Après les affres du Parti libéral de Jean Charest, après l'abandon total du Québec par les sbires du gouvernement Harper, après la déconfiture des députés du NPD suivant le décès de Jack Layton, les temps ont changé et l'heure est venue de relever nos manches afin de reprendre le travail laissé en plan par René Lévesque.
Et c'est à Gilles Duceppe que revient le rôle de reprendre le bâton de pèlerin pour faire accéder le Québec à son autonomie politique. Après des années de labeurs infructueux sur la scène fédérale, il est temps pour lui de prendre la direction du Parti québécois et de mener ce parti, aujourd'hui vagabond, à la victoire. Mais cette victoire ne devra pas être celle visant, comme dans le passé, une saine administration d'une province comme une autre, mais bien celle, définitive, de la prise en main de tous les pouvoirs politiques.
Pourvu d'une longue expérience sur la scène fédérale, lui mieux que quiconque pourra avaliser les mécanismes propres aux aspirations politiques du Québec. Fort d'une nouvelle entité politique, le Québec sera alors mieux armé pour faire face aux défis technologiques et économiques du futur. Mais d'abord, Gilles Duceppe devra transformer le Parti québécois pour en faire le parti des gens d'ici pour tous les gens d'ici. Et il ne s'agit pas d'une utopie. Depuis plusieurs années déjà, les anglophones et les allophones du Québec ont compris l'importance d'un Québec fort sur l'échiquier mondial et ont accepté d'en devenir les composants.
L'heure n'est donc plus aux dissensions et au dénigrement. Collectivement, nous avons dépassé ce stade et sommes mûrs pour autre chose. Non pas une indépendance pure et simple, non pas, non plus, une bébête et quelconque souveraineté (on n'a que faire aujourd'hui des souverains), mais une nation nouvelle riche et sûre d'elle-même et fière de s'afficher au niveau international. Et elle le sera, non plus uniquement comme nation francophone, mais comme entité multiethnique progressiste et avide de rapports aux autres. Dans le magma anglo-américain, seule une telle attitude d'ouverture pourra nous permettre de nous maintenir sainement à la fois par rapport à nos voisins du sud toujours en quête d'alliances et de nouveaux marchés, et aussi, par rapport au Canada anglais malheureusement refermé sur lui-même pour l'instant.
Ce n'est donc pas l'indépendance ou la souveraineté que nous demandons à Gilles Duceppe d'accomplir. Ces notions sont aujourd'hui révolues. C'est plutôt de redonner au Québec ce qui lui manque le plus présentement: tous les leviers politiques afin qu'il s'épanouisse pleinement. Que l'on s'appelle encore Canadiens, qu'on en garde encore le passeport ou qu'on en utilise la monnaie n'a pas d'importance en soi.
Nous n'en sommes plus aux symboles! Nous en sommes aux forces progressistes qui nous habitent et qui feront de nous ce que l'on sera comme nouvelle nation. Nous ne couperons pas le Canada en deux. Pour des raisons stratégiques évidentes, l'intégrité territoriale canadienne devra être sauvegardée. Nous ne nous y exclurons pas comme certains séparatistes l'auraient tellement voulu dans le passé. Grâce à nos nouveaux pouvoirs politiques, nous nous y affirmerons cependant totalement. C'est donc d'un tout nouveau partenariat Québec-Canada que nous parlons ici. Celui dont rêvait, bien avant son temps, René Lévesque.
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Pierre Desjardins - Philosophe
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