J’ai entendu, ces jours derniers, les radoteux de lignes ouvertes raconter que leur flamme nationaliste était éteinte. Et je regarde tous les François Legault s’esquiver en douce tout en nous affirmant sans rire que son départ est causé par l’amollissement de la fibre nationaliste des autres. C’est brillant, ça, de quitter la table de jeu quand on commence à penser qu’on ne gagnera pas.
En 1995, j’ai écrit dans ma partie de TRENTE LETTRES POUR UN OUI, un maudit bon argumentaire en vue du référendum, qui était adressé à moi-même, bourgeoise et ramollie.
J’avais donc raison de tenter de me convaincre ?
Cette baisse systématique de la flamme indépendantiste, je la vis à nouveau. Parce que Pierre Bourgault n’est plus là, parce que Gérald Larose s’est parti une business de télécommunication et qu’il n’a plus la férocité de l’époque, parce que les belles-mères se sont fait fermer le clapet, parce que la population s’est fait dire, grâce à la commission Bouchard-Taylor, qu’elle était porteuse du virus du racisme, parce que les groupes de musique portent des noms anglophones, parce que les émissions à Télétoon ont toutes une appellation anglophone, parce que les enfants apprennent l’anglais avant même de bien connaître leur langue, parce que, dans les faits, les immigrants ont le choix de la langue du Canada, parce que les Québécois en ont assez de se battre pour un pays qui ne leur offre aucune assurance d’être bien soignés, parce qu’ils s’enlisent.
Fiou ! Je me sens déjà mieux.
Tiens, il y a aussi que les Québécois ont perdu le sens de l’argumentation et que toute discussion est automatiquement qualifiée de chicane. Plus de débats, plus de prises de becs. Nous sommes devenus des mous.
Hier, j’ai pu voir la photo de finissants de la maternelle à l’école FACE de Montréal. Ma petite Béatrice pose au milieu d’une vingtaine d’enfants de toutes origines. TOUS PARLANT LE FRANÇAIS. Ça m’a allumée. Et si le Québec, c’était la classe de maternelle de Johanne. Et si nous étions tous des petites Béatrice qui ne sait même pas ce qu’est un Chinois ou un petit Noir puisqu’elle les fréquente tous les jours, ces petits néo-québécois qui eux aussi aiment les princesses, les pouliches, les vêtements Hannah Montana, les croquettes de chez Mac Donald, les belles chansons et les petits textes sur Picasso qu’ils récitent en zozotant. Béatrice sera une citoyenne du monde, qui vit au Québec et qui, le soir de la fête nationale, dansera sur de la musique de tous les pays sans avoir peur de perdre sa langue. Parce que, peut-être que la loi 101 sera de nouveau en force et que tous les immigrants, tous les anglophones, et tous ceux qui seront nés chez nous, parleront aussi le français.
Je nous souhaite plein d’écoles FACE où tous les enfants sont égaux, malgré leurs cultures diverses comme une boîte de Smarties.
Connaissez-vous un seul enfant qui n’aime pas les Smarties, vous ?
Je discutais l’autre jour avec un Parisien qui se plaignait des nombreux anglicismes utilisés par les Français. Nous avons conclu que la France n’est pas menacée comme l’est le Québec, surnageant dans une mer anglophone. Nous avons aussi conclu que les petits chiens jappent davantage parce qu’ils ne font pas le poids devant les gros chiens.
Alors, quand le Québec imposera sa loi 101, quand les Québécois seront assez fiers de leur langue pour la respecter et pour la partager, quand nous ne serons plus en danger, nous arrêterons de japper. Sinon, c’est l’indifférence qui nous guette.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
28 décembre 2009Le 22 octobre 2009, lorsque les juges de la Cour suprême du Canada ont invalidé les dispositions de la loi 104 concernant les écoles privées non subventionnées permettant de qualifier ultérieurement des enfants à recevoir leur enseignement en anglais, comme vous sans doute, j'ai entendu et lu des commentaires acidulés contre cette Cour, Ottawa, les fédéralistes... Pourtant, il était clair que non seulement des allophones usaient de ce subterfuge, mais aussi de nombreux francophones qui croient sans doute que l'anglais est la langue nécessaire à la réussite sociale de leurs enfants. Là est notre Waterlooo que nous nous infligeons.
S'il est de bon ton de parler français avec grand-papa et grand-maman dans la sphère privée, nous n'irons cependant nullle part si nous sommes divisés sur l'essentiel, en ne croyant plus que la vie et la réussite sociales sont pleinement possibles en français sur ce continent.
Le croyons-nous encore ? Je ne pense pas que les francophones qui ont utilisés les écoles passerelles sont tous exclusivement fédéralistes...