On tente de réduire Richard Martineau et Mathieu Bock-Côté au silence. Inacceptable qu’ils puissent dire ce qu’ils pensent quand cela va à l’encontre de la bien-pensance et de la rectitude politique. Heureusement, les réseaux sociaux, devenus les instruments d’application du conformisme multiculturel, sont là pour les rappeler à l’ordre!
Il y a des vérités évidentes qu’il ne faut pas dire en public. Des réalités qu’on ne peut jamais appeler par leur nom. Qu’il faut dissimuler derrière des euphémismes doucereux ou des périphrases aseptisées. Vous voyez ce que je veux dire. Oui, oui, reconnaissez-le, l’idéologie dominante vous contraint vous-aussi à mentir, à dissimuler ce que vous pensez vraiment de crainte d’être dénoncé, socialement persécuté, menacé. Vous n’avez pas le courage de Richard et de Mathieu.
Pendant des siècles, la religion catholique imposait un rigoureux contrôle sur ce qui pouvait se dire et ne pas se dire au Québec. Notre « novgauche donquichottesque» a pris le relais. Mon néologisme s’inspire du puissant roman dystopique 1984 de George Orwell, un des livres les plus influents du 20e siècle, dont nous célébrons justement cette année le 70e anniversaire de publication. Inspiré de la Russie stalinienne, 1984 présente un État autoritaire qui impose une ligne idéologique par la propagande, la surveillance, la désinformation, le déni de vérités et la manipulation du passé.
Le mot «orwellien», qui décrit ces pratiques sociales et langagières totalitaires, est entré dans le vocabulaire politique courant comme plusieurs autres mots inventés par l’auteur. Pour ne nommer que les plus notoires, Big Brother, Thought Police (Police de la pensée), Newspeak (novlangue, langue simplifiée rendant impossible toute pensée indépendante), Doublethink (deux croyances contradictoires simultanées), Prolefeed (culture produite pour endoctriner la population et lui inculquer la soumission) et Unperson ( individu socialement et/ou physiquement éliminé).
Dans 1984, c’est une dictature stalinienne-maoïste qui oblige ses malheureux citoyens à parler «newspeak/novlangue». Cela est actuellement en voie de réalisation au Québec et ailleurs en Occident. En 2019 au Québec, vous êtes mieux de vous taire sinon... la police de la pensée et de la langue va se mettre à vos trousses. Vous avez une douce incitation à accepter le mensonge. Vous devez vous convaincre que c’est la vérité, la «nouvelle réalité» altérée pour la rendre conforme à l’idéologie dominante, politiquement et culturellement correcte. Le multiculturalisme polygenré est d’ailleurs déjà dans les manuels scolaires, du primaire à l’universitaire. Des règles non écrites, mais que vous connaissez parfaitement vous contraignent à adopter des comportements, des attitudes, des approches que vous désapprouvez au fond de vous-même, mais que vous vous forcez à accepter afin d’avoir la paix. La coercition idéologique est exercée par les médias sociaux au service de la «novgauche» plutôt que directement par l’État. Pour l’instant du moins.
Le progressisme, en rejetant la liberté de parole et en se détournant de la défense des démunis pour embrasser les pratiques comportementales, culturelles et religieuses minoritaires, nous mène vers le totalitarisme. Cette intolérance de la gauche bien-pensante pose un risque extrême pour l’avenir de la liberté d’expression et de la liberté tout court. Elle va pousser des franges de plus en plus importantes des populations vers des démagogues et des partis d’extrême droite. Regardez ce qui arrive aux États-Unis avec Trump et le Parti républicain.
Nous entrons dans un temps nouveau, le monde cauchemardesque de 1984.