L'industrie forestière est en difficulté, soit. Il s'agit d'une industrie cyclique dont le produit sert à fabriquer du papier ou à construire des maisons. Après le boom fantastique des dernières années, il était prévisible que la demande connaisse un ralentissement marqué, et ce, malgré l'entrée en vigueur d'une nouvelle entente sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis. Puis il y a la valeur du dollar et la rareté du bois qu'il faut aller couper de plus en plus loin à cause de la surexploitation des trente dernières années.
Il est donc normal que les compagnies ferment des installations qui fonctionnent à la moitié de leur capacité, en commençant par celles qui n'ont pas été modernisées.
Cela dit, on peut quand même se poser des questions sur la simultanéité de ces décisions et sur les sorties publiques de leur association, dirigée par l'ancien ministre Guy Chevrette, à la veille d'élections générales au Québec. Autant de fermetures permanentes ou temporaires en si peu de temps, il y a matière à enquête de la part du Bureau canadien de la concurrence pour vérifier si elles ne sont pas le fruit d'une collusion entre les entreprises.
Dans son budget du printemps dernier, le gouvernement Charest annonçait des mesures totalisant un milliard de dollars sous forme de garanties de prêts. Or ce que veut l'industrie, c'est de l'argent sonnant. Alors, à Québec, on s'apprête à se montrer plus généreux. Cela suffira-t-il pour ramener des emplois? Non, puisque, de toute façon, il y a trop de scieries.
Du côté de l'opposition, on se dit tout aussi sensible aux sorties de l'industrie, qui se plaint de ses coûts élevés. La semaine dernière, le chef, André Boisclair, promettait qu'une fois élu, son gouvernement aiderait à la modernisation des installations (celles qui restent) et transmettrait aux contribuables la partie des coûts d'exploitation que Guy Chevrette appelle des «normes bureaucratiques», telles la construction des chemins forestiers et la protection des incendies de forêt. Comme si c'était à l'État de payer pour ça!
Tout cela sent mauvais. L'industrie fait face à des difficultés reliées à la nature cyclique du secteur où elle intervient et à ses propres pratiques antérieures. Même en lui versant des centaines de millions en aide publique, on ne fera que contribuer à un processus de modernisation inévitable... et à la remontée de l'action et du dividende versé par ces grandes sociétés à leurs actionnaires. Si les usines qui ferment étaient en ville, comme c'est le cas pour le textile et le vêtement, elles ne pourraient s'attendre à rien.
Voilà qui aide à comprendre pourquoi un ancien ministre a été embauché à la direction d'une association; pourquoi des politiciens sont aussi empressés de promettre autant à des sociétés qui, en bons capitalistes qu'elles sont, prendraient les mêmes mesures de rationalisation pour retrouver le chemin de la rentabilité, avec ou sans aide publique
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