L’apocalypse n’a pas eu lieu

Une CAQ à l'image d'un Québec du « gros bon sens »



« La CAQ, c’est la droite, vous allez voir, lorsque François Legault va prendre le pouvoir, il va couper partout, ça va être l’enfer ! » disaient les oiseaux de malheur lors de la dernière campagne.




« Ça va être l’anarchie, il va y avoir des bris de services ! » tonnait Philippe Couillard, qui mettait en garde les Québécois contre « l’opération scie à la chaîne » que préparait François Legault en coulisses.




CRIER AU LOUP




Or, non seulement François Legault a-t-il été élu, mais il a présenté son premier budget, cette semaine.




Et... ?




Et rien. « Business as usual », comme disent les Chinois. Le modèle québécois n’a pas été dissous dans l’acide ni démonté dans un garage et vendu à la pièce.




Le premier budget caquiste aurait pu être présenté par un gouvernement péquiste ou libéral.




On utilise la marge de manœuvre dégagée par le gouvernement précédent pour investir en santé, en éducation et dans l’aide aux régions.




Et on ajoute un milliard de dollars dans Investissement Québec pour « intervenir davantage auprès des entreprises ».




Bref, un État fort et généreux. C’est ça, la méchante droite ?




Eh bien.




Avec une droite comme ça, la gauche peut dormir sur ses deux oreilles.




BONNET BLANC, BLANC BONNET




Pas étonnant que les libéraux cognent aussi souvent sur le clou du dossier identitaire.




C’est sur ce point que la CAQ se démarque du PLQ.




Car pour ce qui est de l’économie, la CAQ, le PQ et le PLQ logent tous à la même enseigne.


Comme MacDo, Harvey’s et Burger King.




Il n’y a que le Parti conservateur du Québec d’Adrien Pouliot pour remettre en question le modèle québécois — en ouvrant la porte au secteur privé en santé, par exemple.




Les trois autres partis penchent tous du même bord. Ce que le premier budget Legault a démontré, c’est qu’il ne reste plus grand-chose de l’ADQ au sein de la CAQ. La CAQ n’a pas seulement avalé l’ancien parti de Mario Dumont, elle l’a digéré et expulsé.




Tous les grands partis prient à l’autel du sacro-saint modèle québécois.




Ils boivent tous le même Kool-Aid. Ils chantent tous la même chanson.




LE PETIT CATÉCHISME




« Nous, on ne veut pas mettre l’État au régime, on veut l’envoyer au gym », disait Jean-François Lisée pendant la campagne.




L’ex-chef du PQ n’a rien à craindre.




Sous Legault, l’État continuera de se goinfrer comme un safre.




Heureusement qu’il y a le crucifix et les signes religieux ostentatoires. Ça permet aux caquistes de se démarquer des libéraux.




Parce que lorsque vient le temps de critiquer le credo de l’interventionnisme économique, la CAQ est aussi frileuse que le PLQ.




La religion qui se mêle de politique ? Jamais de la vie !




Mais l’État peut continuer de mettre son nez dans l’économie, pas de problème, après tout, ça fait partie de notre histoire, de notre culture et de notre patrimoine.




« Où est l’État ? L’État est partout.




L’État nous voit-il ? Oui il nous voit et veille sur nous.




L’État est-il juste ? Il est infiniment juste, infiniment miséricordieux et infiniment parfait.




L’État peut-il faire toutes choses ? Oui, l’État est tout-puissant et rien ne lui est impossible. »




Amen.