La laïcité malmenée à l'Université Laval

Tribune libre


Nous avons appris récemment par les journaux et les médias québécois que l’imam Hamza Chaoui, à qui on reproche des propos allant à l’encontre de la démocratie et du principe de l’égalité hommes-femmes, avait étudié à l’Université Laval. Qui plus est, il a été souvent invité par l’Association des étudiants musulmans à prononcer des prêches dans cet établissement universitaire. Devant ces faits, il convient de rappeler ce qu’est l’université et quelles valeurs une telle institution doit défendre dans une société moderne.
D’entrée de jeu, réaffirmons haut et fort que l’institution universitaire appartient à la sphère du savoir et non à celle du croire. La recherche et l’enseignement universitaires reposent sur la raison et non sur la foi. C’est l’édification rationnelle du savoir et sa transmission rigoureuse qui fondent l’université moderne. En tant que principaux promoteurs du rationalisme scientifique, les établissements universitaires ne doivent soutenir d’aucune manière les croyances religieuses en leur enceinte. Force est de constater cependant que de nombreux accommodements incompatibles avec le principe de la laïcité sont actuellement consentis à l’Université Laval pour favoriser les croyances et les pratiques religieuses.
Le Bureau de la vie étudiante offre aux étudiants un service dit de « vie spirituelle et religieuse ». Un conseiller du Bureau est chargé spécifiquement de ce service ; un prêtre catholique et un agent de pastorale sont également rattachés au Bureau de la vie étudiante. L’Université Laval va jusqu’à accorder des locaux au pavillon Lemieux pour la célébration de différents cultes. Les étudiants qui professent une confession ou une autre pourraient pourtant pratiquer sans problème leur foi en dehors du campus dans les divers lieux de culte qui existent à Québec. Le mandat d’une université n’est nullement d’attribuer ce genre de ressources à la promotion de la pensée religieuse, étant donné que celle-ci repose sur la croyance au surnaturel et sur des dogmes jugés incontestables, ce qui est en totale contradiction avec la pensée scientifique, essentiellement rationnelle et critique.
L’Université Laval reconnaît officiellement une dizaine d’associations étudiantes à caractère religieux dont l’Association étudiante catholique (AEC), Mosaïque Université (MU) (Église chrétienne évangélique), l’Association des étudiants adventistes de l’Université Laval (ADEA/UL) et l’Association des étudiants musulmans de l’Université Laval (AEMUL). On ne peut accueillir toutes sortes d’associations étudiantes à vocation religieuse sans s’interroger sur la nature même des doctrines que les religions en cause préconisent. Il est par exemple pour le moins inquiétant que l’Université Laval accrédite une association se réclamant de l’église évangélique dont la plupart des fidèles soutiennent le créationnisme, doctrine inconciliable avec les théories scientifiques sur l’origine de l’univers et de la vie. Un autre exemple d’un ordre différent mais tout aussi troublant est celui de la religion musulmane dont le sexisme et l’homophobie, encouragés par ses textes fondateurs que sont le Coran, la Sunna et la Charia, sont répandus dans la plupart des pays islamiques.
Dans son édition du 2 septembre 2014, le journal Le Soleil nous informait que la cafétéria du pavillon Desjardins-Pollack, maintenant administrée par la CADEUL, offre à son menu de la viande halal. L’Université Laval, par l’entremise de son association des étudiants du premier cycle, en est venue à accepter que des interdits alimentaires totalement arbitraires aient droit de cité sur son campus. Comment des universitaires peuvent-ils tolérer l’abattage rituel halal qui, en proscrivant l’étourdissement de l’animal, le laisse souffrir pendant une longue agonie et qui comporte en outre des risques pour la santé publique ? Ces méthodes d’un âge reculé sont sans aucun doute contraires à ce qui est enseigné à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Et c’est sans parler de la défense tout aussi irrationnelle de manger du porc sous prétexte qu’il s’agirait d’une viande considérée comme « impure » par la tradition coranique. Ce désir de plaire à tout prix aux adeptes d’une religion conduit à faire fi de la science.
Enfin, il est étonnant de lire à l’article 14 de la Charte de l’Université Laval que « [d]ans le secteur de la théologie catholique, le contenu des études et le choix du personnel enseignant respectent, quant à toutes les exigences d’un caractère canonique, les directives de l’autorité compétente de l’Église catholique romaine représentée par la personne qui exerce la fonction d’archevêque catholique romain de Québec. » Voilà une disposition totalement déphasée en regard de la sécularisation qu’a connue la société québécoise depuis les années 1960. Comment dans une université moderne peut-on admettre qu’un archevêque ait encore un droit de regard sur le contenu des études ainsi que sur l’engagement du personnel enseignant ?
Devant toutes ces entorses au principe de la laïcité, il apparaît impérieux que l’Université Laval rectifie son tir afin de mieux préserver le rationalisme scientifique et de se mettre au diapason de la société québécoise qui, depuis plusieurs décennies, s’est engagée résolument dans la voie de la laïcisation de son système d’éducation.
Claude Simard,
Francine Lavoie,
Yves Laframboise,
porte-paroles du groupe Laïcité citoyenne de la Capitale nationale


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2015

    C'est quoi ces histoires d'association étudiante musulmane accréditer dans les millieux d'enseignements ?
    Pourquoi pas aussi l' associations étudiante chrétienne de Laval ,l'association étudiante boudhiste de Laval etc
    Est ce que l'on vas avoir bientot le syndicat des travailleurs musulmans ?
    L'ordre des infirrmiers musulmans séparé pour des raisons religieuses de l'association des infirmieres musulmanes ?
    Toujours le prosélytisme religieux de l'islam partout.

  • Pierre Cloutier Répondre

    16 février 2015

    Si vous voulez avoir une petite idée pour savoir comment l'islam peut conquérir le pouvoir et mettre la main sur l'éducation nationale en France, particulièrement les universités, lisez le roman de Michel Houllebec : "Soumission" et vous allez sortit de cette lecture un peu assommé.
    Je ne nous souhaite pas pareil fléau. Pour le reste, je suis entièrement d'accord avec votre article. La laïcité est un minimum et j'irais personnellement beaucoup plus loin que le PQ en interdisant carrément tous les signes religieux ostentatoires dans l'espace civique, ce qui comprend, bien sûr les lieux d'enseignement.
    Pierre Cloutier