Ce satané Lisée

Les zélateurs du grand soir, partisans de l’attentisme sans fin n’aiment pas les idées de Lisée

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue

Lorsqu’on carbure à l’eau tiède, les changements de température sont
insupportables, cela peut même provoquer le jaillissement subit de
multiples sources anonymes incapables autrement de s’extirper de leur
marécage trouble.
Jean-François Lisée est invité au salon des officiers,
il déplace les meubles, fait de l’ombre aux potiches, laisse des traces de
doigts sur les vitres de la bibliothèque et s’assoit sur le divan. Il en
fait trop et provoque montée de lait et mécontentement chez les zouaves
chargés de protéger le cénacle de l’immobilisme dont la devise est, bien sûr,
dépêchons-nous de ne rien faire. Imaginez un instant le drame: Lisée
pilote une idée avec laquelle la majorité est d’accord alors que ces petits génies
de la stratégie sans envergure veulent continuer en paix leur recette de
marinade avec la loi sur la sécurité routière.
Deux visions stratégiques diamétralement opposées s’affrontent et nous en
arrivons à cette situation saugrenue où ceux qui accusent Lisée
d’immobilisme sont justement les mêmes qui sont responsables de la
stagnation constitutionnelle du Québec. Les zélateurs du grand soir, partisans de l’attentisme sans fin, n’aiment pas les idées de Lisée, il
s’agirait d’une nouvelle forme d’étapisme. Encore une autre invention
idéologique sans queue ni tête comme si le gouvernement fédéral concèderait
des pouvoirs au Québec au fur et à mesure des demandes. Autant de mots
creux servant d’abord la rhétorique des faiseux de souveraineté et qui n’a
d’autre but que de servir aux guerres intestines.
Les électeurs en ont
assez, et la prestation misérable du PQ concernant le projet sur la sécurité
routière démontre que la priorité de ce Parti est de ronronner.
Il ne faut pas faire de bruit, et ce satané Lisée non seulement provoque un
débat dans la population mais sa stratégie est claire comme eau de source.
Il s’agit tout simplement pour le Québec d’exprimer la même volonté
politique qu’un État souverain. La dynamique est simple: un pays normal
peut prendre des mesures pour que les immigrants apprennent la langue du
pays d’accueil. Prendre les mêmes mesures au Québec et nous devenons
d’horribles fascistes. D’ailleurs c’est pour cette raison, la peur
maladive de l’insulte xénophobe, qu’au PQ on repousse la stratégie de
Lisée.
Pourtant cette stratégie est porteuse et d’aucune façon elle entre en
contradiction avec la tenue d’un référendum. Demain, après avoir constaté
l’impossibilité du Québec de prendre les décisions qui s’imposent pour
assurer l’avenir de sa langue en raison de son statut de province, d’autres
sujets seront abordés avec le même esprit pédagogique. Un exemple, les
lois rétrogrades de la droite albertaine en matière de criminalité
juvénile. Qu’est-ce qu’un Québec souverain ferait ? Et la défense
nationale ?
Le danger est évidemment le déchainement unanime des médias, ce que
craignent les politiciens; mais il y a un constat qui se confirme avec la
multiplicité de l’information: nos faiseurs d’opinion patentés ont de moins
en moins de prise sur les lecteurs.
Le Parti Québécois doit suivre le chemin stratégique de Lisée, c’est la
seule façon de provoquer des débats sur les mécanismes et les pouvoirs d’un
État souverain. Il n’est pas présomptueux de prétendre que cette démarche
puisse être un puissant motivateur créateur d’idées et qu’il aboutisse à un
référendum gagnant.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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4 commentaires

  • Dominic Desroches Répondre

    13 décembre 2007

    Cher Monsieur,
    bravo pour votre nouveau coup de gueule ! Vraiment, c'est assez puissant ! Il reste bien peu de choses à dire ensuite. Peut-être convient-il de vous poser seulement une petite question d'ordre terminologique : qu'est-ce qu'une rhétorique de faiseux de souveraineté ? Est-ce différent d'une rhétorique de faiseux d'opinions ? Pouvez-vous nous proposer une expression qui en serait synonyme ou, si c'est trop difficile, une qui en serait antonyme, c'est-à-dire contraire ? Pouvez-vous clarifier un peu plus votre pensée ? Qu'est-ce que la rhétorique pour vous ? Une affaire de méchants ?
    Dans l'espoir d'une réponse claire, je vous souhaite beaucoup du succès dans vos courts textes.

  • Raymond Poulin Répondre

    12 décembre 2007

    Lorsque des propositions comme celles de Lisée sont appuyées par une majorité substantielle des Québécois français et par une majorité absolue des Québécois anglais et autres, elles constituent des jalons importants dans une pédagogie de l'indépendance. Dans l'éventualité où elles deviendraient lois, comment les Québécois de toutes origines réagiraient-ils si Ottawa décidait de les désavouer? Poser la question, c'est y répondre. Et qu'arriverait-il si Ottawa ne bougeait pas? On avancerait d'un autre pas, jusqu'au clash final. Dans les deux cas, cela nous rapproche, au choix, d'une élection référendaire à la majorité absolue ou d'un référendum gagnant.
    Ce serait, dans les deux cas, nettement préférable à des élections référendaires ou des référendums perdants jusqu'à exhaustion à défaut d'avoir donné concrètement aux Québécois le goût de bouger. Certains indépendantistes semblent incapables de faire la différence entre l'étapisme à la Morin et une pédagogie de l'indépendance, qui ne consiste pas à se contenter de raconter à tout le monde l'histoire du Québec ou seriner à longueur d'année que le fédéral est bien méchant. Si c'était vrai, l'indépendance serait faite depuis longtemps. Les peuples se battent bien plus volontiers pour ne pas perdre ce qu'ils ont ou croient avoir que pour gagner ce qu'ils n'ont jamais eu.
    Comme tout mammifère, l'être humain est, en définitive, foncièrement conservateur. Pour l'ameuter, il faut d'abord lui proposer quelque chose de concret qu'Il puisse considérer essentiel de défendre ou de conserver. Encore faut-il des dirigeants éventuels capables de comprendre cela et d'agir en conséquence. Avant de convaincre le peuple de risquer, il faut d'abord des leaders qui risquent eux-mêmes leur carrière politique plutôt que de gérer à la petite semaine tout en faisant de grands discours tenant lieu d'avenir. Pour convaincre, il faut plus que parler: il faut faire.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 décembre 2007

    En quoi la proposition de Constitution du Québec change la donne stratégique. Pour s'en faire une idée et jugé de la pertinence stratégique de M. Lisée il faut avoir quelques notions de géopolitique (101).
    Entre le M Lisée de ''Sortie de secours'' et cette proposition de Constitution du Québec, il y a le fait que cette proposition suppose un acte d'état. Or seul l'état agit avec envergure. Et cela change tout. Fini l'attente '' des conditions gagnantes'' on passe ici à l'action et, avec un minimum d'effort on obtient le maximum d'effet: On débusque l'ineptie de M Charest et on reprend de M Dumont son ordre du jour qui porte sur la défense de l'identité Québécoise. Et le peuple apprécie l'initiative du deuxième parti d'opposition qui passe en tête des intention de vote.
    Mais surtout, cette proposition de Constitution du Québec vise à préciser les termes politiques et juridiques de l'état du Québec, exercice d'une grande valeur pédagogique qui vise à préciser rien d'autre que les contours d'un pays à venir: D' où la réaction paniquée des idéologues du fédéralisme et de sa médiacratie patenté.
    Mais comment expliquer la réticence des indépendantistes (Mme Legault) qui y voit là une stratégie qui place la souveraineté sur une voie d'évitement alors même qu'elle enclenche immédiatement une dynamique qui a des chances de nous y mener.
    Encore là la géopolitique peut nous aider à comprendre.
    Certains indépendantistes (qui n'ont pas fait leur Géopolitique 101) ont une vision Rationnel du politique : On vote majoritairement pour la souveraineté et on l'a; c'est le Grand soir. Ce que nous dit la géopolitique c'est que la politique n'est pas affaire de Rationnel mais bien de Relationnel: la politique est affaire de rapport de force qui se vit de manière continue, cependant avec des moment de ruptures qu'il faut savoir provoquer. Même à l'intérieur du fédéralisme cette proposition de Constitution établit un rapport de force avec Ottawa qui, est pour une rare fois favorable au Québec, et qui instaure une dynamique qui peut mener à la souveraineté sans grand péril.
    M Lisée défend avec vigueur une proposition qui a de multiple avantages pour la cause de la souveraineté, il s'agit de savoir apprécié. et la géopolitique peut nous être très utile à cet égard.
    J'ai fais une expérience heureuse par la découverte (sur Vigile) des travaux de M Sauvé portant sur la géopolitique, cela m' a permis de me faire une idée sur la portée que pourrait avoir la proposition d,un Constitution comprenant 3 volets: Charte des droits, Laïcité, Citoyenneté. Un mois avant le dépôt de la proposition de Mme Pauline Marois, j'ai commis un texte d'opinion sur le sujet. Je pense humblement qu'il a prit de la pertinence depuis: http://www.vigile.net/Entre-le-nous-et-le-mou
    Jean Claude Pomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    12 décembre 2007

    Très juste M. Hogan. Les petits péquistes frustrés de ne pas être eux-même sous les projecteurs devraient plutôt se réjouir de compter un intellectuel de cette envergure dans leurs rangs. Ces mêmes militants qui disent se battre pour les intérêts supérieurs de la nation deviennent vite sourds aux avancées proposées par plus grand qu'eux tant ils sont obnubilés par leurs propres pépiements.