De «gratteux» à «gaspilleux»

Édito "toxique" (dissimuler le facteur principal - cupidité du système bancaire - dans une énumération de banalités)



Au Québec, les ménages ne mettent de côté que 2% de leur revenu disponible; c'est 10 fois moins qu'il y a 30 ans. De plus, le taux d'endettement atteint de nos jours des niveaux records. Ces tendances, qui ont cours aussi dans le reste du pays et aux États-Unis, inquiètent les autorités. Lundi dernier, la sous-gouverneure de la Banque du Canada, Agathe Côté, a souligné «le risque qu'une dégradation des conditions économiques, en entamant la qualité des prêts octroyés aux ménages, se transmette à l'ensemble du système financier». Quelques jours plus tôt, James Callon, surintendant des faillites au Canada, mettait en garde les Canadiens contre les «conséquences possibles de l'endettement», notamment une impasse financière provoquée par la perte d'un emploi, une maladie ou une dépense imprévue.
Toutefois, les consommateurs eux-mêmes ne semblent pas très inquiets. Le sondage CROP que nous publions aujourd'hui laisse penser que même si un tiers des Québécois interrogés peuvent être considérés très endettés, ils sont peu enclins à rectifier le tir. Les gens semblent croire qu'il leur serait facile de sortir du trou; il suffirait de moins sortir au restaurant...
Alors que le vieillissement de la population s'accélère, les Québécois semblent bien mal préparés, financièrement, à leur retraite. L'étude publiée par Claude Castonguay (CIRANO) montre que les prestations des régimes publics de retraite sont très insuffisantes, tandis que relativement peu de Québécois bénéficient d'un régime complémentaire. Enfin, ceux qui ont contribué à un REER ont souvent amputé le capital amassé pour payer des rénovations ou des dépenses courantes.
Comme le souligne Alain Dubuc ci-contre, la diminution de l'épargne au profit de la consommation et de l'endettement est un d'abord un phénomène culturel. Autrefois, l'épargne était une vertu. Aujourd'hui, celui qui met de l'argent de côté au lieu d'accumuler les cartes et les marges de crédit est perçu comme un «gratteux». Notre obsession pour la «qualité de vie» nous mène à des choix contradictoires, voire risqués: travailler moins, prendre sa retraite tôt et consommer davantage. Quant à nos vieux jours, on compte sur l'État pour trouver une solution... sans douleur.
Les institutions financières font elles aussi preuve d'irresponsabilité; on le constate dans le domaine des prêts hypothécaires (lire le reportage de Louise Leduc dans ce cahier). Là, il n'est évidemment pas question de culture mais de profits.
Nous souhaitons, à l'instar d'Alain, que le temps, l'éducation et la réglementation convaincront les Canadiens d'être plus prudents. Toutefois, il se peut que seule une crise, comme celle qui s'est produite aux États-Unis, soit suffisante pour les éveiller à la nécessité de réduire leur endettement et d'épargner.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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