L'antigouvernement du Parti Libéral du Québec

Comment désigner un gouvernement qui va à l'encontre des aspirations de ses commettants ?

Tribune libre 2010


On l'appelle un antigouvernement.
Une administration publique qui ne considère pas les objections des
nombreux groupes de la communauté et qui néglige les bonnes relations avec
les acteurs de la société civile.
Un gouvernement au comportement intransigeant qui ne remet que rarement en
cause ses actions et rejette du revers de la main toute volonté de
protestation.
Nous connaissons actuellement ce genre de gouvernement.
Manifestations, protestations et incompréhension imprègnent le paysage
politique du Québec dans une ambiance de crise sociale.
Le présent gouvernement libéral du premier ministre Charest semble posséder
la vérité absolue. Nul besoin de consultation, ni d'implication des
intervenants sociaux. On impose sa vision de la société, sans tenir compte,
visiblement, de l'opinion de la population.
L'inéquitable budget Bachand teinté d'une attaque frontale contre la classe
moyenne s'est révélé être la goutte qui a fait déborder le vase après de
nombreuses allégations de corruption et de trafic d'influence en relation
au financement du Parti Libéral du Québec dans l'octroi de contrat de
construction routière, de permis de garderie, de nomination de juges et de
hauts fonctionnaires de l'État.
Suite au budget, l'insatisfaction du gouvernement libéral est à son plus
bas, soit à 77%. Du jamais vu.
Et voilà que Marc Bellemarre jette son gros cailloux dans la marre et
assure de dévoiler tout ce qu'il a vu dans le cadre de son rôle de ministre
de la Justice sous le premier mandat de Charest.
Toute cette odeur nauséabonde de scandale constitue un précédent depuis
l'époque duplessiste.
Rappelons que Jean Charest fut ministre conservateur sous le règne de Brian
Mulroney, une triste période où les scandales ne cessaient de pleuvoir à
Ottawa.
Il apparait que Jean Charest ait appris à bonne école car la situation
politique au Québec ressemble beaucoup à celle qui existait entre 1984 et
1993 dans la capitale fédérale. Une révélation n'attend pas l'autre tandis
que l'électorat est submergé de cynisme et de découragement.
Néanmoins, la trame maitresse demeure : un gouvernement de droite est
toujours plus prompt à générer des scandales en raison de son affiliation
avec les puissances d'argent.
Et l'article d'Alec Castonguay, du Devoir, semble le confirmer : une fois
au pouvoir, le Parti Libéral du Québec attire plus de contributeurs et
multiplie par deux son financement privé tandis que le Parti Québécois
reçoit approximativement les mêmes dons indépendamment de sa position à
l'Assemblée Nationale.
Voilà ce qu'est un antigouvernement : une administration publique, vendue
aux intérêts des plus nantis, se rapprochant d'une ploutocratie. En somme,
pas un gouvernement pour et par le peuple, mais un gouvernement contre et
sans le peuple.
Par ailleurs, nous devons nous inquiéter de tous les soupçons qui pèsent
sur l'équipe libérale. Comme un iceberg, seule une portion est visible et
les mensonges cachent la majeure partie du tableau. Bref, nous ne saurons
jamais toute la vérité, car l'arbre cache la forêt, mais ce que nous
apprenons lance un signal d'alerte et doit inciter la population à changer
de gouvernement et cela très rapidement afin de contrer le désintéressement
des citoyens à la chose politique qui met en péril la santé démocratique.
Afin d'embellir l'image de la classe politique qui n'est pas toute
corrompue, on se doit d'assainir les mœurs politiques en rapport au
financement des partis en réformant la loi dans le sens d'une contribution
purement publique afin d'éviter le copinage entre élus et donateurs et de
redorer le politique.
Ainsi, pourrons-nous redonner confiance à l'électorat et freiner l'érosion
du taux de participation aux élections.


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1 commentaire

  • @ Richard Le Hir Répondre

    31 mai 2010

    Plus qu'un antigouvernement, il s'agit d'un régime despotique. Et, Jean Charest n'étant pas Frédéric II de Prusse ni les Lucides n'étant Voltaire, on ne saurait parler de "despotisme éclairé", même si Lucien Bouchard et André Pratte auraient été capables d'avoir cette prétention intellectuelle, et l'ont peut-être même eue.
    Richard Le Hir