Les alternatives au bien et au mal

L'axe du bien et l'axe du mal

Selon G.W. Bush

Tribune libre 2010


G.W. Bush, cet ex-président des États-Unis et commandant en chef
des Forces armées les plus puissantes du monde avait révélé et identifié, à
la manière d'un envoyé de dieu, les forces appartenant à l' « axe du bien »
et celles appartenant à l' « axe du mal ». En tant que chef autoproclamé
des forces du bien, il lui revenait de stigmatiser et d'éliminer les forces
du mal, si dommageables aux valeurs du monde libre. Dans sa grille
d'analyse tous ceux qui ne sont pas avec les États-Unis seront considérés
comme des ennemis et du fait même appartenant à l'axe du mal. Que tous se
le tiennent pour dit, il n'y a pas de place pour servir deux maîtres.
Lorsque dans les Évangiles, Jésus dit qu'on ne peut servir deux maîtres, il
précise toutefois leur nature qui les rend inconciliables l'un avec
l'autre. Ainsi Dieu et Mammon sont irréconciliables, au point que si tu
sers l'un tu renies l'autre. L'exégèse nous enseigne que Dieu se réfère à
tout ce qui est justice, vérité, compassion, solidarité, vie et que Mammon
se réfère au mensonge et à tout ce qui se rattache à la richesse et au
pouvoir qu'elle rend possible. Dans ce dernier cas, l'humain est subordonné
au pouvoir.
Le « monde libre » auquel se réfère G.W. Bush est celui qui assure, partout
sur la planète, la pleine liberté des puissants pour y faire ce qui est bon
pour eux, peu importe les effets dévastateurs pour l'humanité. S'il y a des
voix qui s'élèvent, des peuples qui se révoltent, des pays qui disent « non
», ils seront alors mis au nombre des terroristes et des pays de l'axe du
mal. Les « bons » pourront alors intervenir quand ils voudront et comme
ils voudront. Leur combat pour l'axe du bien leur donnera tous les droits.
Le droit international leur est entièrement subordonné.
Comment est-ce possible que ce tiers de l'humanité, dit civilisé et dont
nous sommes du nombre, puisse se laisser entraîner par un tel discours ?
Non seulement il ne met pas en doute ces vérités diaboliques, mais il les
confirme en votant, élection après élection, pour ces gourous de la théorie
de l'axe du bien et de l'axe du mal telle que définie par G.W. Bush.
Pourtant, bien des signaux sont là pour nous interpeller et nous sortir du
conformisme dans lequel nous sommes enfermés.
Plus d'un million de civils Irakiens ont été tués depuis 2003, des
centaines de milliers ont été blessés, sans oublier les milliers de soldats
morts au combat ou blessés dans leur âme et leur corps pour le restant de
leurs jours. Que dire des tortures dont le monde a été horrifié par le
sadisme et l'inhumanité qui les inspiraient ? Au Moyen Orient, l'état le
plus voyou qui y fait régner sa loi, Israël, peut compter avec la
complaisance du grand chef de l'axe du bien, les États-Unis, et celle de
tous ceux qui lui sont bêtement soumis. En Afghanistan ce n'est guère mieux
puisque les envahisseurs ont à leur tête le grand gourou de l'axe du bien.
Mais là ne s'arrête pas l'infamie. Ces « âmes bien pensantes » mettent tout
en œuvre, et Dieu sait que les moyens ne leur manquent pas, pour
empêcher des peuples à prendre leur destinée en main. En Bolivie, rien n'a
été épargné pour contenir la montée de ce peuple vers sa pleine
souveraineté. Son leader, Evo Morales, a été, à plusieurs reprises, la
cible d'attentats visant son élimination physique. Au Venezuela, Hugo
Chavez et son gouvernement continuent toujours à être fortement harcelés.
En 2003, une tentative de coup d'État a avorté grâce à l'intervention du
peuple. Dans les années suivantes, diverses opérations ont été mises en
place pour assassiner le Président. Pendant ce temps on se félicite du
renversement du Président constitutionnel du Honduras et on y reconnaît
comme président démocratique celui issu du coup d'État militaire. La
démocratie exige ! Et que dire de la Colombie qui ouvre ses portes à sept
bases militaires et dont les deux candidats à la Présidence soulèveraient
dans un milieu moins docile, beaucoup de suspicions.
La liste pourrait s'allonger. Ce sont là des faits qui n'ont rien à voir
avec un quelconque anti-américanisme, pris au sens du peuple étasunien. Ce
dernier, d'ailleurs, vit dans l'illusion d'une démocratie sur laquelle il
n'a aucune prise. Il suffit de voir ce qu'en fait Obama, celui en qui il a
mis tous ses espoirs. Encore une fois, force est de constater que ce qui
rend possible cette sorte d'amnésie collective est la force des médias que
contrôlent les artisans de cet « axe du bien » et qui cuisinent
l'information non pas pour libérer les esprits, mais pour se les asservir.
Devant autant de cynisme, que font et que disent nos grandes institutions
dont la vocation est d'apporter un regard libre sur le monde en en
révélant à la fois les forces qui le minent de l'intérieur et celles qui,
au contraire, sont porteuses de valeurs de justice, de vérité et de vie ?
Je pense évidemment aux autorités des diverses Églises du monde qui trônent
sur les vérités éternelles. Loin d'en être des critiques sans compromis
elles en sont bien souvent des complices discrètes. Elles préfèrent se
réfugier dans de grandes considérations sur la vérité, la paix, la justice
sans mettre à jour l'usurpation de ces mêmes valeurs qu'en font les
artisans du soi-disant « axe du bien » pour mieux s'asservir le peuple et
étendre, avec la meilleure conscience du monde, leur hégémonie aux quatre
coins du monde.
Pendant que la flottille de paix en direction de Gaza est prise d'assaut
par des militaires israéliens, tuant 19 personnes et faisant près de 60
blessés, les hiérarchies ecclésiales se font bien discrètes. Par contre,
lorsqu'il y a eu à Cuba, il n'y a pas si longtemps, un prisonnier de droit
commun qui est mort en prison suite à un jeûne qu'il a décidé de mener à
terme, en dépit des efforts faits par les autorités pour l'en dissuader,
aussitôt des voix s'élevèrent à travers le monde dont celle de plusieurs
évêques pour dénoncer pareille horreur. Les Institutions ecclésiales, dans
leur ensemble, n'échappent pas à cette bulle à l'intérieure de laquelle
nous sommes tous et toutes enfermées. La différence c'est qu'elles y
trouvent une place de choix qui leur permet de négocier certains avantages,
évidemment pour leur mission dans le monde.
Nous vivons dans une bulle où nos frontières sont à la fois l'ignorance de
ce qui se passe ailleurs et l'illusion à l'interne d'une liberté qui se
révèle chaque jour toujours plus fragile. Heureusement que l'information
alternative nous permet à la fois de voir autres choses dans le monde que
celles que nos écrans de télévision nous présentent et en même temps de
penser autrement de ce que nos analystes nous en disent.
Oscar Fortin
Québec, le 5 juin 2010

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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7 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    7 juin 2010

    Merci pour ces observations et merci pour cette dissertation sur les fameux axes du bien et du mal.
    En effet, lorsque l'assassinat sauvage de 19 personnes fait moins de condamnation médiatique que la mort d'un prisonnier de droit commun ayant mis fin à ses jours par le jeune, je crois que l'on peut dire qu'il y a un soupçon d'idéologie qui mène nos jugements.
    C'est bien triste et bien dommage qu'un prisonnier soit mort suite à une grève de la faim, mais 19 personnes assassinées à bout portant c'est, à mon sens, nettement plus condamnable.
    On tente constamment d’aiguiller notre jugement. On nous "explique" le geste inadmissible d'Israël et on nous fait condamner sans l'ombre d'un doute le gouvernement de Cuba. Si on permutait les auteurs de ces deux événements, je crois que le conseil de sécurité de l'ONU aurait déjà voté l'invasion de Cuba et je crois que nous n'aurions jamais entendu parler du prisonnier mort au bout de son jeune.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    Monsieur Fortin
    Un gros merci pour votre texte que j'ai bien apprécié. Je n'oublierai jamais la période de Bush qui avait instauré par ses actions, la peur partout au niveau international. Je tiens le système banquier international et les multinationales responsables de toute cette merde que nous vivons à l'échelle mondiale. Pas besoin d'aller si loin: ici au Québec, nous ne savons pas encore qui est derrière le scandale de 40 milliards $ de la Caisse de Dépôt? Politiquement, nous sommes dirigés par des marionnettes au service du capital mondial, le néolibéralisme qui étend ses tentacules de plus en plus pour maximiser ses profits en ayant le moins de pépins possibles avec la complicité de presque tous les pays dans le monde. Mais je crois que la fin de l'exploitation du capital humain et des ressources naturelles approche; la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique en est un gros indice. L'égalité, la justice et la solidarité humaines triompheront bientôt, j'en suis sûr! L'Amérique du Sud est présentement un laboratoire d'où sortira un système beaucoup plus humain et égalitaire. Il m'a fait plaisir.
    André Gignac le 6 juin 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    La position suffit amplement, puisque l'Église de Rome est du côté de l'Empire.
    Israel est de plus en plus un problème pour l'Empire. Il ne faut pas confondre les juifs américains des juifs d'Israel. Ils n'hésiteront pas à sacrifier l'autre si c'est dans leur intérêt. Ce ne sera pas la première fois.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    Merci Gébé pour cette précision et référence. Même si le ton n'est pas à l'anathème et à la condamnation terroriste, il y a tout de même une prise de position. Je ne pense toutefois pas que les curés en fasse l'objet de leur prêche dans les églises.
    Merci tout de même pour me rappeler cette référence

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    "Pendant que la flottille de paix en direction de Gaza est prise d’assaut par des militaires israéliens, tuant 19 personnes et faisant près de 60 blessés, les hiérarchies ecclésiales se font bien discrètes."
    Ce n'est pas parce-que nos médias en parle pas que ça n'existe pas :
    Le Saint-Siège demande la fin du blocus de Gaza
    « Il faut bien sûr condamner la violence de cette attaque, a-t-il ajouté, d'autant qu'elle s'est vérifiée dans les eaux internationales et donne l'impression que les règles humanitaires et le droit international ne comptent pas. Il est impératif, pour les bonnes relations entre Etats, que ces règles soient respectées ».
    http://www.zenit.org/article-24651?l=french

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    C'est plutôt l'axe du mal protestant sioniste contre l'axe du mal musulman islamiste.
    Le Pape à dénoncé haut et fort ces guerres et ces massacres de ces sectaires contre tous les catholiques du monde

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    Il est la première responsabilité de CHAQUE HOMME de chercher LUI-MÊME justice, vérité, compassion, solidarité, et d'identifier Mammon et ses mensonges. Et non de remettre sa conscience entre les mains d'un État ou d'une Église.
    L'homme est seul devant Dieu.