L’Accord de libre-échange avec l’U"E"… approche inquiétante

Tribune libre

Le Parti Québécois s’est longtemps montré très critique & prudent à l’égard d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Or après une seule rencontre (qui se voulait être transparente voir article de M. André Lemay du 17 octobre) http://www.vigile.net/J-F-Lisee-Monsieur-transparence ) de quelques heures voilà que M. Lisée et Marceau se rangent dans le camp des défenseurs ALEUE. Inquiétant! On nous sert quelques « légers » arguments sans profondeur stratégique, très généraux, sans informations factuelles, voire opportunistes, qui à mon avis ne justifient pas un tel changement de cap & ne nous permettent pas de saisir les impacts (positifs et négatifs). Voici les arguments rapportés :
« Un accord de libre-échange, évidemment ça contient des points positifs et des points moins positifs, mais nous avons la conviction qu’il y a moyen d’arriver à un accord qui va être à l’avantage du Québec », a déclaré M. Marceau.
Commentaire : Qui est le nous & comment être convaincu sans avoir une évaluation des + et des - ?
« en soulignant que les exportations québécoises n’avaient pas encore retrouvé leur niveau d’avant la récession de 2008. »
Commentaire : Pertinence de l'argument discutable: de 2000 à 2008 elles sont passées de 140 mm $ à 152 mm $ en 2008 pour revenir à 141 mm $ en 2012. Donc avant la crise les exportations progressaient. Il serait intéressant d’évaluer quel aurait été l’impact de l’ALEUE sur notre économie si elle avait été en vigueur en 2008. Est-ce que cette entente fonctionne bien lorsqu'il de la croissance et amplifie les difficultés en période de récession ou faible croissance? Les difficultés actuelles de l’U.E. contamineraient-elles le Québec?
«M. Lisée a ajouté que le « niveau d’inquiétude » des péquistes face au projet d’accord « a baissé compte tenu des gains qui ont été faits au cours des étapes précédentes de la négociation ».
Commentaire surprenant et embarrassant pour la crédibilité de M. Lisée. Comme le soulignait un journaliste « Pourtant, les précisions données par l’ancien premier ministre péquiste sur les négociations entre le Canada et la Commission européenne étaient généralement connues des spécialistes et des journalistes qui ont suivi le dossier au cours des dernières années ».
Pierre Marc Johnson :
«a tenu à dire clairement que plusieurs secteurs, dont ceux de la santé, de l’éducation, de la sécurité sociale, des transports publics, de la garde d’enfants et des affaires autochtones, allaient être exclus d’un éventuel accord, que les entreprises européennes ne pourront pas venir exploiter les sources d’eau potable du Québec. De la même façon, aucune municipalité ne sera forcée de privatiser son réseau de distribution d’eau potable».
Commentaire : Arguementation très général, » de la poudre aux yeux", qui pourrait être perçu comme rassurant. Mais qui perd ça crédibilité en ne citant pas les autres secteurs. Pourquoi nous parler de cela sans les autres?
«estime que chaque année, le gouvernement du Québec et ses sociétés d’État octroient pour environ 28 milliards de contrats. Ceux qui deviendraient accessibles aux entreprises européennes se chiffrent à environ 11 milliards. Aucun contrat de moins de 300 000 $ ne serait ouvert aux Européens. »
Commentaire : Quels les secteurs des projets publics qui seront accessibles (11 mm $) et les ceux non accessibles (17 mm $)? S’agit-il de secteur stratégique pour Québec? Quel sera l’impact sur les travaux octroyés par le secteur privé? Je peux très bien comprendre que des contrats de moins de 300,000 $ ne sont pas très intéressants pour une entreprise européenne!
«…en retour, les entreprises canadiennes auraient accès aux marchés publics européens, qui totalisent pas moins de 1500 milliards par année».
Commentaire : En retour de quoi? Est-ce dire que nous n’aurions pas accès aux contrats octroyés par le secteur public européen? Dans le montant de 1,500 mm $, quel est le montant qui provient des secteurs où le Québec peut se distinguer?
«a répété qu’un accroissement de la concurrence dans l’octroi des marchés publics pourrait réduire les risques de collusion, une question actuellement sous la loupe à la Commission Charbonneau ».
«Et M. Lisée ajoute : « Si nous voulons éradiquer les cancers que sont la collusion et la corruption, est-ce qu’une concurrence accrue fait partie de la réponse? a-t-il demandé. Bien sûr! »
Commentaire : Cet argument m’a fait presque bondir de ma chaise. Tellement opportuniste qui accentue un sentiment de prudence. M. Johnson, Lisée et Marceau le savent très bien, cela est terriblement faux. En fait internationalisation est une source de collusion et de corruption. Depuis 20 dernières années l’internationalisation des grandes entreprises à concentrer les prises de décisions et le contrôle économique entre d'un groupe restreint de personnes . L’ALEUE va accentuer cette concentration, facilité la collusion et la corruption. Certains ont-ils des intérêts à promouvoir cette concentration. Inquiétante, épeurant.
«M. Amir Khadir, cochef de Québec solidaire rejeté ce raisonnement. Selon lui, les entreprises européennes qui viendraient soumissionner au Québec sont tout aussi susceptibles de recourir à la collusion que les compagnies québécoises. Québec solidaire continue donc d’avoir des réserves quant au bien-fondé d’un libre-échange avec l’Europe».
Commentaire : je trouve son commentaire plus crédible, plus pondéré. J’aimerais bien connaître ses préoccupations.
Les ministres Lisée et Marceau ont assuré qu’ils allaient tenir compte des « propositions de bonification » formulées par les participants à la rencontre de vendredi. Mais quand on a demandé à Jean-François Lisée en quoi ces commentaires allaient influencer le mandat confié à Pierre Marc Johnson pour la suite des choses, le ministre a eu un long silence.
Commentaire : Plusieurs participants devaient sortir durant la rencontre. (Référence article de M. Lemay). Donc, en toute logique, il y a lieu de penser que les propositions seront limitées, incomplètes. Pas très convaincant.
« Je ne manquerai aucune occasion de dire du mal du Parti libéral, mais cette fois-ci, je dois dire que le rapport de négociation qui nous a été donné respectait ce que nous considérons comme étant l’intérêt québécois », a admis M. Lisée, avant d’ajouter qu’il était heureux que le PQ soit maintenant au pouvoir pour la phase finale des pourparlers.
Commentaire : Décevant comme argument.
«Le ministre a réitéré l’objectif des négociateurs canadiens et européens, soit d’en arriver à une entente avant Noël. Il reste toutefois à voir si cette nouvelle date butoir pourra être respectée, l’échéancier ayant été repoussé à quelques reprises».
Commentaires/Questions :
1) Avec l’approche transparente préconisée par M. Lisée, pouvons-nous espérer avoir un document articulé, complet qui présente les avantages/désavantages & la logique de la recommandation;
2) Et avoir le temps approprié pour que les différents groupes affectés/intéressés par l’accord puissent le consulter et participer à une vraie consultation;
3) Qu’elles sont conséquences de l’accord si le Québec devient indépendant? Y a-t-il une clause de prévue à cet effet?
4) Qu’elles seraient les conséquences si U.E. était modifiée? Si un nouveau pays s’ajoute ou se retire?
5) Allons-nous être appelés (fortement suggéré) à participer au FMI pour les pays de l'U.E. en difficultés?
6) Avons-nous évalué la possibilité que le Québec d'ententes spécifiques avec quelques pays de l’Europe, ayant des complémentarités naturelles?
Conclusion.
ALEUE a des conséquences majeures sur notre économie, nos entreprises, nos politiques…. Ce type d’entente contiennent des restrictions, des obligations qui, de façon subtile, qui limitent notre autonomie. Un peu comme un propriétaire de terrain qui a donné tellement de servitude en a perdu la jouissance…même si il est toujours propriétaire.
Les commentaires de M. Lisée, Marceau et Johnson ne sont certes pas à la hauteur de l’importance de l’entente pour le Québec. En fait ils sont inquiétants et semblent improvisés.
Il ne fait aucun doute qu’un débat transparent, avec toutes les informations requises ait lieu. Et surtout il ne faut pas tomber dans le piège des échéances. Si le Canada veut signer avant Noel, et que nous ne sommes pas prêts, et bien, il faut ne pas signer.
Michel Aubin
Cultivateur
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    18 octobre 2012

    Avec toute la collusion et la corruption, impossible que nous ayons accès à leur marché. D'autre part, vous pouvez être assuré M.Aubin que si on signe un accord et qu'un jour le Parti libéral revient au pouvoir, ne serait-ce que pour 6 mois, Desmarais va trouver le moyen de s'emparer de tout ce qui concerne nos infrastuctures, soi-disant pour libérer l'État d'un fardeau.
    Toutes les ruses sont bonnes pour vendre le pays ou la province. Si le faux libre-échange a été un échec pour le privé, pourquoi un autre faux libre-échange avec l'UE pour les entreprises d'état, pour les sociétés paramunicipales, serait-il un succès?
    Il n'y aura pas plus de compétition pour le gouvernement qu'il y en a eu pour le privé. Il faut bien comprendre que s'il y a de la corruption, de la collusion, on ne pourra pas assigner à comparaître dans un procès ou une commission d'enquête des gens d'un autre pays. Les compagnies étrangères ne seront pas imputables du respect des contrats. Si le travail est mal fait ou bâclé, nous n'aurons pratiquement aucun recours. On en arrache déjà avec nos entrepreneurs, imaginez ce que ça va être avec des entrepreneurs étrangers. Nous allons avoir le temps de mourrir avant qu'un litige soit réglé.
    L'AECG, non merci.