxe santé, nouveau palier d’imposition pour les riches, hausse des redevances minières… la cour est pleine !

La vérité est plus simple et plus fataliste à la fois : d’abord, il y a cette grève de la construction survenue alors que l’industrie entrait déjà dans une phase de ralentissement ; puis, ces foutus consommateurs qui ont déjoué les plans du ministre en payant leurs dettes au lieu de dépenser ; enfin, l’inflation qui, pour une fois, a fait du surplace… Mis ensemble, tous ces facteurs ont influé négativement sur les revenus du gouvernement malgré l’augmentation des tarifs et celle de certains impôts et taxes.

À moins de creuser son déficit ou d’investir davantage dans les infrastructures au prix d’une augmentation encore plus rapide de la dette, Québec ne pouvait pas stimuler l’économie plus qu’il ne l’a fait. Après tout, nous ne sommes pas en récession : il serait absurde de dépenser plus dans le seul but de collecter plus de taxes…

Le déficit sera donc de 2,5 milliards cette année et de 1,75 milliard de dollars l’an prochain, ce à quoi il faut ajouter un autre milliard qu’il faudra trouver d’ici là pour respecter ces cibles.

Précisons toutefois que cela comprend une dépense qui n’en est pas vraiment une, celle du versement de 1 milliard de dollars au Fonds des générations cette année, suivi de 1,3 milliard de dollars l’an prochain. Sans cette obligation que s’est donnée le gouvernement d’annuler une petite fraction de la dette chaque année, le déficit serait moindre… mais la dette serait plus élevée.

Certains prétendent que Mme Marois n’aurait jamais dû s’engager à respecter le plan de retour à l’équilibre de ses prédécesseurs libéraux. Mais où en serions-nous si, d’entrée de jeu, ce gouvernement s’était permis de laisser filer les dépenses ?

À 2,5 milliards de dollars, le déficit représente 0,7 % du PIB, ce qui n’est pas un drame même si c’est décevant.

En revanche, ce qui est préoccupant, c’est la croissance de la dette dans un contexte où il faudra encore investir des dizaines de milliards dans les infrastructures. À 6 milliards de dollars de plus cette année, la dette augmente deux fois plus vite qu’au cours de la décennie 2000. Or, toute augmentation de 1 % des taux d’intérêt entraînera une dépense supplémentaire de 250 millions de dollars par année.

Nul n’est tenu à l’impossible à court terme. Mais il devient de plus en plus évident qu’à cause de la faible croissance de l’économie attendue d’ici 2020 et de la baisse du nombre de travailleurs actifs par rapport aux retraités, on ne pourra plus se contenter de comprimer douloureusement les dépenses de tous les programmes, année après année, dans l’espoir de maintenir l’équilibre budgétaire. Il faudra choisir.


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