Jour 30 - La Presse partisane - La crise financière

Attention danger - Le pari perdu de la droite Conservatrice ?

Médias et politique

Raymond Giroux dans son billet de campagne d’aujourd’hui 2008 10 07, intitulé «  Enfin, Harper s’éveille à la crise  » publié dans la page 3 du Soleil - Dossier « Crise financière », observe, me semble-t-il fort justement,

« Stephen Harper a hâte, très hâte aux élections. Car l’économie se porte mal et le chef conservateur, hier, ne prétendait plus que tout allait sur des roulettes et que le pays se trouvait à l’abri des turbulences. »

Le pari risqué de la droite conservatrice contrée
Une mauvaise lecture du Québec

On s’entend largement, selon qu’on se trouve au Canada ou aux États-unis, pour imputer la crise financière actuelle aux politiques de gouvernance de la droite affairiste, soit Républicaine, soit Conservatrice. Or comment les stratèges de droite auraient pu être assez bêtes pour ne pas régler ou faire éclater cette crise hors les campagnes électorales qui sont actuellement en cours, s’ils ne comptaient pas en profiter pour faire élire à nouveau des gouvernements qui leur sont dédiés, alors qu’ils savent qu’ils sont les vrais responsables de la crise actuelle ? J’opte pour le fait qu’ils ne sont pas si dénués de sens politique.
S’ils ne le sont pas, c’est donc qu’ils parient sur l’effet de crise actuelle, en tablant sur le réflexe normal qui consiste en période d’instabilité à choisir la stabilité, donc, à choisir en l’occurrence, la reconduction de forts gouvernements de droite qui gouvernent le Canada et les États-Unis. S’ils ne le sont pas, ils ne seraient pas seulement responsables de ce qui cause la crise actuelle, par leur incurie quant à la réglementation bancaire et boursière, mais aussi les responsables ayant prévu, ayant désigné, le moment où cette crise survient pour qu’elle leur soit utile, à savoir, en pleine campagne électorale. Comment l’ont-il fait ? Justement, en ne faisant rien, et ce, suffisamment longtemps pour créer de toutes pièces la crise qu’il désirait voir éclater... pendant ces élections.
M. Harper ne pouvait donc pas ne pas entrer en élection pour profiter de la crise états-unienne. Ils devaient le faire non pas tant pour ne pas devoir assumer l’odieux de ses effets négatifs, mais plutôt pour profiter de la bulle favorable de son éclatement afin de se faire réélire pour quatre années supplémentaires pendant lesquelles les affairistes de droite pourront s’assurer pouvoir à l’aise retirer les bénéfices de la crise qu’ils ont si habilement créée.
Un mauvais plan, mal appliqué

Or, le plan devait tellement bien fonctionner que la succursale canadienne de cette droite affairiste a voulu en faire un peu trop. Elle ne s’est pas contentée de prévoir mettre la table d’un bon repas, elle a voulu s’empiffrer. Elle a malencontreusement cru la table assez solide pour supporter la pièce montée que les Conservateurs nous offraient en partage pensant que nous saliverions assez pour qu’ils puissent du même coup mettre hors jeu les artistes qui par trop s’impliquent un peu partout contre les ambitions affairistes de droite, autant en ce qui concerne la forêt qu’il faudrait dévaster pour le seul profit à court terme, que les rivières qu’il faudrait harnacher partout, ou les abords de l’Île d’Orléans à Lévis, à deux encablures de la Patrimoniale mondiale ville de Québec, et j’en passe pour ce qui est de ces artistes souverainistes qui ne manquent jamais de soulever l’âme du peuple. Cela a commencé cet été pendant le 400e de Québec.
Cet été qui devait écarter les artistes par trop nationalistes, en douce, sans coup férir. Ce même été qui, au même moment, préparait les coupes qui devaient ensuite mener les artistes en embuscade, pour les abattre. Cependant, tout ne s’est pas passé comme prévu. Sir Paul a paradé avec le drapeau du Québec, donnant ainsi raison aux artistes lui ayant souhaité la bienvenue tout en dénonçant la canadianisation de la fête. Ce qui n’a pas manqué de stimuler les troupes un temps écrasées sous la chape de plomb d’une dérive médiatique qui n’avait pas lieu d’être. Première erreur des canadianisateurs qui par leur surenchère ont détruit dans toutes les capitales de ce monde ce qu’ils ont tenté de construire depuis la défaite référendaire souverainiste de 1995, à savoir, que le Canada parvenait à contrôler ses minorités ethniques et la question de la sécession du Québec. Les UNES des tabloïds de Londres ont en une journée anéanti près de 15 années de travail.
Le poids de la pièce montée de ce festin de droite offert au bon peuple a fait ensuite achevé de faire céder la table tout entière. Ainsi, les apprentis sorciers qui pensaient donner un rapide et efficace coup de balai, s’en trouvent balayés eux-mêmes dans le tourbillon qu’ils ont provoqué. Du coup, l’avance qu’ils avaient contre le Bloc québécois a fondu comme neige au soleil.
Le début de la fin de l’essor conservateur
M. Art-Peur, dès lors paraissant fort piètre stratège s’en trouve déculotté. Ce qui pouvait militer en sa faveur en temps de crise, à savoir la valeur de sa retenue, de sa réserve, telle que si bien affichée au débat des chefs du Québec, la valeur de la justesse de son sens « inné » de la stratégie, s’en trouve brillamment contredit par l’évidence de leur carence à cet égard. Ils n’avaient pas prévu que les artistes soient si combatifs, ils n’avaient pas prévu qu’ils s’attaquaient à l’âme d’un peuple, fier de ses artistes. Comment dès lors faire confiance à de si piètres analystes ?
Aussi, pour contrebalancer ces lacunes, les affairistes y mettront le paquet dans les jours précédant le scrutin du 14 octobre. Dans La Presse partisane, on traitera la nouvelle de manière à exacerber la crise. Dans la UNE d’aujourd’hui 2008 10 07, la demi-page du haut, titre en grosse lettre «  La crise financière s’accentue – UNE DÉGELÉE MONDIALE !  » « De l’Asie à l’Europe en passant par Wall Street à Toronto... ». Ne nous embarrassons pas avec les détails, Montréal n’est pas mentionné, faut dire que c’est du sérieux, cela donc se passe ailleurs qu’ici. Ainsi, le message est clair :
« Si vous avez un temps pensé que la crise serait vite résolue, détrompez-vous braves gens, elle « s’accentue » ».

« Elle s’accentuera du reste tant et aussi longtemps que vous ne changerez pas d’opinion et tant que, comme nous le prévoyons, le parions, nous de la droite conservatrice au pouvoir là où ça compte, les sondages ne nous indiqueront pas vous voulez : la stabilité, et donc, réélire les Conservateurs à Ottawa et les Républicains à Washington. Entre temps, compter sur nous pour vous faire peur, et pas à peu près, de manière directe et indirecte, mais juste assez pour que vous ne paniquiez pas. »

Du coup, M. Harper est obligé d’agir en partisan, au lieu d’agir en Chef d’État. Il doit oublier de calmer le jeu, coincé entre le fait de ne pas pour autant causer une panique encore plus dommageable, et le fait de capitaliser sur l’effet de crise. Dur dur la politique !
En effet, M. Art-Peur « a hâte aux élections », ce pourquoi il a repoussé au plus près de son échéance le fait d’admettre la crise. Car s’il doit participer en l’admettant comme facteur d’instabilité propice au fait de désirer la stabilité qu’il représente, il ne peut trop longtemps sans dommage, favoriser ainsi l’émergence d’une trop grande panique. D’autant, puisqu’il lui faudra une fois élu, ( puisqu’il l’espère encore ), revenir à nouveau sur ses dires pour cette fois, vraiment calmer le jeu, c’est le rôle d’un Chef d’État. Il y a des limites à se dédire. Il compte donc sur les médias partisans pour faire le travail et La Presse monte au front.
La Presse partisane
Contrairement aux autres médias, qui sous-titrent des UNES consacrées unanimement à cette crise, « Harper optimiste mais... PRÊT A INTERVENIR » (JdQ), « Harper tente de rassurer les Canadiens » ( Le Devoir ), La Presse titre, illustré d’une photo avantageuse du Chef Conservateur : «  Harper réplique à Duceppe...  » ! ?
« Sachez donc chers lecteurs/lectrices québécois(es), qu’à une « crise qui s’accentue » comme le démontrent les six photos de courtiers(ières) à la mine déconfites en Allemagne, Inde, Chine, Royaume-Uni, États-Unis, et Brésil, M. Harper répliquera à... M. Duceppe. »

Comme si c’était lui qui était la cause de la crise en question... Erreur de cible ?
Surtout pas... La cible à abattre pour les canadianisateurs partisans de La Presse, est bel et bien le Bloc québécois souverainiste. Ainsi dans la présentation de la nouvelle, parmi tout ce que M. Harper a déclaré concernant la crise en question, on a choisi de mettre en évidence, ce qui ne concerne justement pas la UNE consacrée à la crise. Le message est clair. Le mot « Crise » qui « s’accentue » doit égaler « Bloc québécois ». « C’est le futur Premier ministre que l’on veut, qui le dit ! C’est donc sûrement vrai !  »
Ainsi, on joint l’utile à l’agréable, on met bien en évidence une crise et on met en évidence ce qui pourrait la régler, M. Harper. On met de la pression tout en désignant ce qui peut la faire baisser, et, à La Presse, ce n’est pas ce qu’en dit M. Harper, «  On est prêt à intervenir  », mais ce qu’il dit par ailleurs et qui ne concerne la crise que pour se dédouaner des responsabilités de la droite qui par ses politiques laxistes à l’égard des pratiques bancaires, a causé la crise. « M. Harper réplique ( sous-entendu... réplique à la crise en accusant ) M. Duceppe ». La Presse accuse donc le Bloc québécois...
Tout le reste n’est que balivernes. Dans les pages du journal, peu importe ce qui sera dit par les autres acteurs politiques sera subordonné à cet « éditorial » de page UNE, sous couvert de présentation « objective » de la nouvelle. Du moins, c’est le calcul partisan de la désinformation partisane de La Presse.
Il ne faut pas s’étonner de retrouver en page « éditoriale » une caricature de... M. Duceppe. C’est bien lui qui est désigné comme la vedette de ce jour de « crise »... Bien sûr, n’est pas caricaturé le Premier ministre sortant qui bafouille en contredisant aujourd’hui ce qu’il a dit la veille... et qui est le premier concerné par la crise, à double titre parce que c’est le Premier ministre sortant, et parce qu’il est le plus susceptible d’occuper à nouveau le poste. Si la crise était vraiment sérieuse, internationale, qu’est-ce que M. Duceppe, qui ne représente « qu’une ethnie minoritaire du Canada », fait à la UNE du journal et pourquoi est-il la vedette de la caricature du jour ?
On ne nous fera tout de même pas croire que c’est parce que la présentation de la nouvelle et des opinions est équilibrée ? ! Soyons partisans, mais soyons sérieux !
La désinformation a ses limites. Mais...
Attention danger - Les abords des échéances électorales ne manquent jamais de piquant... ( Voir : Attention aux coups-fourrés de dernières minutes )
Luc A.
Voir sur le même sujet : ___________________________
Attention aux coups-fourrés de dernières minutes
Les canadianisateurs n’ont pas dit leur dernier mot
Les manoeuvres et la désinformation ont pour l’instant fait long feu - Ce n’est que partie remise
Tribune libre de Vigile 7 octobre 2008
La parole souverainiste contrée
La désinformation et les dérives médiatiques
Le cas d’espèce VLB - Reine nègre, refait surface dans Vigile après la dérive médiatique du cas « McCartney »
Tribune libre de Vigile 29 septembre 2008
Réplique à André Pratte - « Le bon sens en péril »
Un « bon sens » à sens unique
Tribune libre de Vigile 26 septembre 2008
Réplique à Mario Roy : « L’opinion artistique »
Tribune libre de Vigile 24 septembre 2008
Réplique à Yves Boisvert : Pas fous, mais colonisés !
Entre autres choses, par la mainmise fédérale sur la « souveraineté culturelle » du Québec !
Tribune libre de Vigile 22 septembre 2008
Les artistes perdent la guerre de l’opinion publique - Vraiment ?
Tribune libre de Vigile 21 septembre 2008
Jour 15 - La Presse partisane. Le silence...
Un ancien ministre et un ex-Premier ministre péquistes appuient le Bloc... aucune nouvelle...
Tribune libre de Vigile 21 septembre 2008
Jour 8 - La désinformation à La Presse
... encore et toujours partisane et propagandiste

La Presse n’est pas partisane que dans sa page éditoriale
Tribune libre de Vigile 16 septembre 2008
Jacques Brassard varlope le Bloc
La Presse en fait son affaire... partisane

À quand semblable étalage POUR le Bloc de la part d’un autre ancien ministre péquiste ?
Tribune libre de Vigile 10 septembre 2008
Lettre au Journal de Québec-
Les artistes et le politique au Journal de Québec

Lisez la copie papier du JdQ... ça vaut le déplacement...
Le fer de lance de la droite canadianisatrice de Québec
Tribune libre de Vigile 9 septembre 2008
Réponse à Denis Julien
La partisanerie des médias de masse du Québec

Tribune libre de Vigile 5 septembre 2008


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2008

    Récemment, avant les élections, le ministre des Finances Flaherty exigeait des banques canadiennes qu'elles cessent d'exiger des frais d'utilisation exorbitants à leur clientèle. La réponse fut semblable à celles des pétrolières, c'est nous qui mènent. Maintenant le gouvernement Harper se montre très compréhensif en assumant des risques de l'immobilier à coûts de 25 milliards en transférant à la SCHL les risques de défauts de paiements des hypothèques. Comme on peut le voir, inutile de négocier, c'est comme ça que ça se passe en occident pour les milliardaires. Nous avons droits à des miettes comme au Moyen-âge, signe que l'évolution n'avance pas à la même vitesse pour tout le monde.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 octobre 2008

    Bonjours M.Arsenault. La journée même où on apprend que Montréal est hors piste du Grand Prix de la F1, le Maire Gérald Tremblay appuie l'élection de l'ex-sénateur Michael Fortier. Et Dieu créa Laflaque ne risque pas de manquer de matière première pendant longtemps avec des bouffons pareils.