Les règles de la course à la direction donnent du fil à retordre à l’état-major du Parti québécois. À un mois du rendez-vous de Sherbrooke, les membres de l’exécutif national attendent toujours le « cahier de scénarios possibles ».
Le groupe de travail « n’avait pas finalisé » — comme prévu — le document à temps pour la rencontre de l’exécutif national tenue vendredi dernier à Montréal, a appris Le Devoir. Pourtant, le temps file. En effet, la Conférence nationale des présidentes et des présidents du PQ (CNPP) doit débattre des règles de la course à la direction le samedi 4 octobre à Sherbrooke.
Le porte-parole du PQ, Dominic Vallières, a réaffirmé dimanche la « volonté assez claire » de la direction du PQ de soumettre « rapidement » différentes propositions afin d’encadrer la campagne au leadership. « Mais, il faut retourner chacune des pierres. Il n’y en a pas une qui ne sera pas retournée », a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique avec Le Devoir.
D’ailleurs, l’idée de « primaires ouvertes » suscite un débat passionné dans les rangs de la formation politique. Le nouveau président de l’aile jeunesse, Léo Bureau-Blouin, l’a appris à ses dépens au fil des derniers jours. L’ex-député — ouvertement en faveur — a échoué à rallier une majorité de jeunes derrière la proposition consistant à permettre à tous les Québécois adhérant aux valeurs sacro-saintes du PQ de dire leur mot dans le choix du prochain chef.
L’ancien député a invité les représentants régionaux à se ranger derrière la formule des primaires ouvertes le dimanche 17 août à Québec, mais ceux-ci ont exigé un temps de réflexion. Il est revenu à la charge quatre jours plus tard. Il s’est cette fois heurté à leur refus : 12 militants ont dit « oui », tandis que 13 de leurs confrères et consoeurs ont dit « non ». Ils ont majoritairement dit privilégier jeudi soir le maintien des règles prévues dans les statuts du PQ, lui infligeant un sérieux revers à la veille d’une rencontre de l’exécutif national.
Rappel à l’ordre
Plusieurs militants reprochent au nouveau président du Comité national des jeunes du PQ (CNJPQ) de « ne pas avoir consulté les jeunes » avant de défendre sur toutes les tribunes la formule des « primaires ouvertes ». « Ils ne l’ont pas pris », a affirmé un militant préférant garder l’anonymat.
Avant de prendre la barre du CNJPQ, M. Bureau-Blouin invitait effectivement le PQ à lancer un « signal d’ouverture » en offrant notamment la possibilité aux non-membres de participer à l’élection du prochain chef. « Ce type d’idées là peut permettre de se reconnecter avec beaucoup de jeunes, qui n’ont pas nécessairement le goût d’être membres d’un parti politique. […] S’ils se sentent par la suite représentés, ils pourraient devenir membres », avait-il déclaré, courtisant ouvertement les indépendantistes s’étant réfugiés à Option nationale depuis l’automne 2011. Le PQ doit se « réinventer », à défaut de quoi il disparaîtra de l’échiquier politique, martelait-il.
Désormais, Léo Bureau-Blouin devra théoriquement combattre l’idée des « primaires ouvertes », notamment à l’exécutif national du PQ où il occupe un siège — à l’instar de la vice-présidente aux affaires politiques de la CNJPQ, Stéphanie Tougas.
L’ancien député de Laval-des-Rapides avait été élu sans opposition il y a deux mois à la direction du CNJPQ, mais trois membres de son équipe avaient mordu la poussière. Ariane Cayer, élue sous la bannière de l’équipe « Léo Bureau-Blouin-Génération Oui », a marqué jeudi soir sa dissidence à l’endroit de son nouveau chef : elle a voté contre les primaires ouvertes. D’ailleurs, l’exécutif jeunes est fortement divisé sur l’idée d’inviter les non-membres du PQ à désigner le successeur de Pauline Marois (5 pour, 4 contre).
En séjour à l’extérieur du Canada, Léo Bureau-Blouin n’était pas disponible dimanche pour s’entretenir avec Le Devoir.
Rien n’est gagné
Le PQ fera connaître les règles de la course à la direction le 4 octobre, mais seulement si la CNPP balaie la formule inspirée des « primaires citoyennes » tenues par le Parti socialiste français en vue de l’élection présidentielle de 2012. Sinon, les membres du PQ seront appelés à se prononcer sur cette formule inusitée dans l’histoire de la formation politique à l’occasion d’un congrès spécial quelques semaines plus tard.
La convocation d’un congrès spécial — instance où toute modification des statuts du parti politique doit être débattue — devra être avalisée le samedi 4 octobre par au moins deux tiers des participants de la CNPP. Ainsi, les membres devront donner leur feu vert à la formule de primaires ouvertes (majorité simple), ainsi qu’à la tenue d’un congrès spécial (majorité des deux tiers) afin de donner de l’oxygène à l’idée mise sur la table par le député Alexandre Cloutier. À peine un tiers des participants à la CNPP — plus un — pourrait sceller le sort de la formule de primaires ouvertes tout simplement en faisant barrage à la tenue d’un congrès spécial.
Les leaders du club politique SPQ-Libre, Marc Laviolette et Pierre Dubuc, ont déjà annoncé leurs couleurs. Ils s’opposeront à la convocation d’un congrès spécial, ne jugeant « pas nécessaire » de modifier les statuts du PQ. Bref, rien n’est gagné pour les sympathisants d’une course à la direction « ouverte ».
COURSE À LA CHEFFERIE
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