Au moins deux candidats souhaitent se présenter pour Québec solidaire dans la circonscription de Maurice-Richard en vue des prochaines élections provinciales. Militant et vice-président adjoint d’une importante institution financière publique, Haroun Bouazzi a confié au Devoir vendredi qu’il se lançait dans cette course.
La circonscription est très haute dans la liste des endroits à ravir pour le parti. Le candidat solidaire Raphaël Rebelo y a été défait par les libéraux par seulement 530 voix en 2018. M. Rebelo est de nouveau candidat à l’investiture, et d’autres personnes pourraient aussi se lancer.
« Je suis capable de faire gagner Québec solidaire dans Maurice-Richard », lance d’emblée M. Bouazzi en entrevue. Animé par « un sentiment d’urgence » devant les multiples crises, il dit avoir bâti des liens de confiance avec plusieurs groupes communautaires et réseaux associatifs, « qui vont permettre d’élargir notre base électorale ».
Il récolte en outre l’appui de Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, qui le décrit comme « fougueux » : « C’est une personne qui milite depuis longtemps pour un Québec qui ne laisse personne derrière. » Elle voit sa « crédibilité économique et sa connaissance des PME québécoises » comme des atouta pour le parti.
Engagé bénévolement depuis 20 ans, il est intervenu publiquement sur des questions de justice sociale, d’inégalités économiques et d’accès aux services publics. Au fil des années, il a reçu reconnaissance d’une part — notamment de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse — et menaces de mort d’autre part pour ses prises de parole publiques.
« C’est maintenant à l’Assemblée nationale que je voudrais changer les choses, et au sein de ma famille politique », poursuit le quadragénaire.
Entre laïcité, causes et finance
Haroun Bouazzi s’est fait également connaître en tant que coprésident de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec. Il faisait partie de ceux qui avaient lancé l’idée d’avoir une commission sur le racisme systémique dès 2016.
Lors des consultations sur le projet de loi 21, il a défendu la laïcité en la posant comme « outil démocratique » favorisant le vivre-ensemble. Le candidat à l’investiture solidaire s’était opposé à la même occasion à l’interdiction du port de signes religieux par les employés de l’État.
Il a aussi des combats plus larges, souligne-t-il. « Je reste un militant antiraciste, mais aussi un allié des causes féministes, LGBT et écologistes. » Son poste de gestionnaire de haut niveau dans une institution qui s’adresse aux petites et moyennes entreprises lui permettra « de défendre le programme économique de Québec solidaire à l’Assemblée nationale », dit-il.
La circonscription anciennement appelée Crémazie recoupe partiellement l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, et comprend aussi une partie de Montréal-Nord. Environ 30 % de ses résidents se décrivent comme membres d’une minorité visible, contre une moyenne de 13,7 % pour l’ensemble du Québec. La même proportion des résidents (près du tiers) est immigrante, et 7,9 % sont arrivés depuis moins de cinq ans. « Je pense qu’il y a dans cette circonscription des populations marginalisées qui ne font plus confiance aux institutions politiques », expose-t-il.
Lui-même atterri au Québec en 2000, il compte sur le bagage de sa mère française, de son père tunisien et de sa citoyenneté canadienne pour se faire le représentant de cette diversité. « Je veux participer à réconcilier ces groupes qui ne se sentent pas représentés et me faire l’écho des problèmes qu’ils vivent là où les décisions se prennent. »
Il s’opposera à Raphaël Rebelo lors de l’assemblée d’investiture, le 20 avril prochain. M. Rebelo enseigne au collège Ahuntsic et est titulaire d’un doctorat en physique mathématique. Il habite le quartier Ahuntsic depuis plusieurs années, et a échappé une victoire de justesse en 2018 contre la candidate libérale Marie Montpetit.