Jeunes cons et vieux croûtons

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Une critique de l'égocentrisme des baby-boomers


La guerre entre les générations ne date pas d’hier. Elle s’amorce au moment où, à deux ans, l’enfant apprend à dire « non ». C’est l’âge qualifié en anglais de terrible two.


En 1968, les vieux en ont pris pour leur rhume en France. Le général de Gaulle, héros incontestable de la France résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, a même quitté le pays durant vingt-quatre heures alors que les jeunes en révolte arrachaient les pavés de Paris en proclamant : « Il est interdit d’interdire ».


Aux États-Unis, les grandes manifestations contre la guerre au Vietnam ont rassemblé des centaines de milliers de jeunes, qui assuraient vouloir « faire l’amour plutôt que la guerre ».


Pendant ce temps au Québec, les jeunes vivaient dans l’euphorie de la Révolution tranquille. Quelques irréductibles rêvant de révolution armée ont sévi au sein du FLQ. Pierre Elliott Trudeau, l’homme à l’éternelle jeunesse, a su contrôler ces « petits imbéciles » en verrouillant en prime les libertés civiles.


Vieillissement


Chaque génération oublie une chose : la jeunesse est un processus vers le vieillissement. Mais le contraire, ce n’est pas vrai, hélas ! De nos jours, les expressions « Tasse-toi, mononcle », « OK, boomer », « Décolle, la vieille », décrivent assez bien l’esprit des jeunes.








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Désormais, les « vieux » ne transmettent plus leurs valeurs mises à mal par l’individualisme dont le cri de ralliement est : « C’est mon droit ».


L’éducation des enfants n’est plus une tâche naturelle, mais plutôt un défi. Il faut dire que les enfants d’aujourd’hui sont soustraits dès le plus jeune âge à l’influence des parents, car ils fréquentent dans une proportion qui s’accroît toujours les CPE et les garderies. Ils sont également soumis à la séduction perverse des écrans de tout genre.


Compétition


Les parents affrontent la compétition de tous ces intervenants. Dans nombre de cas, comment éviter que l’enfant n’ait pas une vision toute relative de la réalité ? Certains trouvent des vertus à cette manière de rendre l’enfant plus autonome, moins soumis aux dictats de l’autorité, mais il n’en demeure pas moins que l’obsession des adultes à rendre l’enfant autonome complique à n’en point douter les relations entre enfants et adultes, et, par la suite, entre jeunes et vieux.


Les vieux ne sont pas les seuls à vivre dans la nostalgie. Il faut entendre des ados parler de personnages d’émissions pour enfants, de chanteurs auxquels ils se sont identifiés pour savoir qu’à tout âge de la vie, la nostalgie est un repli et un refuge.


Trop de jeunes ont tendance à voir leurs aînés comme étrangers à ce qu’ils sont et ce qu’ils vivent. L’éclatement des familles, phénomène irréversible, favorise l’élargissement du fossé générationnel.


Les conflits entre générations s’accentuent au détriment des uns et des autres. L’impatience frénétique des jeunes à bousculer les vieux et l’égocentrisme des boomers, qui préfèrent jouer au golf plutôt que de passer du temps avec de petits braillards ou des adolescents scotchés à leur iPhone, nous privent tous du bonheur des échanges entre idéalistes et sages, lesquels ne sont pas toujours ceux qu’on imagine.




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