L'exception québécoise selon André Pratte

GESCA et les "affaires"


Il y a quelques jours, je vous disais que de plus en plus de Canadiens se posent des questions sur le bien-fondé du multiculturalisme. Il suffit de lire les commentaires publiés sur les sites Internet des quotidiens anglophones pour s'en apercevoir : un nombre grandissant de Canadiens sont en train de se rendre compte que sur le dossier des accommodements, ce sont les Québécois qui ont raison.
Le Québec «trop émotif»
Cette tendance a échappé à André Pratte.
Cette semaine, sur Cyberpresse, l'éditorialiste en chef de La Presse signait un texte sur l'augmentation de la population musulmane au Canada. Il terminait son édito de cette façon :
"Les débats sur les accommodements raisonnables et le multiculturalisme, qui portent notamment sur les relations entre les musulmans et les autres Canadiens, sont donc loin d'être terminés.
«Espérons toutefois qu'ils se tiendront avec plus de modération, de réflexion et moins d'émotion brute que ce qu'on a vu au cours des dernières années, en particulier au Québec.»

En d'autres mots : en ce qui concerne les accommodements, les Canadiens «réfléchissent avec modération», alors que les Québécois se contentent de «réagir émotivement».
Bref, nous sommes hystériques, alors que les Canadiens sont posés, rationnels et modérés.
(Comme l'écrivait Michèle Ouimet la semaine dernière, c'est probablement dû à notre «vieux fond xénophobe»)
La fondation Trudeau
Le plus drôle est que quelques heures avant de lire ce texte, je discutais avec le politologue Christian Dufour.
Le 27 janvier, Christian Dufour a participé à un colloque sur le pluralisme religieux et l'immigration, organisé par la très «canadian» Fondation Pierre Elliott Trudeau.
Devant plusieurs membres de l'élite anglophone (dont Paul Wells, chroniqueur au MacLean's, et Michael J. Bryant, ex-procureur général de l'Ontario), le politologue a défendu avec fougue la «position québécoise», qui est très sceptique et très critique envers le multiculturalisme et la politique des accommodements.
Comment ont réagi la plupart des personnes présentes ? Ont-elles fustigé Monsieur Dufour ?
Non : elles ont dit que le Québec pouvait être fier d'avoir été capable de mener de façon aussi civile ces débats difficiles, mais nécessaires. Elles ont aussi dit qu'il serait bon que le reste du Canada s'inspire d'une démarche comme celle de la commission Bouchard-Taylor.
Bref, tout le contraire d'André Pratte...
En France aussi
Caroline Fourest pense la même chose.
Dans La dernière utopie, un essai brillant qui a été salué par l'ensemble de la presse européenne, cette intellectuelle française, loin de critiquer le «manque de réflexion» et la «trop grande émotivité» des Québécois sur la question des accommodements, salue au contraire notre courtoisie et notre lucidité.
Oui, il y a eu quelques dérapages pendant la commission Bouchard-Taylor, dit-elle, mais en gros, le débat, au Québec, a été mené avec beaucoup de civisme et de respect.
Contrairement à ce qui s'est passé en France.
Une analyse méprisante
Je ne sais pas ce qui se passe à La Presse, mais à lire certains journalistes, les Québécois sont xénophobes, frileux et incapables de réfléchir intelligemment aux questions identitaires.
Je suis désolé, mais je ne souscris absolument pas à cette analyse.
Je la trouve méprisante et odieuse.


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