Sur l'examen national de français à faire subir aux immigrants: il faudrait préciser que le niveau de langue «approprié», c'est la langue de cheu nous. On n'est pas à Paris ou à Casablanca icitte!
L'immigré devra donc utiliser les expressions qui fleurent bon notre terroir; dire pantoute plutôt que pas du tout, tu-veux-tu plutôt que veux-tu et faire précéder toutes ses phrases de Écoute-moé ben. Surtout, il devra tutoyer tout le monde et appeler tout le monde par son prénom.
Pour l'immigré francophone, ce processus d'intégration nécessitera une certaine rééducation, mais la récompense est au bout de l'effort: il pourra enfin devenir conseiller municipal à Hérouxville!
Madame Marois donne trois ans aux immigrants pour apprendre le français. Merveilleux. Mais quel sort réserver à ceux qui auraient en même temps appris l'anglais? Ne faudrait-il pas prévoir ici une clause punitive?
Autre chose, que faire des immigrants qui auraient échoué au test de français? Certes, ils n'auront pas le droit de se présenter à des élections municipales, scolaires ou provinciales, ni de signer des pétitions. Mais cette sanction m'apparaît bien faible. N'y aurait-il pas lieu de leur faire porter un signe qui marquerait leur exclusion de la communauté? Disons une feuille d'érable rouge cousue sur le manteau? Mais bon, faisons confiance à Jean-François Lisée, l'architecte de ce nouveau projet collectif: en fine mouche qu'il est, il saura bien trouver une astuce pour résoudre ces petits problèmes.
Il n'y a pas que la langue, il y a les moeurs - ce qui fait que nous sommes nous, comme dirait Mme Marois. L'immigré devra aimer ce que le conseiller hérouxvillois André Drouin appelle «nos mets traditionnels». Il devra troquer le thé contre la bière, le tajine contre la poutine, et réaliser que la consommation de porc fait partie de notre identité nationale et qu'on ne trafique pas impunément les fèves au lard.
L'immigré devra cesser de s'habiller en noir pour aller à des funérailles, ici on y va en jean. Il sera fortement incité à ne pas se marier - ici, on s'accote - et à se conformer au modèle québécois en ne faisant pas d'enfants. D'ailleurs, à quoi bon? Comme le signalait une Trifluvienne à la commission Bouchard-Taylor: «Voulez-vous que vos filles portent la burqa?» Si l'immigré a des enfants, il devra leur faire quitter l'école le plus tôt possible pour qu'ils s'intègrent au grand flot des drop-out made in Quebec.
L'immigré devra suivre le courant. Ici, les filles ne portent pas de foulard, en fait, elles ne portent presque rien du tout: chandail-bedaine, mini-jupe, la moitié des seins et la moitié des fesses à l'air. Ce qu'elles perdent en textile, elles le gagnent en tatouage et en piercing - encore une marque bien visible d'identité nationale que la jeune immigrée se fera un devoir d'adopter.
Le contrat d'intégration devrait aussi contenir une clause où l'immigré s'engagerait à s'abstenir de «jeter de l'acide» (dixit M. Drouin) au visage de sa femme advenant qu'elle aurait laissé brûler le couscous. Pourrait-il tout de même lui donner quelques taloches, comme cela se fait parfois dans nos chaumières? M. Lisée saura sûrement trouver le juste compromis.
Chose certaine, on ne sera jamais assez précis dans l'élaboration de ce contrat d'intégration. Comme nous le rappelait sagement M. Drouin, toutes sortes de gens s'apprêtent à nous envahir. «Il y a des femmes qui ont été brûlées vives en France», disait-il à la commission. «Il n'y a peut-être pas de lapidation ici, mais il y en a dans d'autres pays, et il est possible que des gens de ces pays décident d'immigrer ici.»
Effectivement, il paraît que dans les faubourgs d'Islamabad et de Riyad, de plus en plus de gens rêvent de s'installer dans un coin tranquille à l'ombre des bouleaux. Grâce à la notoriété de son conseil municipal, Hérouxville pourrait bientôt devenir la nouvelle Mecque.
Les burqas sont à nos portes. Fermons les portes! On a déjà laissé entrer des masses d'immigrants, et nous voilà submergés... Ne répétons pas l'erreur. Comme dit M. Drouin, mieux vaut prévenir que guérir.
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La langue de «cheu nous»
Madame Marois veut que son projet de loi soit débattu. Voici donc, dans un esprit de service public, les amendements que je suggère.
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