L’irrésistible ascension de Denis Coderre comme « boss » de Montréal

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Il serait capable de nous faire regretter Tremblay...

Malgré Twitter, malgré Facebook, Denis Kodak, pardon Denis Coderre est un vieux politicien dans ce que le terme a de plus archaïque et traditionnel. Même les milieux d’affaires n’en veulent pas. Mais ça n’a pas d’importance: les Anglais et leurs alliés ethniques vont voter pour lui simplement parce qu’il est libéral et farouchement fédéraliste. À moins que…
Le futur maire de Montréal a commencé sa carrière politique par une série de défaites. Il a d’abord été battu dans Joliette par les conservateurs et dans Laurier-Sainte-Marie par Gilles Duceppe. Il se présente dans Bourassa en 1993… pour se faire battre par Osvaldo Nunez du Bloc québécois par une microscopique majorité de 51 voix. Mais il est convaincu que l’avenir est de son côté: le comté est «à lui» parce que 30 % de ses électeurs sont non-francophones ou ethniques.
En attendant, il est engagé au Groupe Polygone. Avec des contrats de 44 millions de dollars, le Groupe Polygone a été le plus important récipiendaire des contrats du programme des commandites. Luc Lemay, son PDG, a admis devant la commission Gomery avoir donné à Jacques Corriveau, le confident de Jean Chrétien, des commissions de 17,5 % sur les commandites obtenues, pour des événements qui, dans certains cas, n’ont pas eu lieu.
Coderre remporte finalement Bourassa en 1997. Depuis, il a été réélu à six reprises. L’inexorable démographie ethnique a fait son œuvre. La population non francophone s’est suffisamment accrue. Cette tendance lourde favorise maintenant l’accession de Coderre à la mairie de Montréal.
Lino Zambito et plusieurs autres individus et entités qui ont défilé devant la juge Charbonneau ont contribué, tout à fait légalement et par chèque s’il-vous plaît, à faire élire Coderre dans Bourassa où l’oncle de Zambito organisait ses élections. La famille du très respecté ancien ministre de la famille, Tony Tomassi, était aussi parmi ses plus chauds partisans. Alors qu’il était ministre de Chrétien, Coderre a reçu au cours des années un petit 35 000 $ de Dessau-Soprin, et des milliers d’autres dollars de CIMA, de SNC-Lavalin et autres Triax pour ses élections. Tout cela en parfaite, tranquille et transparente légalité. «Un chum, c’est un chum.»
Simple député, toujours en 1997, il connait des difficultés matrimoniales. Son ami intime Claude Boulay du groupe Everest lui permet de s'installer gratuitement, pendant six semaines dans un condo qui lui appartient. Lorsque le groupe Everest obtient un contrat de 500 000 $, du ministère dirigé par Coderre, le Bloc Québécois l’accuse d’avoir favorisé Boulay. Il a répondu qu’il n’en avait pas le pouvoir.
On a aussi appris que Coderre a accepté des billets pour la loge du Centre Bell de Jean Lafleur, qui va écoper de 40 mois de prison à cause des commandites. Au juge Gomery l’ancien directeur général du Parti libéral du Canada section Québec, Benoît Corbeil, lui aussi condamné à une peine d’emprisonnement, parle de pratiques douteuses dans plusieurs circonscriptions libérales, dont celle de Bourassa.
Alors que Coderre était directeur général adjoint du Parti libéral du Canada – section Québec, le «Beu de Matane» Marc-Yvan Côté, dont on a de nouveau entendu parler devant la juge Charbonneau, s’est joint à l’organisation. Côté a reconnu à Gomery avoir reçu du PLC 120 000 $ cash dans des enveloppes pour financer la campagne électorale de 1997 dans les 21 comtés sous sa responsabilité.
Malgré tout, le rapport de la commission Gomery ne parle pas de Coderre. Il le répète à satiété, ces temps-ci. Normal. Coderre ne voit rien, ne sait rien, n’entend rien de ce qui se passe autour de lui: il est trop occupé à dire n’importe quoi. Comme le maire Tremblay, il n’absolument rien à se reprocher. Un point, c’est tout.
Déjà en sciences politiques à l’Université de Montréal, Denis Coderre disait à tout le monde qu’il allait devenir premier ministre du Canada. Après la défaite historique du parti libéral en 2011 et l’extraordinaire montée de Trudeau depuis, il n’y croit plus. Amère déception. Mais Denis Coderre rêve toujours de devenir chef de «quek’chose.»
Le programme de Denis Coderre, c’est Denis Coderre. Il est le candidat de la continuité libéral. C’est pour cela qu’il va être élu par ceux qui décident à Montréal: les Anglos et leurs alliés ethniques. Vive le nouveau «boss rouge comme une feuille d'érable» de la métropole du Québec. Tout ce que Coderre peut craindre vraiment est que certains de ses ennemis, qui ont la mémoire longue, se mettent à parler…
Montréal, comme d’ailleurs le Québec, n’est pas, en 2013, à conquérir, mais à ramasser. Denis Coderre est le symptôme du mal qui nous ronge. Une triste indication de la fatigue culturelle du Canada français, pour reprendre la fameuse expression d’Hubert Aquin.
L’état de délabrement moral et politique de la société québécoise est lamentable. Le Québec, après avoir assassiné sans raison le Bloc Québécois, s’apprête maintenant, avec la même insouciance morbide, à réaliser le tiercé libéral parfait: Coderre à Montréal, Couillard à Québec et Trudeau à Ottawa.
Voilà où nous en sommes rendus...


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