La barre est haute pour Québec

Québec 400e - imposture canadian



Lemieux, Julie - LA ROCHELLE - De l'émotion brute, de la poésie, de la beauté, du rêve... La Rochelle a déclaré officiellement son amour à Québec, hier. Et Québec a de la pression sur les épaules pour lui prouver avec la même éloquence qu'elle l'aime tout autant.
Les chicanes politiques ont peut-être assombri cette gigantesque fête du 400e à Québec. Mais elles n'avaient aucune prise sur les 30 000 personnes qui s'étaient amassées partout sur les rives des ports de La Rochelle pour profiter du moment présent. Un moment intense, magnifique, empreint de solidarité et de fraternité. Un moment qui donnait des frissons, qui faisait chaud au coeur, d'autant plus qu'il avait pour cause le 400e anniversaire de Québec.
Il fallait voir tout ce monde à perte de vue sur les rives, sur les toits, sur les balcons. Des gens qui applaudissaient, qui chantaient, qui savouraient la beauté du décor. Il fallait voir le Belem voguer doucement, majestueusement entre les deux tours de La Rochelle, et mener ensuite les 48 bateaux de la Grande traversée vers le large, vers l'inconnu, vers Québec. Impossible de rester de marbre devant ce spectacle qui n'aurait jamais eu lieu si Samuel de Champlain n'avait pas fondé cette ville il y a 400 ans.
Il y a eu des chants d'enfants, qui ont interprété Tant d'histoires, la supposée chanson-thème du 400e, ou encore Il me reste un pays de Gilles Vigneault. Il y a eu la voix sublime d'une soliste qui a accompagné le départ des bateaux vers un nouveau monde. Il y a eu ce saxophoniste qui a entonné Gens du pays au début du spectacle et qui a fait danser les coeurs déjà chavirés par tant de beauté. Et il y a eu cette image sublime des bateaux qui filent lentement vers la mer, de ces gens qui ont choisi d'aller au bout de leurs rêves, contre vents et marées. Bouleversant.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que La Rochelle a déroulé le tapis rouge pour le 400e de Québec. Un événement d'envergure qui a fouetté l'orgueil de la délégation de la capitale... Le maire Régis Labeaume a d'ailleurs lancé à la blague qu'une réunion d'urgence allait avoir lieu la semaine prochaine pour s'assurer que l'accueil à Québec de la Grande traversée allait être à la hauteur de cette fête. "Je suis un être orgueilleux!", a-t-il badiné.
Le maire de La Rochelle, Maxime Bono, était lui-même ému de cette grande participation. "Je crois qu'il serait très injuste de ne pas être content. La Rochelle est habituée à des grandes fêtes populaires, mais celle-ci est vraiment l'une des plus belles. Moi-même, j'ai été surpris. Voir le Belem entrer pour la première fois entre les tours de La Rochelle, assister à ce moment émouvant où les 48 bateaux ont quitté le chenal pour rejoindre le Saint-Laurent... Ce sont des instants qui font chaud au coeur", a-t-il soutenu.
Le commissaire des Fêtes du 400e en France, Jean-Pierre Raffarin, a soutenu que cette fête avait beaucoup de profondeur, malgré les tiraillements politiques. "Les gens ici veulent célébrer une amitié. Ils ne veulent pas entrer dans quelque polémique que ce soit. Il y a assez de polémiques en France! Je dois dire de toute façon que dans notre drapeau, on a du bleu et on a du rouge. Il n'y a donc pas de problème!"
La gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a elle aussi été touchée par la fraternité qui se dégageait de ce jour mémorable et l'a répété maintes fois au cours de la journée. Une journée qui a commencé dans l'émotion et qui a fini dans l'émotion. La fébrilité a en effet gagné très tôt le village du 400e et les participants de la Grande traversée. Partout sur les quais, on sentait la nervosité.
"On commence à être fébrile. J'ai envoyé quelques courriels à ma famille et mes amis un peu plus tôt... C'est énervant et en même temps, j'ai hâte de sortir de la foule et de me retrouver sur l'océan, dans le silence", explique Yves Dion, l'un des quelques marins de Québec qui prennent part à cette expédition. Une autre Québécoise, Annick Dumas, avait elle aussi hâte d'être enfin en mer après des mois de préparation. "C'est une belle nervosité", a-t-elle dit, quelques minutes avant le grand moment.
Les 48 bateaux arriveront à Gaspé à la mi-juin et s'arrêteront dans quelques villes riveraines avant d'amarrer à Québec pour la Saint-Jean-Baptiste. Le Belem s'arrêtera pour sa part à Bordeaux avant d'arriver dans la capitale pour les célébrations du 3 juillet.


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