Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, voit son entourage politique immédiat frappé d’interdiction d’entrée sur le territoire américain :
« Un signe supplémentaire de l’irritation de Washington envers M. Orban, ouvertement critiqué désormais par les autorités américaines pour ses limitations des libertés démocratiques, mais aussi pour ses déclarations en faveur de la Russie durant la crise ukrainienne. » [1]
Mais peut-être aussi pour cette autre raison :
« Au cours de la réunion de l’Asia-Europe meeting (ASEM) à Milan, la semaine dernière, le Premier ministre hongrois a poussé à ce qu’un maximum d’accords de libre-échange soit établi entre l’Union européenne et les pays asiatiques, prétendant que les exportations seraient favorisées si ‘ces activités n’étaient pas pénalisées par des droits de douane’. Viktor Orban a souligné que les participants ont fait référence aux deux continents, comme à une seule unité. Leurs économies devraient être intégrées par le développement d’infrastructures, d’accords de libre-échange et d’investissements réciproques. Relier ces économies est bien plus important que d’essayer de s’en prendre aux modèles de gestion anti-crise de pays spécifiques, a-t-il insisté. » (Allusions évidentes à l’interventionnisme européen et américain dans les affaires intérieures hongroises, NdT) [2]
Encore plus sûrement, par cette déclaration d’Orban, qui remonte à fin juillet :
« Le Premier ministre Hongrois Viktor Orban a dit qu’il voulait abandonner la démocratie libérale en faveur d’un « État illibéral », en citant la Russie et la Turquie comme exemples.
La crise financière globale a montré que « les États démocratiques libéraux ne sont plus globalement compétitifs », a déclaré Orban le 26 juillet lors d’un séminaire avec des dirigeants hongrois à Baile Tusnad en Roumanie.
« Je ne pense pas qu’être membre de l’Union européenne nous empêche de construire un nouvel État illibéral, basé sur des fondations nationales », a dit Orban dans une vidéo de ses discours trouvée sur le site du gouvernement. Il a nommé la Russie, la Turquie et la Chine comme exemples de nations « ayant réussi, alors qu’aucune d’elle n’est libérale et que quelques-unes ne sont même pas démocratiques ». [3]
Cette irritation américaine a empiré depuis, puisque le 24 septembre dernier :
« Le discours du président américain Barack Obama à la Clinton Global Initiative, une organisation, dont le but est de trouver des solutions aux problèmes mondiaux les plus importants, a créé une forte émotion en Hongrie. En parlant de l’état des sociétés civiles mondiales et des organisations non gouvernementales, il a exprimé son inquiétude que « de la Hongrie à l’Égypte, des régulations sans fin et une intimidation évidente ciblent de plus en plus la société civile » [Il faut noter que maintenant société civile est le mot politiquement correct employé pour dire ONG à but politique financé par…, NdT] [4]
Dans le même discours :
« Obama a aussi accusé la Russie, la Chine, le Venezuela, l’Azerbaïdjan et l’Égypte d’intimider les organisations civiles.
Depuis juin, les autorités hongroises ont enquêté sur quelques 60 organisations non gouvernementales financées par l’étranger est suspectées de « se mêler de politique hongroise » ainsi que d’activités criminelles.
En juillet, le Premier ministre hongrois, qui a été accusé de dérive autoritaire depuis 2010 qu’il est au pouvoir, a dénoncé quelques ONG comme des « activistes étrangers rémunérés » [5]
Et, comme d’habitude, dans la foulée des sanctions américaines, l’Europe suit fidèlement puisque :
« Le parlement européen tiendra un débat en séance plénière mardi prochain à Strasbourg sur la situation en Hongrie, ont prévenu la délégation hongroise et le Parti du peuple européen. La décision fut prise après un vote majoritaire des députés de gauche, ajoutant que la gauche hongroise a subi une lourde défaite aux dernières élections locale et cela pour la troisième fois de suite, et donc ‘ils se tournent vers leurs alliés européens pour prendre leur revanche dans l’arène bruxelloise’. » [6]
A suivre donc mardi prochain 21 octobre pour le résultat de ces débats.
En attendant, et pour comprendre plus en profondeur la réaction occidentale à cette (re)prise d’indépendance hongroise, on peut se référer à Wikipédia :
Après la chute de l’Union soviétique en 1991, la Hongrie rejoint le giron de l’Europe occidentale, rejoint l’OTAN en 1999 et l’Union européenne le 1er mai 2004. Avec la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, elle forme le groupe de Visegrád.
Alors que les deux décennies de la transition sont marquées par un jeu politique équilibré entre la gauche et la droite à la tête du pays, le parti conservateur Fidesz-MPSz remporte les élections parlementaires à une écrasante majorité au printemps 2010. Marginalisés, les partis progressistes MSzP et LMP ne parviennent pas à empêcher le Premier ministre Viktor Orbán de faire adopter, le 18 avril 2011, par l’Országgyulés une nouvelle loi fondamentale. Entrée en vigueur le 1er janvier 2012, elle inscrit dans le marbre de nombreuses dispositions très conservatrices. Ce changement constitutionnel s’accompagne d’un activisme législatif très important permettant un remodelage profond de l’organisation institutionnelle et politico-administrative du pays et laissant entrevoir le retour d’un État fort. [7]
Pour résumer ces quelques brèves, je dirais qu’en Russie, en Chine, au Venezuela ou en Égypte, aussi maintenant en Hongrie, des gouvernements forts, issus d’élections démocratiques, des gouvernements renforcés par chacune de ces élections démocratiques, prennent des dispositions de surveillance (pas encore d’interdiction) contre des organisations non gouvernementales occidentales mises en place pour les déstabiliser par le moyen de révolutions colorées ou autres stratagèmes, et que, en rétorsion, les gouvernements occidentaux utilisent maintenant les sanctions comme mesures de représailles. Mais la grande différence entre la Hongrie et les autres États rebelles, c’est qu’elle fait partie de l’Union européenne et de l’OTAN.
Depuis la chute du système communiste, le système démocratique libéral faisait référence comme modèle de réussite universel. Aujourd’hui, il commence à perdre de son lustre auprès, non seulement de ses populations, mais aussi de quelques dirigeants dans le monde, élus et soutenus par ces mêmes populations. Tout cela, alors que beaucoup de gouvernants de démocraties libérales ayant réussi ont des taux de satisfaction dans les sondages au ras des pâquerettes, et ne tiennent que par le soutien des médias à leur botte (subventionnés par le fameux argent du contribuable et par des industriels ou financiers ayant réussi), des médias qui passent leur temps à nous raconter les réussites économiques de ces gouvernants, leurs bienfaiteurs.
Wayan pour vineyardsaker.fr
Notes
[1] Hongrie : des proches de Viktor Orban dans le viseur de Washington (lemonde.fr, français, 18-10-2014)
[2] PM Orban calls for ‘Eastern Opening’ in Milan (hungarytoday.hu, anglais, 18-10-2014)
[3] Orban Says He Seeks to End Liberal Democracy in Hungary (bloomberg.com, anglais, 28-07-2014)
[4] Barracking for Viktor Orbán (budapesttimes.hu, anglais, 05-10-2014)
[5] Hungary’s Orban harshly criticized by Barack Obama for messing with people’s freedom (standartnews.com, anglais, 25-09-2014)
[6] Hungary remains under Fire in Brussels (hungarytoday.hu, anglais, 17-10-2014)
[7] Hongrie : Du Pacte de Varsovie à la construction européenne (Wikipédia, français)
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