Il faut s’intéresser à notre voisin, l’Ontario

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Suivre de près ce qui se passe en Ontario

La question est légitime. Elle m’est posée sans cesse depuis l’annonce de la parution de mon dernier livre Chers voisins, ce qu’on ne connaît pas de l’Ontario.
Pour ne pas se tromper d’époque et prendre la mesure des mutations qui ont transformé la société ontarienne ces dernières décennies, dont notamment la mutation démographique et culturelle. La première, démographique, a porté sa population à 13 millions, entre 16 et 18 millions en 2035 selon les projections médianes disponibles. L’Ontario pourrait alors compter pour plus de 40 % de la population canadienne et peser politiquement d’un poids équivalent. La seconde, culturelle, a modifié substantiellement la composition ethnique de la société ontarienne. Elle en a fait l’une des plus diversifiées du monde et changé radicalement son rapport à la culture, d’une posture postcoloniale sans relief à une affirmation dont certains éléments ont acquis une notoriété mondiale.
Pour prendre la mesure des liens humains, familiaux, amicaux et professionnels qui lient les deux sociétés depuis longtemps et qui ont été enrichis, ces dernières décennies, par la migration de 1,2 million de Québécois vers la province voisine, et les 750 000 Ontariens qui ont fait le chemin inverse.
Pour prendre la mesure des liens économiques qui lient le Québec à sa voisine - un volume d’exportation de près de 40 milliards annuellement comparativement à 42 milliards pour nos exportations aux États-Unis ; une présence massive du Québec inc. en Ontario avec, dans plusieurs cas, des installations d’importance et, en conséquence, un va-et-vient considérable entre Montréal et Toronto illustré par 131 vols aériens commerciaux quotidiens.
Pour prendre la mesure des effets du régionalisme au pays, qui voit émerger des blocs à l’Ouest et à l’Est, effets qui interpellent fortement le Québec et l’Ontario. Les deux provinces centrales ont-elles, elles aussi, intérêt à se constituer en « un espace économique commun », pour peser dans les choix du pays et mener la bataille de la compétition dans l’espace mondial tel qu’il se reconstitue ?
Pour connaître et apprécier les travaux conduits en Ontario, et notamment par le Mowat Center, pour actualiser les institutions et les politiques publiques communes, travaux dont l’impact à terme pourrait être majeur. En effet, les choix de politique publique en matière sociale, environnementale et fiscale arrêtés dans la province voisine influenceront les nôtres.
J’estime que les stratégies politique, économique et culturelle du Québec, toute option politique confondue, ne peuvent ignorer ce voisin. Il est un partenaire économique majeur et constitue un espace privilégié pour la croissance d’un grand nombre de nos entreprises. Il est enfin son partenaire politique depuis 175 ans et le demeurera, sous une forme ou une autre, aussi loin que l’on puisse voir dans l’avenir.
Pourquoi l’Ontario ? Pour tous ces motifs et quelques autres, dont l’intérêt tout simplement pour une communauté humaine qui, comme la nôtre, cherche à se repositionner dans le monde nouveau qui émerge sous nos yeux, une communauté humaine qui est notre voisine et le restera.

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Jean-Louis Roy12 articles

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Jean-Louis Roy, Chercheur invité au Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, secrétaire général de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie de 1990 à 1998 et actuel président du conseil d'administration du Centre de la francophonie des Amériques.





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