Cédric Levasseur - Montréal - Il y a quelques jours, les députés du Parti québécois Maka Kotto et Agnès Maltais ont pris le temps de célébrer, à l'Assemblée nationale, le 250e anniversaire de la victoire française à la bataille de Sainte-Foy. Il s'agit là d'une initiative noble et pertinente, vu l'inclination de certaines autorités vers la mémoire de batailles comme celle des plaines d'Abraham et leur discrétion sur d'autres comme celles de Carillon ou de Sainte-Foy. M. Kotto et Mme Maltais ont aussi rendu un hommage, grandement mérité et malheureusement trop rarement rendu, à nos braves soldats ayant combattu, voire péri, lors de cet affrontement de 1760.
J'ai cependant été déçu lorsqu'ils ont fait jouer la sempiternelle — et combien inappropriée — cassette du nationalisme identitaire en disant que ces soldats s'étaient battus pour protéger leur langue et leur culture. Sans avoir la prétention de connaître les pensées de nos combattants, il semble assez évident que ces soldats se battaient non pas pour préserver leur culture (qui, avant la conquête, n'était pas menacée, si ce n'est peut-être par le contrôle des autorités de l'Hexagone), mais pour défendre leur pays et pour s'acquitter de leur devoir envers ce dernier.
Aussi, sans avoir la prétention de connaître les pensées de M. Kotto et de Mme Maltais, je ne crois pas que ces derniers aient tenté faire de la politique sur le dos de nos héros ou aient cherché à «ploguer» leur message; ils ont probablement fait l'erreur en toute honnêteté, et c'est précisément là où se révèle un aspect dérangeant de l'actuelle vision péquiste du combat national et du nationalisme, à savoir une québécitude ancrée presque exclusivement dans la culture historique.
Si ce discours d'un nationalisme d'«autodéfense culturelle», souvent revendicateur et aux allures parfois pleurnichardes ou défaitistes peut rallier des votes cyniques et désabusés, vaguement nationalistes, qui purent adhérer à l'ADQ, c'est un bien mauvais marketing (surtout auprès des Y dont je suis) pour une option et un parti qui ont pourtant beaucoup à offrir concrètement.
Il ne faudrait cependant pas oublier que le patriotisme que le Parti québécois souhaite tant raviver prend aussi ses racines... là où toutes les racines prennent, à savoir dans la terre, dans le pays physique, et souvent dans l'espoir d'avenir que ce dernier représentait pour ceux qui l'ont choisi.
Cela étant, pour en revenir à l'hommage plus ou moins raté à la bataille de Sainte-Foy, le député Maka Kotto a terminé son intervention en citant les paroles du Chevalier de Lévis, commandant nos troupes, avant la bataille: «Nos espoirs sont élevés. Notre foi dans les gens est grande. Notre courage est fort. Et nos rêves pour ce magnifique pays ne mourront jamais.»
Ce sont là des paroles dont le PQ devrait recommencer à s'inspirer et un propos qu'il devrait tenir plus souvent. Et un homme comme Maka Kotto me semble tout désigné pour parler de l'espoir que représente le Québec.
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Cédric Levasseur - Montréal
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