L'Arctique pour tous

L'Arctique, ou comment le réchauffement climatique débouche sur un refroidissement des relations diplomatiques.

Souveraineté dans l'Arctique



Longtemps, cette étendue gelée a été considérée comme une Terra incognita. Tant la guerre froide entre l'Union soviétique et les Etats-Unis que le climat extrême rendaient ses eaux impraticables et ses ressources inexploitables. Ces deux caractéristiques disparaissant - la partie canadienne pourrait être libre de glaces durant l'été dans une trentaine d'années -, l'océan Arctique est aujourd'hui convoité par les cinq pays qui l'entourent : la Russie, le Canada, les Etats-Unis (via l'Alaska), la Norvège et le Danemark (via le Groenland).
Une semaine après que la Russie y eut déposé un drapeau par 4 200 mètres de fond, le premier ministre canadien, Stephen Harper, a effectué une visite de trois jours (du 8 au 10 août) dans le Grand Nord pour y réaffirmer la souveraineté canadienne sur une partie de ce territoire. Le premier ministre a annoncé la création d'un port en eaux profondes et d'une installation militaire dans l'Extrême Nord canadien. Une manière de rappeler à Moscou mais aussi à Washington qu'Ottawa n'est pas un acteur de seconde zone.
L'Arctique présente au moins trois enjeux stratégiques majeurs, notamment pour l'Union européenne : militaire, économique et environnemental.
Dans le domaine militaire, le pôle Nord abrite sans doute des sous-marins russes et américains. Etre présents dans l'océan Arctique leur permet de faire peser une menace nucléaire sur toutes les grandes villes de l'hémisphère Nord.
Dans le domaine économique, les experts américains et norvégiens estiment qu'un quart des réserves naturelles non encore découvertes de gaz et de pétrole se situent au-delà du cercle polaire. Le territoire dévolu aux Russes contiendrait à lui seul près de 700 milliards de tonnes de pétrole et d'immenses quantités de gaz naturel. Pour Moscou, exploiter ces réserves est essentiel. La sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Union européenne passera demain par l'Arctique.
Ce n'est pas le seul enjeu économique. La route maritime du Nord est la plus courte entre l'Europe du Nord et l'Asie du Nord-Est d'un côté, la Côte ouest de l'Amérique du Nord de l'autre. Les conditions de circulation dans ces eaux sont donc essentielles pour les Européens.
Enfin l'enjeu est écologique. Si le Groenland est la plus grande réserve d'eau douce de la planète, l'exploitation de l'Alaska telle que l'envisagent les pays riverains risque de dégrader encore davantage l'environnement. Pour toutes ces raisons, l'Arctique mériterait une réflexion collective au-delà des seuls pays riverains. Le moins que l'on puisse dire est que l'on n'en prend pas le chemin.


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