Il est bien loin le temps où le maître accueillait tout sourire par leur prénom ses élèves à la porte de la classe tous les matins. Il est bien loin le temps où les élèves prenaient place à leur pupitre au son de la cloche en silence. Il est bien loin le temps où la grammaire et le dictionnaire faisaient partie intégrante du cours de français. Il est bien loin le temps où la bonne vieille dictée initiait quotidiennement les élèves aux méandres de la langue française. Il est bien loin le temps où le maître inspirait le respect de la part des élèves. Il est bien loin le temps où la discipline incarnait le modus vivendi de la gestion de classe. Il est bien loin le temps où les parents et les maîtres se concertaient eu égard à l’éducation des jeunes.
Puis le temps est passé, accumulant au fil des décennies réformes par dessus réformes. Aujourd’hui, il est venu le temps de l’écoute des besoins des élèves, des apprenants qui laissent leurs attentes se manifester à tout moment, reléguant la discipline aux oubliettes. Aujourd’hui, il est venu le temps de la violence des élèves envers les professeurs. Aujourd’hui, il est venu le temps des gadgets électroniques et de l’intelligence artificielle qui ont enfoui grammaires et dictionnaires au fond des tiroirs. Aujourd’hui, il est venu le temps des élèves à besoins particuliers pour qui le personnel spécialisé manque cruellement à l’appel. Aujourd’hui, il est venu le temps des tensions entre les parents et les professeurs dont l’autorité est vertement critiquée à la faveur de leurs enfants.
Aujourd’hui, l’élève s’érige en roi et maître. L’école est devenue un milieu de vie où règne la primauté de la libre expression de l’élève, laissant l’autorité du professeur derrière le rideau de scène et les élèves les acteurs principaux. Mais, diantre, qu’attendons-nous pour remettre à leur place respective les pièces sur l’échiquier et redonner à l’école sa vocation première, à savoir communiquer des connaissances à des apprenants dans un climat propice à l’apprentissage? Il en va de l’avenir de notre jeunesse québécoise qui s’enlise sans coup férir dans un monde imaginaire où règne un univers illusoire où le sens de l’effort a perdu ses lettres de noblesse.
Henri Marineau, Québec
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