Lacoursière, Ariane - Même si l'Hôpital général juif de Montréal a été condamné, lundi, pour avoir une politique d'embauche discriminatoire envers les femmes, la direction de l'établissement s'est vertement défendue, hier, de choisir ses employés en fonction de leur sexe.
Dans son plus récent jugement, le Tribunal des droits de la personne a condamné l'Hôpital juif et son syndicat à payer 15 000$ à deux préposées aux bénéficiaires qui disaient avoir été écartées de leur travail simplement parce qu'elles étaient des femmes.
Quand Mary Smith et Jennifer Bennet ont voulu obtenir leur permanence, il y a quelques années, la direction de l'Hôpital juif a refusé de les embaucher sous prétexte que cela ne respectait pas sa "politique de sexualisation". Cette politique, qui a été adoptée conjointement par la direction de l'Hôpital juif et le Syndicat des employés en 1999, mentionne que les patients peuvent choisir de se faire prodiguer des "soins intimes" par un préposé du sexe de leur choix et que l'embauche peut aller en conséquence.
"Dans son jugement, le juge Pierre Audet a noté que les femmes sont fortement désavantagées par la politique de sexualisation de l'Hôpital. Elles font moins d'heures et elles ont moins de postes permanents", explique Robert Sylvestre, agent d'information au Tribunal des droits de la personne.
Le Tribunal a donc tranché: la politique de sexualisation de l'Hôpital juif ne respecte pas la Charte des droits et libertés car elle "compromet le droit de bénéficier de conditions de travail exemptes de discrimination". Le juge Audet somme l'Hôpital juif d'abandonner immédiatement sa politique de sexualisation.
La direction de l'Hôpital juif a vivement réagi, hier, en qualifiant cette décision de "décevante". "Nous déciderons au cours des prochains jours si nous porterons le jugement en appel", a déclaré la directrice des ressources humaines de l'Hôpital, Beverly Kravitz.
La directrice des soins infirmiers en médecine, gériatrie et psychiatrie, Isabelle Caron, à précisé que "la politique de sexualisation" de l'Hôpital n'a pas été adoptée pour répondre à des demandes religieuses. "C'était simplement pour s'assurer que nos patients soient traités avec dignité", a-t-elle assuré.
La directrice des soins infirmiers de l'Hôpital juif, Lynne McVey, a quant à elle martelé que son établissement ne fait aucune discrimination envers ses employés.
Plusieurs membres du Syndicat des employés ont montré à La Presse les derniers affichages de postes. Sur une feuille datée de 2002, on peut lire que l'établissement cherchait à combler un poste permanent de "préposé aux bénéficiaires (orderly)", le terme orderly désignant des préposés masculins.
Discrimination envers les femmes
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