La Grèce, un exemple pour d'autres pays qui suivront

L'échec prévu de la zone euro et conséquemment celui de l'UE*

Cette faillite financière, un avertissement pour le Québec**

Tribune libre 2010


« La paix, le commerce, une honnête amitié avec toutes les nations,
d'étroites alliances avec aucune. » Thomas Jefferson
La banque internationale est d'accord que la question n'est pas si la Grèce
se déclarera en faillite ou non mais quand elle le fera officiellement.
Quelques fonds de placement lui concèdent un délai non supérieur à six
mois. Des analystes britanniques recommandent sa sortie de l'euro. D'autre
part, le président de la Tchécoslovaquie vient juste de déclarer que « la
zone euro est un grand échec ».
Quand Athènes déclarera-t-elle la faillite officielle ? C'est l'unique
question que se posent les analystes des principales banques
internationales. Le Trade Association for the Emerging Markets a célébré
mercredi dernier un colloque au siège central du Bank of America-Merrill
Lynch de New York sous le thème « Le Dilemme de la Zone euro », auquel ont
assisté, entre autres, des analystes de JP Morgan et de Cleary Gottlieb
Steen & Hamilton, ainsi que des académiciens de l'American Enterprise
Institute et de l'American University.
La conclusion de cette rencontre ne laisse aucune doute : tous les
participants qui avaient intervenu à ce colloque ont affirmé, sans
équivoque, que la Grèce finira par déclarer officiellement sa banqueroute,
ce qui obligera le pays à entreprendre la restructuration de sa dette
publique en appliquant une déduction (escompte), retardant ainsi ses
payements d'intérêts sur la dette publique et en substituant ses anciens
titres de dette par des nouveaux, tel que la Californie a fait récemment.
Le sauvetage financier de la Grèce de la part de Bruxelles et du Fonds
monétaire international (FMI), doté de 110 milliards d'euros pour une
période de trois ans, a remis à plus tard l'inévitable. Cependant, il faut
tenir compte que la dette publique grecque atteindra 150 % de son PIB en
2011.
Avec un tel niveau de dette le marché international maintiendra fermé
l'accès au crédit, car l'unique alternative viable est de déclarer le «
default » (suspension de paiements) puisque, dans le cas opposé, la Grèce
continuerait d'avoir besoin de l'aide internationale pour un temps indéfini
allant au-delà de 2012 (très probable, selon les mêmes analystes).
En effet, deux des participants, gérants d'hedge funds (fonds à haut
risque) ont même pronostiqué une limite de temps pour la déclaration
officielle de la faillite de la Grèce : pas plus de six mois, juste après
la célébration du prochain Mondial de football.
Pour sa part, l'ex-président du Bundesbank, l'allemand Karl Otto Pohl
(entre 1980 et 1991) est d'accord qu'il sera impossible qu'Athènes puisse
payer les 300 milliards d'euros de sa dette publique qui accumule
actuellement un montant équivalant à plus de 110 % du PIB. « L'Union
Européenne aurait dû avoir déclaré, il y a six mois —ou même
avant—, que la dette publique grecque avait besoin d'une
restructuration radicale ».
Possible sortie de l'euro
D'autres experts vont plus loin quand ils pronostiquent, non seulement la
faillite de la Grèce, mais également sa sortie de l'euro. C'est aussi le
pronostic de la société britannique Centre for Economics and Business
Research (CEBR) qui, dans un récent rapport, fait remarquer que ce n'est
qu'une question de temps que la Grèce abandonne la zone euro.
Effectivement, le Gouvernement d'Athènes ne pourra éviter l'effroyable
spirale de la dette publique sans dévaluer sa monnaie afin d'augmenter les
exportations du pays. Alors, l'unique voie qui lui reste est celle de
revenir à sa monnaie nationale (la drachme).
Une option toute probable, selon ces analystes, malgré le fait que " les
hommes politiques grecs ont donné peu d'importance à la possibilité
d'abandonner l'euro, ce qui pourrait conduire à la désintégration de la
monnaie unique". À l'exemple de la Grèce, d'autres pays membres peuvent
subir le même destin. C'est-à-dire, l'Espagne, le Portugal ou l'Italie,
comme l'affirme la société antérieurement citée.
Toutefois, cette voie d'abandonner l'euro causerait des pertes pour une
valeur de dizaines de milliards d'euros aux systèmes bancaires français et
allemand; C'est pourquoi le Gouvernement de Bruxelles essaie par tous les
moyens de mettre en place un méga plan de rachat de dettes pour les pays
membres de l'UE se trouvant en difficulté, plan doté de 750 milliards
d'euros. Ainsi, l'actuel panorama présente deux scénarios possibles : ou
s'effectue l'union politique et fiscale de l'UE ou c'est la désintégration
de la zone euro(1). En d'autres mots, ce serait le retour à la monnaie
nationale des pays qui ont adopté l'euro.
En ce sens s'inscrivent les déclarations d'Otto Pohl (ex-président du
Bundesbank) comme celles faites hier par l'ex-président espagnol José Marie
Aznar (autre mercenaire de la politique qui a privatisé les monopoles
naturels contrôlés par l'État pour les convertir en oligopoles privés au
bénéfice de groupes d'intérêts oligarchiques) qui rejettent le sauvetage de
pays endettés. Selon Pohl, le plan imaginé par Bruxelles et le FMI a
seulement un objectif : « Sauver les banques allemandes, mais surtout les
banques françaises des condonations de dettes. Le jour même où le plan de
rachat —équivalant à 750 milliards d'euros— a été approuvé, les
actions des banques françaises ont fait un bond d'environ 24 % ». En
réalité il s'agissait, non de sauver financièrement la Grèce mais bien de
sauver « les banques et les Grecs riches ». Des riches qu'Otto Pohl
‘'oublie'' d'identifier puisque ceux-ci, dans la majorité des cas, le
sont devenus avec les gouvernements socialistes de la « dynastie des
Papandreou », qu'à partir du « coup d'État des colonels » perpétré en 1967,
ont pu mettre en place la « gauche caviar » comme étant une « directive
politique non écrite », telle que stipulée par l'Internationale Socialiste
(IS). Directive qui sera appliquée sans aucune considération là où les
peuples et nations sont trahis par une élite reniant ses propres racines
ethniques, devenant ainsi, cette élite, le pire ennemi de ces entités
nationales.
D'autre part, le président de la République tchèque, Vaclav Klaus, perçoit
clairement cette ‘'crise'' qu'il dénonce en ces termes : « La zone
euro a échoué ». À partir de maintenant, « …l'Europe aura à décider
si elle doit réaliser une centralisation politique » qui, selon Klaus, ira
au détriment de la « liberté et la prospérité » des citoyens européens.
Cependant, le « modèle social européen » imposé par Bruxelles est « une
variante improductive de l'État-providence, du paternalisme étatique, de
taux d'impôts élevés et d'une baise de motivation pour travailler ».
En terminant, rappelons ce que Vaclav Klaus dit amèrement : « L'UE avance
vers la supranationalité » pour maintenir l'établissement de l'euro aux
dépens d'« un taux bas de croissance économique ». Ajoutant que le
sauvetage de pays endettés et les mesures d'austérité fiscale récemment
dictées par Bruxelles et le FMI ne serviront pas à sauver l'économie
européenne. Selon Klaus, l'unique sortie viable pour sauver l'actuel modèle
de l'Union Européenne consiste à entreprendre une « restructuration
radicale du système économique et social européen ». Les bonnes intentions
du président de la République tchèque ne serviront pas à faire changer
d'idée aux stratèges politiques de l'axe franco-allemand, puisque ce
néocolonialisme, mis en place par ces deux pays en 1957, leur a évité, pour
le moment, une nouvelle confrontation armée, procurant par cette voie
géopolitique que les États-Unis ne renforcent pas davantage leur hégémonie
dans le monde. Hégémonie conquise à partir de la défaite du fascisme et du
communisme, et qui sera renforcée plus encore par la défaite de l'islamisme
dans les prochaines années. De ce contexte géopolitique découle le projet
entrepris par la gauche radicale mondiale et les groupes islamistes
totalitaires de faire du continent européen une entité supranationale
dénommée Eurabie, et de l'Amérique du Sud, un projet « bolivarien »
islamo-marxiste du ‘'messianique'' Hugo Chávez.
***
Jean-Louis Pérez
Vive les peuples et nations libres de caciques, de tricheurs et de
mercenaires de la politique, de traîtres et de pilleurs des ressources
fiscales et naturelles
*. Échec déjà annoncé dans mon livre Andalucía en Crisis. Una nación sin
rumbo y a la deriva (Ediciones Yatajo, 2003).
**. Pour une information exhaustive concernant l'endettement du Québec,
consulter La dette publique du Québec : une combinaison d'immoralité, de
trahison... (publié à Tribune libre de Vigile le 6 septembre 2007).
1. C'est effectivement cette union politique et fiscale que l'axe
franco-allemand voudrait imposer à partir du « traité instituant le
fonctionnement de l'Union européenne » ratifié le 25 mars 1957, résultant
de ce traité la Communauté Économique Européenne (CEE). Pour plus
d'information sur ce projet néo-colonisation qui se réalise par
l'intervention économique et géostratégique de la France et de l'Allemagne,
consulter mon récent article [UE : un projet néo-colonisateur de l'axe
franco-allemand*. ->http://www.vigile.net/UE-un-projet-neo-colonisateur-de-l]Pourquoi je suis un farouche opposant au projet de
l'Union Européenne (publié à Vigile.net).

Jean-Louis Pérez


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    Un avertissement pour le Québec ?
    Et quel est le message ?
    Ma propre lecture est que les dettes souveraines ne peuvent que croître suite à l'abandon du pouvoir d'émission de la monnaie aux mains des banquiers.
    Pourquoi le Canada (et le Québec) doit-il émettre des obligations ou emprunter à des syndicats banquiers (lire cartels) pour soutenir ses comptes courants alors que les impôts ne suffisent. Il n'a pas l'argent. Les banquiers non plus. Les banquiers prêtent de l'argent qu'elles n'ont pas en inventant de nouvelles entrées dans leurs comptes. La seule limite est celle imposée par la réserve fractionnaire, constituée des dépôts réels. Elle tirent leurs quote-parts via les intérêts versés et leurs clients se débattent pour rembourser le capital qu'ils n'ont même pas sorti physiquement de la voûte prêteuse.
    En conséquence, le système capitaliste est un dipôle économique constitué par le système financier source de monnaie et l'État qui soutient la société avec différentes fonctionnalités qui obligent les immobilisations monétaires. L'état est une cuvette financière ("sink" ou égout). Les citoyens sont placés entre les banques et l'état. Les plus rationels essaient de maintenir un état stationnaire pour éviter la faillite personnelle. Un équilibre entre dépenses et revenus.
    Si l'état retrouvait sa prérogative régalienne d'émettre l'argent, il pourrait se passer des syndicats bancaires.
    Sa propre monnaie est un incitatif pour une économie autarcique. C'est là le véritable instrument de l'indépendance.
    Si nous pouvions emprunter directement à la Banque du Canada, nous allègerions notre problème en coupant sur les intérêts versés.
    À défaut de quoi, il est urgent de devenir indépendant pour adopter notre propre politique bancaire avant toute autre chose.
    Thomas Jefferson se méfiait des banquiers. Il avait un problème que l'agence qui émettait la monnaie américaine fusse une institution subordonnée à la Banque d'Angleterre.