J’ai honte
Texte publié dans Le Devoir du 17 novembre 2009
Samedi vers 16h00, j’ouvre la télé et je me rends compte que j’ai manqué la partie de football entre le Rouge et Or de l’université Laval et les Carabins de l’université de Montréal. J’en suis désolé: j’aurais aimé assister à cet affrontement entre deux équipes formées de joueurs issus d’universités de langue française. Peu m’importait le gagnant, j’étais heureux des énormes progrès réalisés par nos jeunes Québécois francophones dans un sport qui n’a pas toujours fait partie de nos traditions.
J’assiste donc à la remise du trophée à l’équipe gagnante, le Rouge et Or de l’université Laval. Comme on le voit au hockey, les joueurs s’échangent la coupe et la lèvent à bout de bras en criant leur joie. C’est à ce moment précis que tout chavire, je demeure absolument sidéré par ce que j’entends : tous les joueurs que l’on voit à l’écran expriment leur bonheur et leur joie… en anglais. Ce n’est que : « Yeah! Yeah! Yeah! » ou « Yes! Yes! Yes! » Et même : « That’s it baby! » Et le pire se produit quand, après la photo traditionnelle, tous les joueurs de l’équipe entonnent leur chant de ralliement : « All the way! All the way! All the way! » Ma fierté en prend un coup. Et, je m’imagine déjà cette belle équipe de football universitaire qui va représenter le Québec la semaine prochaine à Kinston en Ontario célébrer et chanter en anglais sa victoire. J’ai honte. Quand ferons-nous du français la langue de la réussite, la langue des gagnants?
Claude Bachand
Laval
J'ai honte
La langue des gagnants
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2 commentaires
Marcel Haché Répondre
15 novembre 2009C’était il y a bien longtemps. C’était un temps où les p’tits francos jouaient profils bas.
Le coach actuel des Lions de Vancouver, Wally Buono, jouait alors au football amateur dans l’est de Montréal. Il jouait pour une organisation de Hochelaga-Maisonneuve : les easterns chargers. Il était « secondeur intérieur ».Tout un joueur !
Malgré que tout se passait principalement en anglais dans l’organisation (dans Ho-Ma !), les francos faisait une véritable guerre. Une guerre amicale, mais sourde.
Une guerre quand même.
À cette époque, les francos n’étaient pas considérés assez doués (ni assez intelligents) pour jouer dans l’équipe offensive. Restait donc pour eux la possibilité de jouer dans l’équipe défensive.
Les « soirs de pratique », c’était souvent « l’offensive contre la défensive ».La guerre, vous vous en doutez.
Lorsque je vois, de nos jours, des francos dominer le football québécois, et même canadien, je me dis qu’une très vielle guerre est en train d’être gagnée : prendre sa place, à l’offensive et à la défensive…
J’aimerais tant que nos partis politiques aient autant de drive que nos sportifs, et fassent prendre sa place à tout un peuple.
S’cuzez pour les mots anglais.
Jean-François-le-Québécois Répondre
15 novembre 2009Habitant à Québec, je peux vous dire que ce n'est pas du tout la première fois que le Rouge et Or a une attitude très, très décevante, en rapport avec la langue française...