L'ivraie et le bon grain

Une parabole pour notre temps

Tribune libre

L'ivraie est une graminée, comme le blé, le seigle et l'orge. Elle pousse au milieu des moissons sous tous les climats. Si la tige et les épillets la différencient de l'épi de blé, lors de la récolte, il n'en est pas de même lors de la croissance en herbe, ni pour les graines. Elles se confondent avec les autres céréales au moment de la récolte. Leur mélange avec le bon grain communique des qualités malfaisantes à la farine, car les graines possèdent un principe toxique, un alcaloïde agissant sur le système nerveux et digestif. Elle pouvait donner une sorte d'ivresse. De là viendrait son nom populaire ébraica (ébriété), qui a fait notre mot ivraie. Autre expression issue ce texte : semer la zizanie. Mot d'origine sémitique, transcrit en grec : zizanion
Dans la littérature ancienne on retrouve une parabole qui cherche à expliquer les deux grandes forces qui se disputent le destin du monde. Déjà, tout récemment, G.W. Bush, ex-Président des États-Unis, nous a donné son explication : « ceux qui sont avec nous appartiennent aux forces du Bien et ceux qui sont contre nous appartiennent aux forces du Mal. » Pour lui les forces du bien, constituent « le monde libre » ou encore « le monde civilisé ». Par contre les forces du mal sont celles qui sont regroupées autour des terroristes (comprendre tous ceux qui ne sont pas avec lui) auxquels sont identifiés un certain nombre de pays. C’est dans ce contexte que j’ai voulu en savoir plus sur ce récit ancien de la Parabole du bon grain et de l’ivraie. Son auteur, Jésus de Nazareth, avait l’habitude de parler en paraboles, mais ses disciples n’arrivaient pas toujours à les déchiffrer. Alors, ils lui demandaient de leur en révéler le sens.

D’abord la Parabole " Il en va du Royaume des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé. Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi. S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent : Maître, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie ? Il leur dit : C'est quelque ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui disent : Veux-tu donc que nous allions la ramasser ? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé . (Mt. 13, 20-29)
L’explication de la parabole « Celui qui sème le bon grain c’est le Fils de l’homme. Le champ, c'est le monde ; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume ; l'ivraie, ce sont les sujets du Mauvais. l'ennemi qui la sème, c'est le Diable ; la moisson, c'est la fin du monde ; et les moissonneurs, ce sont les anges. De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde : le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité , » (Mt. 13, 34-41)
COMMENTAIRES : En raison de l’importance du personnage qui utilise cette Parabole pour faire comprendre l’affrontement entre les deux grandes forces qui se disputent l’avenir de l’humanité, il est important de dégager ce que représente ce Royaume dont il parle. Déjà son Sermon sur la montagne, que l’on appelle également le Sermon sur les béatitudes, nous en dit passablement sur ce Royaume. Je me permets de relever certains extraits;
« "Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux les doux, car ils posséderont la terre. Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux. » (Mt. 5, 3-10)
"Mais malheur à vous, les riches ! car vous avez votre consolation. Malheur à vous, qui êtes repus maintenant ! car vous aurez faim. Malheur, vous qui riez maintenant ! car vous connaîtrez le deuil et les larmes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ! C'est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes." (Luc, 6,24-26
)
Dans le livre de l’Apocalypse, il y a également des références qui parlent par elles-mêmes
« Mais les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l'étan g brûlant de feu et de soufre : c'est la seconde mort." (Apoc. 21, 8)
CONCLUSION : Une projection de cette parabole sur les temps que nous vivons et sur les diverses forces qui s’y affrontent nous sort complètement de cette division du monde que nous présente l’Empire, "les civilisés". Même si elles se réclament de dieu, même si elles remplissent les églises, elles sont trahies par l’avidité qui les nourrit, par les armes derrière lesquelles elles se cachent et avec lesquelles elles oppriment, par les mensonges qu’elles dissimulent sous les apparats de la vérité. Je pourrais ajouter par cette haine qu'elles développent à l'endroit de tous ceux et celles qui lui font obstacles.
Croyants ou non croyants, la vérité est ce qu’elle est, et dans le cas présent les envahisseurs, les faiseurs de troubles dans le monde, sont ceux-là mêmes qui sont marqués du sceau de l’avidité, de l’ambition sans borne, de domination par la force des armes et surtout par le MENSONGE qui leur colle à la peau comme une seconde nature.
Par contre les artisans d'un monde nouveau, fondé sur la solidarité, le partage, la vérité et la justice, font partis de ces semences qui portent la vie. J'y reconnais le peuple du Honduras qui a résisté et résiste toujours dans la non violence à des usurpateurs de pouvoir qui persécutent et assassinent.
Moi, j’y crois à cette parabole.

Oscar Fortin
Québec, le 17 janvier 2010
http://humanisme.blogspot.com

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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