Elisabeth Brindesi - Mondialisation.ca, Le 16 avril 2010
Combats.ch
L’ECAL, Ecole cantonale d’art de Lausanne, vient de participer à des cours à Tel Aviv. L’initiative est tellement tendance que les médias romands nous en rebattent les oreilles durant toute la semaine. En tête du cortège, M. Pierre Keller, spécialiste notoire du cul des chevaux. Nous n’oublions pas, en effet, sa récente expo sur les postérieurs des équidés.
Naturellement chacun est libre de ses escapades… Sauf si l’école est financée par nos impôts, qu’elle est une école suisse de renom, et qu’elle nous représente en quelque sorte dans le monde de l’art.
La direction de l’ECAL en effet ne peut ignorer qu’Israël poursuit ses violations systématiques des lois internationales et humanitaires dans les Territoires Palestiniens occupés, ainsi que dans la bande de Gaza, là où des populations civiles sont victimes de punitions collectives. Les chefferies de l’ECAL, de la TV et de la radio savent d’autre part ─ du moins on l’espère ─ que la Suisse est dépositaire des Conventions de Genève, un Etat neutre de surcroît, ce qui devrait la conduire tout naturellement à respecter les principes humanitaires.
Or pendant que la RSR diffusait des «capsules sonores» (LOL) sur le quotidien en Israël et des instantanés de Tel-Aviv par les étudiant-e-s, voici un tout petit peu de ce qu’ont vécu les Palestiniens simplement durant le court séjour des jeunes de l’ECAL:
Les soldats israéliens ont tué 3 enfants et 3 adultes en Cisjordanie ainsi que dans la bande de Gaza. Ils ont blessés 3 journalistes, démoli 2 maisons plus une laiterie, jeté en prison 6 enfants et 16 adultes, attaqué les bateaux de pêches gazaouis.
Le gouvernement israélien a continué à chasser les Palestiniens de Jérusalem et poursuivi sa colonisation. La violence et la barbarie des colons à l’égard de la population civile est dénoncée partout dans le monde.
D’une façon générale, à Gaza, coupé du monde, 80 % des personnes vivent dans la misère. Ces gens n’ont pas un vrai accès à des médicaments, de l’alimentation, du courant électrique et de l’eau potable etc. La population y est donc condamnée à mourir à petit feu.
Les deux collèges de Tel Aviv qui ont accueilli l’ECAL abritaient sans doute des artistes israéliens opposés à la politique de leur gouvernement. Mais une école officielle suisse de cette importance ne peut transiger sur nos principes lorsqu’il s’agit de souffrances et de morts.
Au lieu de perdre son honneur d’une manière aussi stupide, l’ECAL pouvait par exemple travailler avec des artistes israéliens et palestiniens. D’autres l’ont déjà fait. D’autant plus que, dans la bande de Gaza tout comme dans les Territoires occupés, la population manifeste une extraordinaire créativité, ceci malgré des conditions de vie déplorables, et développent des activités artistiques qui n’ont rien de confidentiel. En Suède, par exemple, des graffitis palestiniens ont fait l’objet d’une très grande exposition de photos.
Sur le net d’ailleurs on trouve quantité de réflexions et d’images à ce sujet. Pour en voir: aller sur le site www.gaza.ch, puis descendre sur la page et cliquer sur «l’art pour l’art». Le coup d’œil vaut la peine.
Surtout, il existe un grand mouvement international de boycott à l’égard d’Israël, non en tant que pays mais en raison de sa politique. Des info plus complètes sont sur le site du Collectif Urgence Palestine Vaud . Des artistes de plusieurs pays participent à cette action, comme par exemple au Canada. Ce boycott est inspiré de celui qui fut conduit contre l’Afrique du Sud afin de pousser cet état à abandonner l’apartheid.
Un rappel pour finir, une expo à ne pas louper : Une rétrospective de l’une des plus grandes créatrices indienne contemporaines: Nalini Malani. C’est à Lausanne, au musée cantonal des beaux-arts, jusqu’au 6 juin. Nalini Malani est une artiste engagée, qui témoigne de la vie des femmes, de celles de leurs enfants, d’une population vivant dans des régions du monde en but à la violence, à la souffrance.
L’art, un message de résistance et d’espoir…en Inde comme en Palestine.
Sur le même thème lire sur Mondialisation.ca l'article de Julie Lévesque : Israël-Palestine : une guerre d'images et de mots
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