Loi 115

Indignation... chez les jeunes

Tribune libre

Indignation.

Pour vous rappeler ce qu'est la loi 115, ou encore pour vous l'apprendre, voici : le réseau des écoles anglaises au Québec est un vestige des multiples guerres dont notre territoire a été témoin. Guerres qui d’ailleurs sont éternelles entre les Québécois français et les Québécois anglais encore aujourd’hui. Récemment, la loi 115 sur les écoles passerelles a été votée. Cette loi permettra à des centaines d’élèves anglophones ou allophones de passer trois ans dans une école privée anglaise, moyennant quelques milliers de dollars par année (on parle entre 8 000 et 12 000$), afin qu’ils puissent avoir accès au réseau d’écoles publiques anglaises et de permettre à ses frères, soeurs et descendants de les suivre dans ce réseau.

Cependant, les opposants ont accusé les Libéraux de favoriser l’Anglais au Québec et surtout, les riches. Il est inévitable de se rappeler, lorsqu’on fait cette constatation, que les Anglais, lors de la conquête, étaient vus comme de riches marchands. Ainsi, on favoriserait encore les plus riches, pour qu'ils viennent détruite notre langue ? Le Québec, seule province qui se distingue au Canada par sa différence de langue et de culture, devrait théoriquement, être anglaise. Mais la résistance des Canadiens français nous a permis, à vous et à moi, de parler français.

Rappelons nous notre devise, à nous, Québécois : Je me souviens. Souvenons-nous des braves colons français qui sont venus peupler cette terre froide et inconnue qu'était le Canada, à l'époque, la sueur de leur front après avoir défriché les vastes forêts sauvages de nos contrées.
Rappelez-vous nos vaillants soldats français qui ont combattu jusqu'au dernier espoir lors de la bataille des plaines d'Abraham.
Souvenons-nous des rébellions, dirigées par Papineau, qui, même si elles ont été infructueuses, ont laissé entendre aux Anglais qu'au Québec, le coeur d'une nation bat, et ne cessera de battre, que les Québécois ne se feraient pas assimiler, qu'ils étaient fiers de leur langue, de leur culture unique, de leurs croyances, de toutes ces différences qui les distinguaient du reste du Canada. Et surtout, le message des Canadiens français était : nous ne capitulerons pas, nous ne nous ferons pas marcher sur les pieds sans rien dire !
Souvenons-nous des deux référendums de 1980, et 1995, pendant lesquels les Québécois ont pu crier leur insatisfaction, protester, bref, se faire entendre. Et ils ne méritent rien de moins que d'avoir le droit de parole illimité, car nous sommes libres et le resterons !

Il y aurait tant d'autres exemples que nous pourrions citer ici. Mais tous les mentionner serait comme raconter toute une vie. J'irai donc directement au point où je veux en venir. Si tant d'efforts ont été déployés pour rester ce que nous avons toujours été : un peuple différent, avec des attraits irrésistiblement originaux et sans cesse nouveaux, ce n'était pas pour qu'ils restent vains. En votant la loi 115 par bâillon, c'est un grondement, ce sont des protestations, bref, le droit de parole d'une nation complète qui a été brimée et retiré. Appelons-nous cela de la démocratie que prône depuis toujours nos dirigeants ? Tous les combats que nous avons gagnés ou perdus par le passé auraient été inutiles ? Québécois, c'est à vous de répondre à ces questions !

Le Français, nos expressions si spéciales, nos traditions, notre culture, notre passé, notre présent, notre futur, nos poètes, nos chanteurs, nos écrivains, nos sportifs, notre jargon, tous ces aspects qui font de toi qui lis cet article, de l'autre qui le lit, de moi qui l'écris un être si unique, au sein d'une population malheureusement déchirée, comment pourrions-nous imaginer notre monde sans... ? Sans le Français, nous n'aurions pas eu Félix Leclerc, Céline Dion, le Cirque du Soleil, Luc Plamondon, Xavier Dolan, Guy Lafleur, Joseph-Armand Bombardier, Hubert Reeves, François Pérusse, et j'en passe !

Si le Français a fait de si belles choses, pourquoi essayer de le bâillonner, littéralement ?

Je ne prône pas une province radicalement française. Seulement un Québec qui reste majoritairement français, avec, comme toute autre société, sa minorité linguistique qu'est l'Anglais. Je ne veux pas que l'on retire l'Anglais dans nos institutions d'éducation. Seulement qu'on garde en tête que notre langue est ce qu'elle est, et ceux qui viennent s'installer ici en tiennent compte et la respectent. Je ne lance pas haut et fort que le Québec devrait se séparer, même si beaucoup connaissent mon opinion sur ce sujet. Je veux seulement que l'on sache que la population ne sera pas ligotée par le gouvernement, et que, même à notre âge, certains sont touchés et prêts à protester contre ces décisions incroyables.


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7 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    22 octobre 2010

    Merci, Élizabeth, de nous donner la réplique avec autant de rigueur. Votre participation nous importe parce qu'elle fera boule de neige dans votre milieu. Vous savez trouver le positif, même à travers nos chapeaux que vous pouvez croire percés. Mais vous n'êtes pas la seule à s'interroger sur mon style: O est un diminutif de Ouhgo. Sous ce nom, dans la case AUTEURS vous lirez mes 90 articles.
    Nous discutons tous pour convaincre de l'urgence de la gestion du Québec par ceux qui aiment y vivre en français

  • Élisabeth Gendron Répondre

    21 octobre 2010

    Vos commentaires font plaisir à lire ! Honnêtement, je m'attendais à ce que les gens passent outrent mon texte seulement à cause du titre, qui mentionne que c'est une «jeune» qui l'a écrit. J'ai souvent entendu les adultes ignorer mon opinion car je ne connais pas beaucoup de la vie, du moins pas encore. Ainsi, j'essaierai de répondre à vos commentaires de la façon la plus complète et éloquente possible.
    Pour ceux qui pensent que je ne prône pas la souveraineté, laissez-moi vous représenter cet extrait :« Je ne lance pas haut et fort que le Québec devrait se séparer, même si beaucoup connaissent mon opinion sur ce sujet.» Le fait est que mon opinion va dans le sens de la souveraineté. Seulement, laisser transparaître ce que je pense sur la séparation du Québec aurait été s'écarter du sujet. Je ne désirais pas lancer écrire un texte qui favorise la souveraineté, mais bien sur la loi 115. Mais sachez que je suis totalement souverainiste.
    Pour ce qui est de votre opinion sur la faible indignation dont ma génération semble faire preuve, je vous donne raison. Mais, au moins, elle n'est pas inexistante. Je ne suis pas la seule à penser de cette façon, mais malheureusement, nous ne sommes pas assez. Cependant, il y a de l'espoir.
    Ensuite, pour ce ou cette mystérieux (se) O, je dois défendre ma génération face à votre commentaire. Pour répondre à votre question, les jeunes dont je parle serait ceux qui finissent le secondaire, du genre en secondaire IV et V. Moi-même, j'en suis à ma quatrième année de secondaire. Les bribes d'histoire que je mentionne sont à peine le fruit de culture personnel. Pn se plaint souvent sur la qualité du système d'éducation de notre province, mais je dois rectifier une chose : l'histoire est très bien enseignée. Peut-être est-ce aussi car mes enseignants précédents nous l'ont bien apprise et d'une manière pédagogique. Du côté de la tradition orale, ne parlez pas à travers votre chapeau ! Mes parents se font un plaisir de répondre à chacune de mes questions qui sont lien avec l'histoire, que ce soit sur le présent (les actualités) que sur le passé. Depuis que je suis petite, ils m'apprennent de notre histoire qui peut paraître bien tragique, mais qui a ses moments victorieux également. Mais je vous remercie pour votre critique positive, c'est sincèrement très encourageant et constructif.
    Et finalement, au sujet de l'Anglais dans nos écoles, ont ne peut le nier, il prend de plus en plus de place. Mais les élèves n'ont pas nécessairement envie de plus apprendre l'Anglais que le Français. Même que je dirais qu'ils y tiennent drôlement, à leur langue ! Certes, l'Anglais est bien utile pour voyager et communiquer dans ce vaste monde, mais connaître deux langues est encore plus bénéfique. C'est pourquoi je suis fière de parler le Français et d'avoir autant de facilité à apprendre l'Anglais. Cependant, je pense que le Français a beaucoup plus sa place ici.

  • Nicole Hébert Répondre

    21 octobre 2010

    Un plaisir de vous lire, jeune (il me semble) Élisabeth!
    C'est vrai, vous semblez ne pas oser trop fort votre opinion et votre indignation mais vous la nommez! Pour avoir des petits-enfants à l'école primaire, je sais quel attrait l'apprentissage de l'anglais exerce actuellement sur les enfants et sur les parents... Et à quel point la vigilance doit s'intensifier. Le chant des sirènes se fait en anglais. Mais si nos enfants ont plus de plaisir à apprendre l'anglais actuellement que leur difficile langue maternelle, et qu'à cette réalité s'ajoute l'exode favorisé, voire organisé, vers le réseau anglophone pour les immigrants et les Québécois en déficit de vigilance, nous ne sommes pas, pour parler notre langue, "sortis du bois"... Mais ne dirait-on pas que nous nous réveillons? Amenez vos amiEs ici, Élisabeth, qu'ils/elles viennent parler et entendre... qu'ils/elles viennent vigiler avec nous!
    Merci de votre présence!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 octobre 2010

    Oui, bien timide indignation, comme dit monsieur Taillon. Mais de quels jeunes s'agit-il, au juste? Du haut de nos âges vénérables, on entend que l'histoire n'est plus enseignée dans le réseau... ça semble bien le cas ici, où une jeune étudiante semble fière des bribes de connaissances fraîchement grapillées à force d'efforts personnels, sans l'aide de la tradition orale qui se perd dans les familles... Mais c'est un bon début: foncez avec encore plus d'ardeur en vous rappelant que plus nous serons bilingues, moins ils auront besoin d'apprendre le français!
    Et merci, marie-hélène, de rappeler à notre jeunesse le texte de Maria Chapdeleine. Même démodé et prêchi-prêcha, Louis Hémond est un classique que nous aimons vous voir apprécier.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2010


    Plateau du Labrador, Nouveau Québec, au nord de Sept-Iles, années '60, chantier d'une minière du fer.
    C'est l'heure du lunch. Les Québécois se parlent entre eux dans la langue de leur mère. Un contremaître anglophone «made in Montreal» s'approche du groupe. «Les gars, j'aimerais que vous parliez anglais. Pour que tout le monde se comprenne», dit-il dans sa langue à lui. Et là-dessus, pour donner l'exemple en quelque sorte, il entame une conversation sur la pluie et le beau temps avec le collègue contremaître francophone bilingue. En anglais évidemment.
    La loi 115, c'est ça.

  • André Taillon Répondre

    20 octobre 2010

    Timide indignation chez les jeunes!
    Mlle Gendron le ¾ de votre article est très intéressant, mais le dernier paragraphe c’est comme prêcher dans le désert.
    Justement une partie du problème c’est l’aplaventrisme et l’abnégation face à cette minorité d’Anglo-Saxon à imposer sa supériorité sur nous Français d’Amérique. Vous dite, « Je ne prône pas, seulement un Québec, Je ne veux pas que l’on retire l’Anglais, seulement qu’on garde en tête que, Je ne lance pas haut et fort que le Québec devrait se séparer, je veux seulement que l’on sache que, etc.
    Vous auriez dû ajouter après François Pérusse, et j’en passe ! Le Canadian of Mountreal , la cage aux sports et ailes de poulet gratos !
    Allez les jeunes, secouez-vous les puces. C’est l’indépendance du Québec que sa prend pour régler le problème une fois pour toute !
    André Taillon

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    20 octobre 2010

    Laissons un instant ces voix anciennes des vieux textes revenir jusqu'à nous :
    " La voix du pays de Québec vient comme la voix des orgues d'une église, comme une complainte naïve, comme le cri prolongé des bûcherons par lesquels ils s'appellent dans les bois, car tout ce qui fait l'âme de cette Province tient dans cette voix, la douceur de la vieille langue jalousement gardée, la splendeur et la force barbare du pays neuf où une race ancienne a retrouvé son adolescence disant : nous sommes venus il y a trois cents ans, nous sommes restés, ceux qui nous ont menés ici pourraient revenir sans amertume et sans chagrin, car s'il est vrai que nous avons beaucoup appris, assurément nous n'avons rien oublié " Maria Chapdelaine Louis Hémon
    Puis encore :
    " Autour de nous des étrangers sont venus, qu'il nous plaît d'appeler barbares, ils ont pris presque tout le pouvoir, ils ont pris presque tout l'argent, mais au pays de Québec rien n'a changé, rien ne changera parce que nous sommes un témoignage, et de nos destinées nous avons clairement compris que nous avons ce devoir-là, Persister, nous Maintenir .. Et nous nous sommes maintenus afin que dans plusieurs siècles le monde se tourne encore vers nous et dise : ces gens sont d'une race qui ne sait pas mourir ils sont un témoignage..."